IL FAUT SAUVER LES CAVES A FROMAGE EN ALTITUDE.
En cette période de mai à la Saint-Jean nous étions montés à la montagnette avec nos 4 vaches tarines. Elles étaient fières de leurs belles cornes en forme de lyre. Là haut, il y avait notre cave à fromages nous permettant de mettre au frais la traite du soir, rejointe le lendemain par la traite du matin et ainsi avoir une quantité de lait suffisante afin de préparer nos tommes sinon des petits fromages de Beaufort de 10 kg, notre beurre et enfin et enfin parfois garder le petit lait.
La cave à fromages était construite de grosses pierres sèches, de lauzes et était traversée par un filet d’eau se glissant dans un petit canal, suite à la dérivation du torrent tout proche, là où l’eau est à 4 à 6 degrés.LA HAUT ON PARLAIT LE PATOIS
« la bouriyi âta avoui l modzu ki buchè i ny ât bâ i ny ât è bâ.. »(ainsi disait les macôtais) et de nous expliquer le fonctionnement de la baratte : « la baratte haute avec le battoir qui tape de haut en bas ! » en faisant attention au « bourakïn » (du patois de Montvalezan : petit couvercle rond en bois de la baratte, percé d’un trou pour passer le manche, empêchant la crème de sortir lorsqu’on bat le beurre). Ma mère riait de voir notre regard. « Louis ce soir il faut « tirer » les vaches avant que le soleil ne tombe derrière la montagne !...Et…N’oublie pas le boutacul ! » ( ce siège en bois, avec un seul pied qui était attaché au droit de la ceinture et permettait de se déplacer de vache en vache, de traite en traite avec les mains libres )
ET MARGUERITE DE S’ADRESSER A LOUIS !
« Tu sais que demain on quitte la montagnette, il faut nous rendre au fruit commun, plus haut et regrouper nos vaches avec celles des autres, surtout avec nos amis de la Thuile de Vulmix. Là nous mettons nos traites en commun pour le ramassage du camion de lait de la Coopérative Laitière qui, elle, fabrique avec environ 400 litres de lait un Beaufort de 42 kg !La journée touchait à sa fin et Marguerite d’interpeler Louis… » t’a pas fini de boriater.. ? Et Louis de répliquer : « tu t’es pas vu, t’es un peu gayot !!!
(En Haute-Tarentaise il existait des vaches aux deux couleurs qu’on appelait des gayots..et parfois de bayardes… !! »
DESORMAIS VOUS RESPECTEREZ CES CAVES A FROMAGE
Il est très urgent d’intervenir afin que soient conservées ces caves à fromages : traces indélébiles de notre passé. Il faut, à n’importe quel prix, que des mesures de sauvegarde et conservatoire de cette architecture, soient prises afin que ne soit plus saccagées, pillées ces caves à fromages, pour être un témoignage du dur passé et donc une histoire. Les associations patrimoniales de Haute-Tarentaise doivent intervenir auprès des Pouvoirs Publics afin, qu’au détour de nos randonnées, nous puissions raconter ces fameuses histoires tout en BORIATANT !
Pierre VILLENEUVE
Merci infiniment à celles et ceux m'ayant aidé à monter ce sujet. Merci aussi à Simone, Marguerite et Louis pour leurs complicités.