La Cour d'Honneur de la Douane à Val Joli |
Mme PUGIN, cuisinière hors pair de Val Joli |
SEEZ
Il était une fois la tante Marie Puissant-Paganon épouse Ottin-Péquio
Marie était née en 1908, elle habitait Villard Dessus, sur les hauts de Séez. Elle avait tout juste 10 ans et la grande guerre de 1914-1918 s’achevait par la signature de l’armistice.
La famille Cosette, avait fait construire le « petit hôtel » au Val Joli dans les années 1890. Puis le nouveau propriétaire, un certain Olivier Arpin fit construite le « Grand Hôtel du Val Joli », mais aussi l’hôtel « Bellevarde » à Val d’Isère. Il en confia les travaux à Célestin Freppaz qui plus tard deviendra le fameux maire et conseiller général de Séez, plus connu également par ses engagements, sa détermination durant la guerre de 1939-1945 et par ses idées d’avant garde, encore classé de nos jours comme un visionnaire. N’ a t il pas passé de longues nuits, de nombreuses journées sur sa machine à écrire « Remington » et de nous laisser ainsi des traces indélébiles de ce passé qui, encore aujourd’hui , nous inspire le respect.
« L’auberge du Val Joli avait une très belle réputation, aussi bien dans le confort que dans l’accueil ! » précisera Paul Veilex neveu de tante Marie.
Mais au fait qui était donc cette tante Marie ?
Marie : l’incontournable, la sage !
Les temps étaient difficiles à Villard Dessus comme ailleurs. Aussi les produits de la ferme n’y suffisant pas, elle se plaçait comme femme de ménage à l‘auberge du val Joli.
Ainsi elle assurait tous les services de chambre à ces touristes qui venaient passer plus de 3 semaines de vacances dans cet hôtel dont la renommée était quasiment nationale. « Ici les touristes profitaient du paysage, du calme, de l’environnement. Ils allaient à la rencontre de la nature mais aussi des habitants et des divers métiers. Aucun n’avait envie de s’éloigner de ce panorama qui reste encore aujourd’hui exceptionnel dés que l’on rejoint les balcons d’antan !
Les soirées à l’auberge du val Joli étaient à l’époque très prisées. En effet Emile Arpin pére d’Olivier Arpin, était un conteur hors du commun qui avait ce don venu du ciel ou d’autre part, de raconter les fabuleuses histoires de cette vie locale très pastorale riche en évènements et en anecdotes les plus piquantes, aussi originales qu’insolites. Homme orchestre, chansons des gestes, n’était il pas ce troubadour sorti de quelques lampes d’Aladin sinon évadé d’une grange à foin ou d’un alpage qui n’existait nulle part ailleurs ? Un phénomène certes dont l’instruction était reconnue et qui savait, au détour des chemins, des veillées ou de certaines rencontres, accumuler ces récits qui faisaient la gourmandise des touristes et des gens de Villard Dessus mais aussi d’ailleurs….Emile Arpin mourut d’une congestion pulmonaire en 1938 !
Val Joli lieu de convergence pour que Vive la France !
Et puis la guerre 39-45 a tout détruit. Il a fallu fuir, partir, abandonner, fermer….De nouveaux locataires se sont installés entre 1940-1943. L’hôtel est devenu le Poste de Commandement de l’armée italienne qui occupait les 3 communes de Montvalezan, Sainte Foy Tarentaise et Séez.
La situation se durcissait et la fameuse auberge du val Joli se transformera en centre d’instruction des jeunes recrues allemandes. Ils avaient entre 16 et 18 ans, c’était des enfants !
Le vent s’est levé, la situation a changé…Nous sommes en septembre 1944, les allemands sentent bien que tout est fini et se retirèrent vers les crêtes de la frontière italienne.
Le temps d’une bourrasque de neige et les FFI (Forces Françaises Intérieures) occupent le territoire…la nouvelle armée française se reconstitue…le PC (Poste de Commandement) s’installe à l’auberge…nous sommes déjà en 1945…l’Armistice est signée.
Ainsi l’hôtel du Val Joli pouvait renaître de ses cendres et ce n’est pas un vain mot. Le bâtiment est restitué à son propriétaire…dans un état lamentable avec des dégradations ignobles dues aux divers occupants.
« Heureusement que la structure générale a su résister aux velléités…la guerre n’a eu aucune prise sur la pierre ».
La Douane Française prend ses quartiers dans ce bâtiment devenu propriété de l’Etat français. Ce joyau architectural deviendra de part sa stature et sa conception un excellent centre national de ski de fond.
A l’époque ce choix était unique car seuls 2 centres existaient : un dans le Jura et un à Séez au Val Joli » précisera Paul, ce témoin précieux.
Si Paul était encore là, il aurait un autre regard sur le Centre National de Ski de Haut Niveau qui ouvrira « ses portes » à Bourg Saint Maurice puisque la capitale de la Haute Tarentaise renaît de ses cendres par glisse interposée…Résolument les anciens avaient vu juste !
Pierre Villeneuve
Ce texte a été possible grâce au récit de Pierre EMIN, trop vite disparu !