Mais au fait ...qui étais tu donc Roger ? |
Roger et son inséparable four à pain ! |
Comme des immortelles dans son jardin ! |
Un paysage lunaire, étrange devant la maison ! |
Puisque c'était la volonté de Christiane son épouse et sa famille, nous avons tenu a respecter de ne rien diffuser alors que Roger rendait son dernier souffle à Longefoy, auprès de ses arbres.
Son parcours est un long chemin au plus prés de la nature, de la forêt. Il avait une autre vision, peut être une vision céleste de ce qui se vivait entre ciel et terre. Ah cette terre qu'il chérissait, ces traditions qu'il entretenait, ces gestes qu'il transmettait, cette lecture des essences des arbres, ces instantanés de la forme, de l'écorce.
Roger savait ! Roger appréhendait ! Roger avait assurément un temps d'avance sur nous ! Roger avait un épiderme sensible aux mouvements ! Roger avait l'intuition de la source, il en connaissait ses veines ! Roger avait ses artères en communion avec le jaillissement des formes
Artisan ! Artiste ! rassembleur ! puits de conseils et de sciences ! il a su, au travers de l'association" BCBC " permettre à tout un chacun de s'élever avec son cœur, son, corps, ses mains et donner de la puissance au savoir faire !
La dernière fois qu'il a accepté de nous mener, récemment, sur ce chemin de vie, pendule à la main, il y avait de la puissance dans ce fil à plomb incontrôlable, dans les pentes , la combe du petit saint Bernard, au droit de la Chapelle de N.D. de Liesse.
Savez vous que le soleil d'hiver revient, à Longefoy, le 11 janvier de chaque année ?
Roger est donc parti alors que les premiers rayons de soleil allaient atteindre les poutres de sa maison...Il y a des 11 janvier où le hasard n'existe pas !
Comment parler de Roger ?
Nous avons choisi de publier le dernier article qu'il avait accepté d'écrire ensemble en 2012 :
ÉVOCATION
SEEZ -
LONGEFOY :
LE PAYS OU L 'ÉCLIPSE SOLAIRE DURE 42 JOURS !
Ponctuellement, dés le 1° décembre, le soleil quitte le village de Longefoy et de replier ses ailes sinon ses rayons vers d'autres cieux. Ce départ millénaire en ce 1° décembre durera 42 jours. " Il nous faudra attendre le 12 janvier prochain, afin que vers 11 h 35, le soleil réapparaisse, sur le haut des cimes de la forêt de Viclaire, mais que durant 5 minutes !" nous avouera Roger Berthet.
Le mystère des ombres, l'angoisse des formes
Ainsi durant toute cette période, Roger s'incline devant cette retraite solaire. " Nous entrons durant ces 42 jours comme dans une période monastique !" Le poêle à bois, donne derrière les vitres du foyer, une autre lumière, Les braises remplace la puissance de feu de ce ciel embrumé. Méditation, repli sur soi même, évocation du temps, rappel que cette traversée de longefoy, était un lieu de passage millénaire ou toutes les civilisations extra continentales sont passés sur le pas de sa porte " pour aller de l'Orient à l'Occident !". Une transhumance inter générationnelle des romains aux celtes !
Ce couloir est comme une invitation à lire dans la pierre.
"Le hasard n'existant pas, il nous appartient de ne pas déplacer ces pierres émettrices d'ondes. C'est le GPS avant l'heure ! véritable table de lecture, repères, pose géométrique, cohérence des positions. L'homme ne sait rien, même s'il croit tout savoir !" Roger du fond de son regard puise dans le passé !
Ne touchez pas à la pierre : elle est pieu, repère, relais
dans 8 jours l'astre reviendra. Pourtant il sait que la lecture du temps passe par ce regard porté vers les astres, les chemins de Compostelle, la voie lactée. La luminosité, le sens des vents, les couleurs du matin, les aquarelles du soir, les pastels des coloriages des arbres, le bruit du ruisseau, le chant des oiseaux! tout est à notre portée afin de comprendre la nature ! Gardons précieusement l'intelligence manuelle qui a construit ce monde. Sachons comprendre l'alchimie des matières! Ne vous éloignez pas de la trace du temps ! Mais au fait avons nous 3.000 ans d'avance ou 300.000 ans de retard ?
Il faut voyager à la baguette
Roger regagnait les zones d'ombres, il s'enveloppait de ce mystère qui l'habite, de ce soleil et son éclipse qu'il considère comme l'essence même de rester rural.
Rester Rural ? C'est observer, sentir, voir, regarder, lire le ciel, savoir deviner les messages des vents, c'est suivre les grandes arabesques des nuages, se fondre dans les couleurs de la colère des cieux, c'est ouvrir le grand registre des tons, des couleurs, des mélanges subtils...sentir le temps c'est vivre en harmonie avec cette nature qui, elle, ne ment pas !
Roger devait monter quelques bûches, donner de la puissance à son feu, "cet ami qui vous fait du bien, ce compagnon de l'ombre"...en attendant les soleils de LONGEFOY !
Pierre VILLENEUVE