ÉPOQUE DES DOUANES FRANÇAISES
A l’issue de la période de la guerre 1939-45, la famille Arpin s’ était réfugiée à Val d’Isère. Le bâtiment du Val Joli avait subi de nombreux dégâts aussi dans son aspect extérieur que dans l’agencement des pièces à l’intérieur. Les allemands s’en étaient emparés, puis les italiens en firent le poste de commandement.
Des travaux furent entrepris par le Ministère de la Reconstruction chargé en particulier de réparer les dommages de guerre.
Les douanes françaises cherchaient un local plus grand que celui qui existait à Morzine qui ne comportait pas de logement pour les douaniers et leur famille mais aussi par ce bâtiment vétuste n’était chauffé qu’avec des poêles à sciure.
Dans le cadre des recherches Maurice Faure, directeur régional des douanes à Chambéry eut l’occasion de rencontrer Armand Empereur, conseiller général du canton de Bourg saint Maurice mais aussi Célestin Freppaz, Maire de Séez : en 1952 l’Administration devenait acquéreur du « val joli » qui désormais sera le siège « DOUANES FRANCAISES » apposées en lettres élégantes sur le fronton de l’immeuble.
Ainsi « Saint Mathieu » patron des douaniers rejoignait « Sainte Brigitte » patronne du village de Villard Dessus.
Le 1 novembre 1953, « dans l’intérêt du service » Pierre Emin, instructeur brigadier chef des douanes se voit donc muter de Morzine à Séez, au pied du col du Petit Saint Bernard au nouveau bâtiment flambant neuf de Val Joli :
des « DOUANES FRANÇAISES ».
Pierre dés son arrivée sur une journée magnifique avait comme instructeur Luc Valomy qui s’installera dans « l’annexe » et comme cuisinier il pourra compter sur les services de Goy André. « nous avions le chauffage central ! »
L’ouverture de ce bâtiment avait une vocation bien ciblée. Il devenait le centre d’entraînement des douaniers au titre de la pratique du ski alpin et de fond.
Dés le début un stage d’entraînement a été organisé afin de préparer le « Tournoi des cinq Nations des Douanes » la course à pied se déroulait à Vulmix alors que le ski de fond se pratiquait le long de l’Isère à Séez. Les épreuves devaient se dérouler en 1954 au Revard. Les chambres étaient pleines de fondeurs de toute la France. « je me souviens de Jean Mercier et son frère Gilbert mais aussi de Francis qui avait quitté son travail à la salle des ventes de l’hôtel Drouot pour nous rejoindre ! Il y avait aussi les jurassiens André Buffard et ce sacré Lamy-Quique. Ils étaient sous les ordres de l’officier Bert qui n’y connaissait pas grand chose ! » se rappellera Pierre.
Val Joli servait aussi à la formation des douaniers. En effet les Douanes françaises manquaient cruellement d’effectifs. Ainsi dés que les jeunes étaient enrôlés ils passaient obligatoirement des stages à Séez . Il n’était pas question que les douaniers restent dans les villages à ne rien faire pour ne pas savoir skier. Aussi l’équipe des douaniers en poste comportait un conducteur de jeep, un certain Ducret alors que Georges Curtet était chargé de l’habillement, de l’entretien des skis surtout pour visser les carres.
« Le matin systématiquement nous avions culture physique, au pas cadencé…puis la séance se terminait par la montée des couleurs dans la cour arrière ! » C’était Jean Lecann, un breton, qui assurait le protocole au titre d’officier d’encadrement « un dur…ancien prisonnier de guerre ! »
En 1954, grâce à nos 47 chambres individuelles, 3 stages de formation de douaniers skieurs ont été organisés. Un 2éme pour des douaniers skieurs confirmés. En février ( l’époque les vacances de février n’existaient pas !) nous avons vu arriver pour la première fois des douaniers pyrénéens. Ils mettaient leur béret pas comme nous et ne s’éloignaient jamais de leur gourde. .qu’est ce qu’ils chantaient bien ! »
Durant les vacances d’hiver Val Joli accueillait les enfants des colonies de vacances des services sociaux des Finances
Par grand temps les douaniers partaient à la Rosière. Le déplacement se faisait en peaux de phoque à partir de la forêt des écudets pour prendre la direction de « Planardin » et du « Belvédère » C’est à cet endroit d’ailleurs que sera installé le premier fil neige qui sera ensuite cédé au Sli Club de Séez sur une longueur de 200 m . A l’époque la route principale n’était déneigée que jusqu’au Noyeray. « C’est Ducret avec sa jeep et une étrave construite avec lui et EDF qui faisait la trace…jusqu’à chez Mr Perret ..on lui portait de temps en temps le pain…les repas tirés de nos sacs étaient réchauffés sur son poêle à bois.
