lundi 15 juillet 2019

PAPA ! ET SI COMME AVANT ON REPRENAIT UN MULET ?

.DES ÉCHINES AU REPLATET,
       UNE TRANSHUMANCE TOUS LES 6 MOIS
                                       MAIS PAS SANS LE MULET !

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Francis UTILLE - Le Replatet
Anna Grand épouse Utille - 1938 -  Echines Dessous

Simone Sansoz née Utille et Bernadette Utille - Les Echines Dessous

La Saint Antoine 1984 -  Léon Pugin et Louis Gaaimard


Mulet de Louis Gaimard et Léon Pugin
La Saint Antoine en 1988
Maurice Capuçon chez le maréchal ferrant, avec son mulet.
Utille Francis et son épouse Anna Grand, s’affairaient à cette sempiternelle ritournelle d exploiter tous les sis mois les prairies des Echines et celles du Replatet sur la Rosière. En effet l ’exploitation des terres était telle qu’il fallait se déplacer, d’un site à l’autre mais pas sans le mulet, que tout le monde appelait «  bijou ».
                           Le Mulet !
Le mulet pouvait porter le poids colossal de 180 kg. Dans les descentes on le freinait en le retenant par la queue. Son utilisation était très économique et il était toujours disponible. De l ’emmontagnée à la démontagnée, toute la famille suivait le mulet en tête tenu par Francis. Cette montée était accompagnée des poules, le chaudron, la victuaille, les vêtements, les enfants s’amusaient à tirer la queue du mulet pour suivre cette bien émouvante caravane, « sans jamais toucher aux batsoules », Francis ne quittait pas l’attelage de sa main, surveillant  le «  bridon »,  « Ainsi avec « bijou » Francis et Anna regagnaient le chalet au « Le Perthuis » en fonction des saisons. Là haut en alpage à prés de 2000 m d’altitude, ils fabriquaient du « gruyère » avec la fruitière. « Ils avaient 7 à 9 vaches afin d’aller «  manger le foin » quand ils montaient fin juin. » Précisera Simone Sansoz et de poursuivre « la pesée s’effectuait le 15 aout ! »
                                            La descente à Bourg Saint Maurice
Pourtant le samedi il fallait bien descendre dans la vallée et se rendre au marché traditionnel. Le mulet faisait parti du voyage et regagnait à l’arrivée le Pré de Foire, prés du bachal « parfois papa allait voir le maréchal Ferrand à Séez, là où se situe aujourd’hui l’espace St Éloi, prés de chez Mr Marguerettaz, pour faire ferrer le mulet » . Là, Francis et Anna faisaient leurs courses surtout en gros pain. Francis retrouvait ses amis et partageait de bons moments avec un peu d’absinthe versée sur ces cuillères d’un autre temps, Anna parlait chiffons, couture, achetait quelques coupons, des aguilles, du fil, au colporteur venu d’Italie afin de « pétasser » à la veillée, Tout en remontant le soir, il fallait traverser l’Arpette et charger un tonnelet de vin de chez David.
                                                  Un rythme ancestral de tous les matins
Au retour il fallait soigner les bêtes, enlever le fumier que  les enfants
«  Bennaient ». Anna préparait cette fameuse soupe, Francis s’appliquait à confectionner les barillons et de les transporter à l’abri sous la grange, parfois avec les enfants il fallait ramasser du bois de chauffage dans ces endroits bien pentus. Quand il y avait de la neige, le mulet était équipé d’une étrave afin de tracer le chemin, le sentier et de nous permettre d’aller et venir sans encombre.
                    
Il ne fallait manquer sous aucun prétexte la SAINT ANTOINE

En effet le 17 JANVIER, les traditions et us et coutumes, prenaient le dessus sur le travail. Il fallait atteler le mulet et le décorer afin d’aller chercher Monsieur Le curé à Bourg Saint Maurice., parfois le Maire assistait à la cérémonie. . Après la messe et la bénédiction des mulets, un repas en famille était servi, avec des farçons, des boules de Verdun, des cochonnailles que chacun apportait. Au dessert la gourmandise était les œufs à la neige, des bugnes. La barrique de vin était à portée de verre. A la fin du repas les mulets s’agitaient avec leurs grelots alors que les enfants jouaient, tout en faisant des rondes bien émouvantes..
                                               Retour aux «  bouillus »
Les lampions s’éteignaient un par un, les lumières laissaient la place à l’obscurité, il fallait remonter aux « bouillus » sorte de petit chalet rudimentaire se situant vers 2500 m d’altitude. Les histoires allaient bon train sur le chemin du retour, le mulet transportant les enfants déjà endormis grimpait avec la même ardeur, la fraicheur accompagnait cette longue caravane, il était temps d’allumer le cantou, et de retrouver, dans des sommeils profonds, ces rêves  réparateurs d’une bien belle journée.

Pierre VILLENEUVE
(Remerciements à toutes celles et ceux qui ont fait parvenir leurs photos, remerciements appuyés à Simone Sansoz des Echines Dessous.      



Guy ARNAUD et son mulet lors du tournage de LA TRACE