9 FÉVRIER 2011 - 9 FÉVRIER 2024 - CHRISTIAN ANSERMIN NOUS QUITTAIT, IL Y A 13 ANS !
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Alors que l’hiver n’en finit pas de ses flocons, alors que chaque jour nous apporte son lot d’espérance de quelques minutes de clarté en plus, alors que sous la terre, frémit, déjà les bulbes précoces annonciateurs, à moins de 50 jours, d’un nouveau printemps, alors que les abeilles de leurs ailes se frottent les yeux, à l’heure où le soleil implore les nuages de laisser passer ses rayons réparateurs, le temps est venu pour Colette, Jean-Pierre, Jérémy, Emmanuelle, Cyril et la petite Lise de former ce cercle afin d’aller à la rencontre de Christian.
Une douleur apaisée, un amour grandissant
Le chemin se mérite prés de cette paroi, face à cette glace, au plus prés de sa passion…Là où cette corde n’est plu, là où ce mousqueton l’a soutenu, là où la montagne a été son complice de toute son affection. Inutile de se parler, les mots n’ont aucune dimension face à cette douleur lancinante. En ce mardi matin 9 février, le rendez vous est pris et assurément Christian attend cette randonnée de l’espoir, ce parcours du cœur, cette caravane de tous les amours. » il va même retrouver ses ami(e)s et ses copains/copines »
Dans le couloir le sac à dos n’en peut plus, les bâtons et les raquettes s’entre mêlent, une bise, comme un souffle étrange s’échappe de la chambre de Christian quasiment intacte, une poutrelle se plaint, l’escalier de meunier craque. Pourtant il faut bien que ce compte à rebours s’écoule, trop vite ? Trop doucement ?
Christian est parmi nous
Dans leur maison « tantôt on va bien..Tantôt ça va pas.. ! » Il faut apprendre à vivre avec...sans… il nous donne de la force...alors on avance …Il est là, ici c’est sa place, là ses habitudes…Toujours, présent, toujours discret, toujours aimant, sans s’éloigner de son casque de pompier. Dans l’insert le feu consume le temps, les regards se parlent, les yeux n’ont plus besoin de rimmel, l’humain l’emporte. Lise s’approche, ses boucles sont le refuge de ces mains qui, souvent, parfois, toujours n’en peuvent plus de caresses, de tendresse. Un apaisement en continu…l’enfant a ses miracles, puits profond de calme.
Mardi 9 février la colonne va donc se dérouler sur cette route des Veys. Colette, Jean-Pierre, Jérémy, Emmanuelle, Cyril et la petite Lise vont former ce cercle, fort, solidaire, telle cette corde, afin de se serrer très fort dans cet ultime étreinte de cette famille courageuse.
Une paroi, un mur de glace, une croix, un Cairn
Viendront ensuite, toutes celles et ceux qui souhaiteront accompagner cette marche vers cette paroi, vers ce glacier, viendra le temps des pensées, des yeux, des regards, au-delà des mots, la présence, ces odeurs rassurantes et de s’accomplir sur les traces de Christian, veilleur de nuit de tous nos rêves.Déjà à l’approche des Veys, les ruches bleus viendront coloriser l’environnement, la montagne sera dure, sévère, juste. Chacune et chacun l’affrontera, la regardera sans rancune, sans haine mais avec respect. Prés de la croix de bois patinée par le temps, le recueillement permettra de mesurer ses rides, ses plissures, de ces 10 années passées, sans rien ne jamais oublier.
Une petite bougie vacillait dans son pot tout de rouge vêtu prés du Cairn, et dansait dans les esprits de ce rassemblement fait de femmes et d’hommes au cœur vaillant de montagnards, ces proches, ces intimes dont les lèvres asséchées ne peuvent plus embrasser.
Bonjour Christian… tu es toujours aussi beau…Mais comme tu nous manques !
Des baisers affectueux s’envolaient dans la chaleur de la froidure, quelques larmes soulageaient les âmes…Ce n’est qu’un au revoir Christian… !
Pierre VILLENEUVE
texte écrit et paru lors de la disparition cruelle de Christian ...il y a 13 ans