INAUGURATION DU MONUMENT AUX MORTS DE BOURG SAINT MAURICE...
C ÉTAIT EN 1922...C ÉTAIT... IL Y A 98 ANS !
Ci dessous un article de 98 ans que j'ai trouvé au cours de mes recherches de généalogiques.
Ernest Lechat était mon Grand-père." témoignage de Michel Gaidet
BOURG-SAINT-MAURICE11/1922. —
L'inauguration du Monument aux Morts. —
De tous temps le souvenir des morts fut un culte, presque une religion. Depuis les temps les plus reculés, les morts sont l'objet du plus grand respect, du souvenir le plus cher, et l'honneur dont on les entoure a toujours été pour chacun le devoir le plus impérieux. Mais, si nous honorons ceux qui ne sont plus, si nous vénérons ceux nos chers disparus, quelqu 'ils soient, que ne devrions-nous pas dire alors et surtout que ne devrions-nous pas faire. lorsque nous pensons à ceux qui, loin de toute affection, sont tombés, terrassés par la balle ennemie ! Il n'est pas de mots assez forts pour évoquer leur gloire, pas plus qu'il n'est d'imagination assez 'puissante pour comprendre la grandeur de leur sacrifice. A ceux dont les croix de bois jalonnent le front de bataille, à ceux qui' sont morts des suites de blessures ou de maladies contractées pendant la. grande guerre.
Nous leur devons un tribut ; Reconnaissance, Souvenir !
La population boraine l'a si bien compris qu'elle a tenu à immortaliser le souvenir de ses Grands Morts par un superbe monument, qu'on a inauguré dimanche dernier.
A 10 heures du matin, M. Maurice Anxionnaz. maire, entouré de son conseil municipal au complet, reçoit les invités à l'Hôtel de Ville, dont la façade est ornée de drapeaux en berne. , . .
A 11 heures précises; la population tout entière et de nombreux étrangers venus des communes voisines — plus de 3.000 personnes avaient tenu à participer au cortège.
Après une section de chasseurs alpins en garnison dans notre ville, qui ouvrait la marche, venaient ensuite les écoles communales, l 'école libre, 'Orphelinat, l'Hospice, les sapeur-pompiers la société de gymnastique « L'Edelweiss », «L’Écho du Petit-St-Bernard», M. Maurice Ànxionnaz. maire de Bourg-St-Maurice. MM. Romanet, Perroux et Arpin, conseillers d'arrondissement; MM. les maires du canton: les officiers de la garnison; les fonctionnaires, le clergé en entier, les familles.des Morts l'Association des Mutilés et Anciens Combattants, les Vétérans des Armées- de Terre et de Mer. les membres de. la Colonie Italienne, la, brigade, de Gendarmerie, la Douane, la société de secours mutuels l' Équitable ». Une section de chasseurs alpins fermait le cortège. Toutes les sociétés étaient précédées de leur drapeau cravaté de deuil.
'Les commerçants, dans,une pieuse pensée, avaient tenu, pendant la cérémonie, à fermer leurs magasins . '
Le cortège s'ébranle dans le silence le plus recueilli — l' Écho du Petit-St-Bernard jouant des airs funèbres remonte la Grand- Rue pour se rendre au cimetière, défilant devant les restes sacrés de ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour la défense de la.Patrie. Au nom du conseil municipal,, une superbe couronne est déposée.
Le cortège qui s'est remis en marche,arrive devant le monument, qui-est érigé sur la place de la République. Le mausolée, qui est en granit, est à. la fois,sévère et grandiose. D'une pureté de ligne harmonieuse, il a le rare mérite de s'adapter au site. Sur les quatre faces: sont graves pour l'éternité les noms des 106 Borains morts pour la Patrie.-
Au faite de la pyramide de granit court une frise de lauriers en bronze qu'encadre les armes de Bourg-Saint Maurice Sur le socle,tient un chasseur: alpin à l'allure dégagée..Le monument est entouré d'un jardin que les.parents et les amis des Grands Morts avalent tenu à décorer. De nombreuses fleurs avaient été apportées et, parmi elles, les chrysanthèmes aux diverses couleurs dominaient.
« I' Écho du Petit St-Bernard » attaque la Marseillaise », que l'assistance écoute tête découverte.
