Marcel PAILLEX, les éclaireurs et les carabiniéri ! |
la magnificence de ces impressionnantes gerbes de neige ! |
La jonction entre la DDE et l'ANAS |
Une équipe soudée ! |
Une hauteur de neige impressionnante !
Marcel PAILLEX, ! un lien Franco-italien, au volant de sa fraise !
Depuis quelques jours Marcel sentait bien qu'il allait falloir partir déneiger le col du Petit Saint Bernard. Chef d'Equipe Principal à la DDE, employé sur ces routes de France de 1970 - 2002, Marcel, avec ses éclaireurs, étaient prêts en ce dernier dimanche de mai, afin de déneiger la route du Col du Petit Saint Bernard. " Il faudra que le col soit ouvert entre les fêtes de l'Ascension et de Pentecôte!" s'étaient ils engagés !.
Dés 5 heures du matin, la machine s'aventurait dans les lacets du col. Après avoir dépassé l'embranchement avec Montvalezan, traversé La Rosière, la hauteur de la neige atteignait prés de 3 mètres.
" Les deux éclaireurs, équipés de quelques "brottes" tirés des Arcosses, connaissaient comme moi le tracé de la route. De loin en loin on apercevait les balises de 6 m. de haut ! La sonde tapait sur la glace, repérait la terre ferme ! Il suffisait d'écouter le bruit transmis dans la sonde et ses vibrations pour situer le lieu de passage de la fraise ! " Confiera Marcel tout en feuilletant son album photos !
" Plus ils avançaient et plus la couche était dense, épaisse, compacte ! " Nous procédions par étage. Impossible d'attaquer le déneigement au ras de la chaussée ! Nous savions que la route mesurait 6 m de large. Les éclaireurs, mais moi aussi, je me tenais obligatoirement côté amont de la chaussée, quasiment le plus prés possible de la montagne ! Il fallait attaquer le déneigement du plus haut au plus bas ! " La fraise à chenilles mordait impassible les murs de neige dont la hauteur pouvait atteindre plus de 9 m !
Un sentiment étrange de bonheur, d'émotion et d'humilité
Parfois il fallait s'arrêter, arrêter le moteur, écoute le silence du col, tenter de tracer des yeux, du regard, comprendre les pleins et les déliés de la sinuosité de la trace ! "*
Nous savions que ce travail, fierté de notre devoir çà accomplir, allait se dérouler sur une période de 15 jours ! " Parfois ,à quelques centimètres prés, nous affleurions les limites du versant ! " Les mots étaient superflus, la confiance était dans notre savoir faire, avec les éclaireurs nous nous connaissions, à chacun sa responsabilité, avec les yeux tournés vers l'hospice du col du Petit Saint Bernard.
" Je me souviens de Mr Chanou, superviseur du déneigement côté italien. Un chef remarquable, qui lui aussi guettait notre progression. " Un jour, face à la hauteur des congères, nous sommes partis , les deux éclaireurs et moi, avec notre sac à dos bourré de poussière de charbon ! Après des heures de marche et de la neige jusqu'aux genoux, nous saupoudrions la neige de cette poudre noire afin d'accélérer la fonte de la neige !... " on terraillai !" l'épaisseur était telle que nous avions pris quelques retards pour ouvrir à la Pentecôte !
Enfin le macadam se déroulait comme un tapis !" Nous sommes à 100 mètres de la Frontière. ! Nous nous mettions d'accord avec les italiens pour faire sauter le bouchon sur la ligne séparant nos deux pays qui allaient permettre l'accès de juin à novembre ! "
Le déneigement du Col du Petit Saint Bernard ?
Une bien belle connivence franco - italienne !
Pour le dernier jour avant l'ouverture, nous avions instauré la coutume de " casser la croûte à l'heure de voir se joindre nos deux fraises !" Nous portions le pain de SEEZ, de la tomme et du Beaufort et les italiens apportaient des côtelettes, les barbecues et "la pasta chute " mais aussi et raisonnablement de " la grappa" Ainsi au large des yeux remplies de joie mais aussi de cernes, les "cantoniéri" de l'ANAS et nous les représentants de la DDE échangions notre satisfaction au droit de la douane italienne à côté de chez MENNEL !
La satisfaction était aussi de mise avec les "carabiniéri" qui allaient prendre possession des locaux de la Douane italienne, alors que la Douane Française allait s'installer au chalet à la sortie de la station de la Rosière ! les contrôles pouvaient s'accomplir en présence des représentants italiens mais aussi d'Albert Martin et après Marcel Gaimard, Maires à l'époque , de Bourg Saint Maurice.
Les premières voitures immatriculées de Val D'Aoste et des 73 commençaient à emprunter le col, quelques motards étaient frigorifiés alors que les cyclistes attendaient des jours meilleurs !
Il fallait redescendre et longer ces murs de neige, fiers d'avoir accompli cette entaille et d'admirer nos belles tranches " couleur merengue !"
Pierre VILLENEUVE