Une équipe de compétition en corporatif 1955-57 était composée de Gaidet Esther, Grand Noël, Debernard Jean-Claude et Armand Bertrand. C’était tous d’excellents moniteurs mais aussi classés comme skieurs de haut niveau.
Dans nos rangs il y avait Cerisey Daniel du Breuil Alain Vast de Longefoy. Il y a eu même des noms évocateurs comme douaniers avec Jean Claude Killy et surtout Béranger.
Les stations de Val d’Isère et de Tignes avaient organisé le Tournoi des cinq Nations des douaniers en 1969 grâce à la détermination du Maire à l’époque : Noël Machet
LA VIE AU QUOTIDIEN
Plus tard la cuisine sera assurée par Marie Louise Pugin, veuve de douanier, aidée dans ses tâches par des agents détachés de Bourg saint Maurice. Cette auxiliaire de service assurera son travail avec beaucoup d’application et de dévouement avec son sens aigu quant à l’économie…Elle était quelque peu chahutée avec son sempiternel « Parmentier » qui était en fait une belle manière d’accommoder les restes et ainsi effacer tout le gaspillage éventuel.
Pendant ce temps, l’hiver était consacré parfois à la mise en place de stages de secourisme avec un travail particulier suant au sauvetage avec l’utilisation du fameux traîneau inventé par le Colonel Pourchier et dont le nom a été employé pour dénommer ce traîneau révolutionnaire. Des stages der brevet de randonneurs étaient également programmés.
Le magasin était tenu par Jean Noël Antonini. Il avait fait installé une poulie au niveau de la sous pente afin d’accéder à ses locaux.
Durant l’année 1954 la Rosière a été le site retenu afin d’organiser des courses divisions-direction ou se retrouvaient les anciens et les nouveaux douaniers.
Val Joli était devenu un véritable Centre National de ski des Douanes françaises avec des moniteurs renommés comme Emile Merendet et Fournier Michel.
L’environnement était remarquable et des stages d’oxygénation étaient organisés et initiés par le directeur des douanes René Gallice. En effet il y a eu des séjours de convalescences pour ces chauffeurs de poids lourds qui avaient leurs bronches encombrées de plomb.
LE TEMPS DES DOUANES EN ÉTÉ
Dés que le printemps annonçait ses belles couleurs, les stages se terminaient. Les douaniers reprenaient leurs fonctions multiples et variées.
Les missions restaient ciblées au contrôle des véhicules à la frontière au col du petit St Bernard. Un bâtiment avait été construit pour abriter le poste de contrôle, avec cette nouvelle frontière italienne redéfinie en 1947. Contrôles également des marchandises et également du bétail.
Les douaniers disposaient également de l’aubette de contrôle, qui est cette petite construction arrondie qui encore aujourd’hui existe.
UNE ÉPOQUE SE TERMINE
Jusqu’en 1975 LES DOUANES FRANÇAISES portaient très haut les valeurs et la renommée de cet établissement. Ensuite on a pu assister à la réduction des crédits.
Le bâtiment n’est plus aux normes, la douane n’est plus ce qu’elle était et l’organisation ne correspondait plus aux nouveaux besoins, aux nouvelles orientations…l’espace Schengen pointait son nez.
Un « popotier » seul est resté quelques temps comme un gardien de ce temple qui avait tant rêvé tous ces champions. En 1963-64 un officier des douanes de Briançon Louis Schmitt, moniteur national de ski, a été chargé de régler les affaires courantes et de voir ce bâtiment remis aux Domaines.
Pierre Emin prendra sa retraite en 1981...
Pierre VILLENEUVE