Avant travaux |
Travaux dans les marais.. en cours ! |
Le pont de bois ce matin |
C'est ici que subsistait la ferme des Marais de Gaston QUEY |
Ferme des Marais de Gaston QUEY - ( Photo 1943 ) |
Les sous bois des marais au printemps..c'était avant les travaux |
Le pont de bois avant les travaux |
Gaston QUEY, livraison de lait dans la Grande Rue |
Les Marais…quand tu nous tiens !
C’est tout simplement l’histoire de l’existence des marais à l’heure ou Gaston Quey exploitait jusqu’en 1949 la « ferme des marais ». Ce temps pas très lointain dont certains borains, que nous tenons à remercier, se sont souvenus et qui ont bien voulu participer à cette écriture, paraphée sous l’émotion de Danielle Quey, qui nous a ouvert ce beau livre de l’histoire locale prenant tout son sens à l’heure du…promenons dans les bois … !
La brume enveloppait la ferme des marais de Gaston Quey. Le brouillard de cette guerre qui n’en finissait pas, ne laissait pas de place à ce soleil bien pâle. « On s’éclairait à la lampe à garbure, l’eau était tirée du puits ! » Danielle Quey était prés des vestiges des fondations de la ferme des marais qui subsistent encore.
Cette machine à remonter le temps indiquait « octobre 1943 » . Seule la forêt sèche existait, la plus belle, la plus extraordinaire, la plus authentique. Les tarines sortaient de l’étable, les poules et canards s’ébrouaient « n’allez pas prés de Duce au champ du taureau ! » nous criait maman. Danielle et son frère Robert se nourrissaient de cette ivresse à se faufiler dans la forêt et de retrouver les écureuils, les pinsons, les essences des arbres, à lire dans la mousse ou se rouler dans ce véritable lit de toutes les insouciances, bordé de ces feuilles éternelles. « Le parcours de santé, nous l’avons inventé avant l’heure ! ».
« Maman nous amenait souvent à – marais-plage –, on se baignait souvent entre galets et sable fin…mais il fallait faire attention au courant ! »
Ici pas de confort, le bonheur était dans nos cœurs, sinon une lessiveuse dont l’eau était chauffée par le soleil «Pour laver les enfants ! Le cabinet était au fond du jardin prés du fumier !… A l’échelle du temps c’était hier ! »
Danielle, très attachée à la terre de ses marais, à cette ferme, avait au fond de cette gorge soudain devenue aphone l’envie, le besoin de se rappeler de ces longues soirées d’été, ces chants de grenouilles, cet appel des grillons et d’avoir dans sa mémoire cette bien belle petite musique de la « drague de Robert Donnet ! »
Parfois, souvent quand elle se promène de nos jours, dans ces marais éternels, elle recherche ces odeurs de foin coupé, ce goût subtil de la polenta au bâton « tout était simple…nous étions tout simplement heureux ! »
La ferme de Gaston Quey pendant la guerre.
Henri Vaglio, avec cette nostalgie tenace, se souvient très bien des marais pendant la drôle de guerre. « J’avais 12 ans, j’allais chercher tous les soirs un peu de lait, par le pont mayet en bois, grâce aux tickets de rationnement, ou acheter ce pain que le boulanger pesait avec la mesure…Mais il fallait faire la queue devant les magasins ! ». A la ferme Gaston nous délivrait ce surplus de beurre, fromage ou lait « mais venez le chercher avant 7 h 30 du matin ! » C’était le temps du marché noir, il fallait bien se débrouiller pour manger.
Gaston Quey partait très tôt porter le lait dans des bouilles avec sa charrette et son cheval bijou qui connaissait le chemin de l’épicerie dans la grande rue « les yeux fermés ! ». En ce temps là tout le monde avait son jardin, ses légumes, sa basse-cour…quand je vois ces palettes de lait dans les supermarchés ..que les temps ont changé !…Un jour peut être il faudra revenir au jardin ! »
Maurice Payot se souvenait lui de la « ferme des marais » quand il avait son dépôt à l’emplacement des parkings couverts de la gare. Les enfants taillaient des roseaux pour les vendre au marché. Il se souvenait aussi qu’avec son père Fernand il allait faucher les prés « à l’emplacement de la forêt de peupliers ! » et de ramasser « la maraiche »…la blache quoi en patois ! » afin d’alimenter les litières des veaux et cochons ! » et de poursuivre « Avec Marcel Gaimard et Adrien David on avait fait faire une étude afin de créer une base de loisirs avec plan d’eau :EDF avait refusé ! »
Les marais : lieu mythique, terrain d’aventure
Daniel Pezet ne peut plus se retenir de nous raconter les aventures de ces gosses tirés de « la guerre des boutons » ..des années 1955-56. « Avec Antoine, Georges, Roland, Pépone et moi nous avions construit un radeau avec les traverses de chemins de fer ! On allait naviguer vers les gouilles qui avaient été creusées pour retarder la progression de l’armée italienne ! » Ces garnements de tous les défis pêchaient sans permis de bien belles truites et des vairons sinon de se cacher dans les blockhaus de la ligne Maginot dont certains vestiges existent. « Parfois on jouait aux cow-boys et indiens dans la cave à canons creusée par les troupes de Bonaparte à l’heure de la guerre 1792-93 contre les piémontais ! » Expert en fronde, lance pierre et piéges en tous genres Daniel reste un puits de souvenirs intarissables qui excellait dans ces jeux interdits.
Pierre Villeneuve.