A cet instant, des délégations des écoles laïques, de l'Association des Mutilés e des Anciens Combattants, des Vétérans, de la compagnie des sapeurs-pompiers de l' Équitable de la Fanfare, de l' Edelweiss », de la Colonie Italienne, déposent au pied du Monument de magnifiques gerbes de fleurs M; le Maire, au nom d« la. famille de l'aviateur Pailli, apporte une couronne d'œillets et de mimosas. Ce geste a vivement touché la- population. .
M. Maurice Anxionnaz se lève et, d'une voix émue, s'écrie : « Morts de Bourg-Saint-Maurice, nous allons procéder à l'appel de vos noms. Que votre souvenir plane sur nous et que votre pensée nous anime ».
"Mr Lechat Ernest - Un grand mutilé - s'avance et procède à l'appel des 106 borains "
Le 7ème bataillon. de chasseurs alpins répond, après le nom de chacun : « Mort pour la France.
L'émotion gagne tous les cœurs et bien des larmes coulent sur le visage de ceux qui ont perdu un des leurs pendant la grande guerre.
L'appel terminé, M. Maurice Anxionnaz, au nom de la municipalité. ouvre la série des discours. En termes choisis, notre premier magistrat rend un bel hommage à ses camarades qui ne sont pas revenus, .à ceux ayant sacrifié tout ce qu'ils avalent de plus cher afin que la France vive et prospère, il remet le monument, qui doit perpétuer à travers les âges l'héroïsme de nos Poilus, aux enfants des écoles, car il est sûr qu'il sera bien gardé. Il conclut par un vibrant «Haut, les cœurs!»pour la reconstruction de la. Patrie.
' M. Collomb Joseph, au nom de- l'Association des Mutilés et des Anciens Combattants, tient a saluer ses frères d'armes tombés à l'ennemi.
Il rappelle les départs enthousiastes, les souffrances endurées par ceux qui ne virent pas le soleil de la victoire — de cette victoire si chèrement acquise puisque, sur 400 Borains qui avaient répondu à l'appel sanglant de la mobilisation, 106 ont été fauchés par le vent meurtrier.
M. le commandant Tissot, du 7° bataillon de- chasseurs alpins, après avoir fait l'historique de la guerre, fait l'éloge du soldat savoyard, dont le patriotisme était si fervent. M. Le Baube — médaillé militaire, sous-préfet die Moutiers — prenant ensuite la parole au nom du Gouvernement, exalte les douloureux et nobles sacrifices consentis par les héros dont les noms glorieux sont gravés sur le monument qu'on inaugure. Il termine en faisant appel à l'Union sacrée pour la prospérité de notre Pays.
INTERVENTIONS & DISCOURS DES AUTORITÉS
C'est ensuite le tour de M. Antoine Borrel, député de la Savoie, sous la présidence de qui avait lieu l'inauguration. M. Borrel, conseiller général du canton qui a obtenu pendant les hostilités la médaille militaire et la Légion d'Honneur rend un bel hommage à ses camarades morts pour la France. Il a parlé avec son cœur, et l'a fait, avec son talent habituel avec sa conviction d'ancien combattant. Après avoir rappelé les heures sombres de la guerre et les souffrances des Poilus, il s'associe à la douleur des familles en deuil.
Pendant la cérémonie l' Écho du Petit St-Bernard » a exécuté «Les Girondins», «Le Chant du Départ», l'« Hymne aux Morts pour la Patrie », et les enfants des écoles laïques et M. Dardel ont chanté un morceau de circonstance. Après l'exécution de l'« Alsace et Lorraine »,la foule s'écoule lentement.. Puisse cette belle et. émouvante cérémonie rester gravée dans l'esprit et dans le cœur des Borains!. Puissent-ils se. rappeler à jamais que ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et pris.
Pierre VILLENEUVE
Ce texte est la copie intégrale de la cérémonie d'inauguration du monument aux morts qui s'est déroulée en novembre 1922 - Merci à Michel Gaidet de nous avoir permis à l'aube du 11 NOVEMBRE 2020 cette lecture émouvante, afin d'avoir une pensée forte à celles et ceux qui ont versé leur sang afin que VIVE LA FRANCE.
