Joël USANNAZ…enfant du Villard aux couleurs de France.
Le 24 avril 1938, venait au monde Joël Usannaz sur ce territoire dédié à la pente : La Côte d’ Aime prés du charmant hameau de Villard. Rompu aux travaux des champs, Joël était un enfant construit à cette dimension épousée à la montagne. Vivace, curieux, entreprenant, il avait quelque chose en lui qui le destinait à l’aventure. Ses armes ? Sa connaissance parfaite de tout ce qui l’entourait…même aujourd’hui ! Alerte, éveillé, aux aguets, sa capacité d’analyse et de précision en ont fait ce guerrier de tous les conflits.
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Enfant solide comme ces pieds de vigne accrochés à l’abri des murgets, Joël, après une scolarité somme toute normale aussi bien à la maternelle qu’au primaire, dés l’âge 14 ans troque la plume et l’encrier contre les outils. Ainsi il va parcourir les établis, les ateliers, du marteau au tournevis, de la varlope à la scie à ruban, de chez l’électricien Carret aux charpentes Bérard à Villette en passant par Tessens. Habile, leste, dégourdi il sera même chauffeur et d’alimenter les chantiers à l’heure où le permis de conduire n’était pas obligatoire. Cette saisonnalité il l’accomplira tel un colporteur de savoir, d’apprentissage, travaillera à la Mine de charbon d’ Aime, mais aussi et enfin à l’usine à Notre Dame de Briançon. « Il fallait apporter son argent gagné à la maman et au papa afin de vire, sinon de survivre ! »
Joël sera incorporé le 20 juin 1957 au 15°BCA
Fier de passer le conseil de révision avec les copains, Joël sera incorporé à Modane au 15°BCA. Heureux d’accomplir son devoir et d’effectuer son service militaire...Lieu exceptionnel où l’on devenait Homme ! « J’avais 19 ans ! Je ne savais pas que je partais pour longtemps ! » Après 4 mois de classe, Joël est repéré comme un tireur d’élite. II avait dans sa carrure, dans sa conception de la montagne, dans sa marche, dans sa capacité de résistance, dans sa force de porter des charges lourdes, le profil même du chasseur alpin, ne se plaignant jamais ! « j’avais accepté de me mesurer aux parcours du combattant et affiner cette spécificité reconnue comme tireur d’élite...Je me suis entrainé ! »
De Marseille à Alger
Joël embarquera pour l’Algérie à Marseille « dans un vieux rafiau d’Indochine qui allait accomplir sa dernière traversée ! » Arrivé à Alger il subira visites médicales et séries de piqûres avant de toucher son paquetage de prés de 18 kg..Direction TIZI OUZOU pour être enrôlé dans la 4° compagnie opérationnelle d’ AGOUNI GOURAN. Nommé caporal il deviendra chef d’un détachement de 5 hommes. « je devenais voltigeur, toujours devant, en permanence en tête, rien ne me faisait peur. Je savais que je me reconnaissais comme un guerrier, souvent inconscient du danger, il fallait avancer, il fallait accomplir les missions de maintien de l’ordre ! »… (silence..)
Je voulais me battre pour l’Honneur de la France !
Ainsi Joël verra son courage inscrit sur les tableaux d’Honneur. En ce 27 Février 1960 il accomplira l’impensable. Grâce à son sang froid, sa détermination, sa précision au tir, il sauvera son détachement et mettra fin aux velléités des assaillants (voir copie de la citation).
Décoré de la médaille commémorative du maintien de l’ordre « avec agrafe – Algérie », Titulaire de la Croix de la valeur militaire, Joël a reçu récemment la médaille militaire.
Aujourd’hui comme à son retour, Joël a gardé en lui cette sagesse. Il n’a jamais évoqué ces souffrances, ces angoisses, ces peurs, ces douleurs, ces faims, ces gorges taries de soif de vivre. Il garde en lui dans cet écrin d’humilité ses compagnons de combat, de Guerre, il évoque Capitaine Paroldi de la légion qui le commandait, il se souvient de ses 20 ans fêtés dans l’indifférence en Kabylie, il se souvient d’avoir porté les armes au Nom de la France.
Avant de quitter Joël qui devait refermer ses souvenirs et son album photos, nous avons lu, dans le fond de ses yeux, ces lumières encore brillantes qui courraient le long de ses cils embrumés, couleurs ..bleu-blanc-rouge.
Pierre VILLENEUVE
Joël UZANNAZ en ALGÉRIE |