Heureux…
celui qui a croisé, Louis,… sur son chemin !
De mémoire de montrigonais, Louis BEGUIN est né
d’un amour passionnel de ses parents Pascal et Espérance ! Espérance ?
…un prénom qui ne s’invente pas…plus
qu’un prénom, une véritable constellation se consommant sans modération. Ses
parents mèneront une vie exemplaire avec cette fureur, cette passion de vivre
et de fonder une famille… et quelle famille… puisque Louis deviendra l’ainé
d’une fratrie de cinq beaux enfants !
Louis va vivre, dans la pente des vergers de
Montrigon, une jeunesse, somme toute, faite de travaux saisonniers. De par son
socle de « chef de chœur » il va tracer ces sillons d’une vie faite
de travail, de don de soi, afin que la sueur, mais aussi les cals, au-delà des
rides et des plissures de la peau, fassent honneur à la famille. Pourtant Louis
ne se doutait pas qu’en naissant en 1927 il aurait 14 ans à l’heure de la drôle
de guerre. Bruits de bottes, bruits de canons, privations… Il sera un des
premiers, les armes à la main, afin que cette terre de France, ces montagnards
de Savoie, restent aux couleurs bleu blanc rouge ! Ainsi, Louis, ayant une
connaissance parfaite des plis, des raccourcis, des caches de « ses »
montagnes, sera un éclaireur des plus précieux, des plus précis dans le renseignement.
Fier de sa terre, il accomplira son service
militaire en Autriche « pas question de transiger avec les valeurs de la FRANCE ! » De
retour, libéré de ses obligations militaires, Louis reprendra son talent de
dessinateur industriel à Notre Dame de Briançon…20 ans durant il croquera ce
monde de ses rêves… ses montagnes qui, il faut bien l’avouer, lui appartiennent
quelque part.
Cette fièvre pour la pente, cette pulsion pour
l’aménagement raisonné «juste au dessus d’Hauteville-Gondon », cette envie
de construire une montagne habitée, vont le conduire à acheter un chalet
d’alpage à 1750 m…Face à la belle vallée de tarentaise !
Louis ? Celui qui ne savait avancer qu’en montant !
Ainsi, ce
visionnaire des Arcs, va ouvrir un bar en 1961 à l’arrivée des télésièges
reliant Bourg saint Maurice à Courbaton. Le précurseur venait d’accomplir ce
geste fort des premiers mots de station de ski….Ce bar, ce chalet deviendront
un petit hôtel avec 5 chambres, 2 dortoirs et des nuits sous la voûte des ciels
étoilés !
Louis est avide d’avancer, il sent bien qu’il se
passe quelque chose à arc 1600, comme un frémissement, comme une autre vie
qu’il perçoit au-delà du futur. Il a déjà, dans ses gênes, la pluriactivité
montagne qui le gagne ! Viendra le temps de la construction du, maintenant
célèbre, HOTEL BEGUIN.
Pour Louis, la boucle n’était pas bouclée et
siègera au conseil municipal de la capitale de la Haute-Tarentaise
aux côtés de Marcel GAIMARD. Sa vision du monde de demain appuiera sur le trait
du devenir des Arcs.
Louis ! Je me
souviens !
Souvenons-nous de Louis, bâtisseur de cette
station 3éme génération, retraité heureux ! Souvenons-nous de cet homme fait de respect,
de droiture ! Rappelons-nous de cet homme qui avait cette qualité ultime,
intime, de vous comprendre et de nous parler qu’avec son regard !
Celles et ceux qui ont eu cette chance, cette
joie d’accomplir un bout de chemin avec lui, garderont ce souvenir de Louis
« cet homme qui murmurait à l’oreille
de la montagne de l’Arc »…Sa complice de toujours…Qu’il a aimé par-dessus
tout et qu’il nous laisse en héritage, comme lui, pure, intacte, sincère,
authentique !
Le temps est venu de nous séparer Louis !
Toi montagne de l’Arc, toi la piste de la Cachette, vous les deux
têtes, toi… de Courbaton à Montrigon, emportez donc Louis vers sa dernière
demeure…Dans son dernier soupir… il nous a donné son amour pour la pente..
Faîtes le donc glisser dans ce paradis, nourrissez le de votre mansuétude et
donnez lui cette paix éternelle ! Faîtes donc lui, une place au milieu des
mille fleurs des alpages, puissent elles, être les plus paisibles, avant que ne
s’éveillent, au printemps prochain, edelweiss, lys martagon et gentianes.
Au revoir Louis !
..Salut
l’artiste !
Sous ce ciel immaculé, en ce jour de Noël… vous
avez pris un peu d’avance…puisque nous nous reverrons.. !
Pierre VILLENEUVE