LE HONGROIS QUI PARLAIT A L’OREILLE DU BŒUF GRIS DE HONGRIE !
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Au hasard d’une rencontre sur les berges de l’Isère, mes pas ont entendu la voix de « Bo ». Sous ses talons crissait ce gravier de tous les destins.
Les remous du torrent de l’Isère, dans les bleus éternels semblaient se confondre avec cette longue descente du Danube aux portes de Budapest.
« Bo », originaire de Mör, a ouvert grands ses yeux et de comprendre le grand mystère de la vie qui n’est autre qu’un voyage dans l’espace de cette terre résolument ronde, donc insaisissable !
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Oui ! Vous venez de comprendre que « Bo », n’est autre que cet Hongrois à la roulotte, qui depuis 14 ans traverse les cultures, les civilisations, va à la rencontre de l’autre pour apprendre, se nourrir dans les regards de ces gens de tous les destins. « Bo » va donc quitter la ferme de ses parents, entouré de ces bœufs gris de Hongrie, tirés des steppes hongroises « Magyar Szürke, de la race « szavasmartha ».
Très jeune « Bo » comprend le langage des animaux
Ainsi il va abandonner la notion de temps et va préférer les moments de la vie en errance. Dans ses « bagages » il y a cet outil de tous les gestes, ses mains ! Dans son sac à dos il y a une psychologie étonnante, dans sa tête la roulotte prend forme, dans ses murmures il y a son accordéon, dans ses poches retroussées..Point d’argent ! Dans ses rêves il doit chasser sa passion de berger sur les hauts plateaux hongrois de La Podolie « Puszla »…Il doit marcher sans cesse vers ces directions dictées par l’improvisation avec ce droit indéfectible …aller nulle part ! Là où l’on ne m’attend pas...seul… et cette conversation de tous les instants avec les animaux.
Emprunter ces voies, véritables coulées vertes : Je marche seul !
Ainsi de prairies en forêts, de montagnes en plaines, « Bo » est accompagné par Lorand qui a la même conception de l’aventure. Tous deux prélèvent leur nourriture au gré des produits de la nature. Parfois à l’heure d’un arrêt pour la nuit, le feu éclaire leurs cœurs, Le temps de fabriquer un objet, un couteau, et ainsi proposer un cadeau véritable mot de passe de l’amitié ! A l’heure de faire dormir les yeux, leurs deux chiens « titkar » et « Buksi » viennent former un cercle, tels des protecteurs et de partager cette chaleur qui apaise les cœurs.
Aller à la rencontre de l’inaccessible
« Bo » est un vrai philosophe. Il veut croiser ces gens un instant, capter du regard, saluer, parler sans rien changer à l’autre, dans le plus grand respect de soi même. Demain matin il y aura la traite d’une des deux vaches puisqu’ils sont végétariens. Ils emprunteront à la nature des plantes salades, des baies, fabriqueront du fromage, du pain sur ce trépied de toutes les cuisines. « Les plantes sont là pour nous soigner ».
Faire ce que l’on a envie de faire
« Le temps n’est ni à la peur, ni au doute, nos vacances commencent tous les matins. Il faut avoir confiance en soi, abandonner la notion du temps, de gagner de l’argent, par contre il faut être en perpétuel mouvement de la création, de l’invention de l’inspiration. »
« Ma vie est faîte de solutions, pas de problèmes ! »
Il fallait pourtant se séparer, les roues en bois de la roulotte grinçaient d’impatience, le bœuf gris hongrois était fier de ses cornes, les chiens tournaient en aboyant, l’attelage allait s’élancer, il fallait couper ce cordon De ce lien tissé ensemble, il fallait accepter de ne pas être triste, il fallait quitter nos regards, reprendre son chemin, voir s’éloigner la richesse de cette homme, bourré de qualité, rempli de mystère, attachant …Oui ? mais non ! il fallait se quitter afin que le chemin continue de tracer sa voie lactée au milieu de ces myriades d’étoiles …sans se retourner !
Salut l’artiste !
Pierre VILLENEUVE