Depuis l’été dernier Gérard Payot, mais aussi Raymonde prenaient soin de bien nourrir, l’hiver durant, leurs douces et attachantes chèvres, mais aussi de donner du bon foin aux lapins chouchoutés par Raymonde « mais aussi le cochon d’Inde »
« Vous savez, ici on est dans la pente, nos anciens avaient cette force de porter les barillons, ils avaient des tarines dans l’étable et devaient, de ça en là, transporter les foins dans la grange sinon dans le grenier. Le foin était une nouvelle foi remué, il était tassé et parfois présentait de la fermentation.
Gérard venait d’inventer la mangeuse de foin
J’ai composé une boite pour contenir une botte de foin. C’est une sorte de caisse que je verrouille avec des clapets. A l’intérieur je dispose les ficelles bloquées avec deux cailloux qui viendront maintenir la ficelle au fond de la botte..A la fin il me suffira de nouer les deux bouts de ficelle ! »
Raymonde ramassait le fourrage, avec son râteau en bois tout en faisant des boucles à chaque andain. « En effet quand je garnis la boîte, afin que la botte se maintienne, les boucles du foin vont caler, emprisonner les senteurs, les fleurs, les feuilles, les tiges de ce foin excellent : Chaque botte pèse 8 kg environ. Ce foin emballé n’est pas tassé et garde tous ses arômes, ses parfums et la puissance de ses essences, il n’y a aucune risque de moisissure ! »
Une fois la mangeuse gorgée du foin coupé à la faux et séché aux soleils de la tour du Châtelard, Gérard referme son invention d’un couvercle tasseur qui va permettre de ficeler la botte ainsi constituée.
La brassée pique les bras, mais ça fait bouger les muscles
La chienne « Duchesse » observait cette nouvelle invention de Gérard. Le rythme était en fonction de l’envie. Raymonde ne perdait pas une brassée, Gérard essuyait de temps en temps son front, d’un revers de main, sous un marcel des plus authentiques évidemment couleur bleu marine.
Les bottes de foin s’alignaient le long du chemin, vous savez ce chemin des petits bonheurs !
Pierre VILLENEUVE