mardi 6 octobre 2015

REMBOURSER UN SEUL PRÊT, REGROUPER SES CREDITS

Rembourser un seul prêt au lieu de plusieurs
Rembourser un seul prêt, regrouper ses crédits
Améliorer son budget en réduisant ses mensualités de prêts de 40, 50 ou 60 % grâce au regroupement de crédits... L'idée est séduisante à court terme, mais peut coûter cher à la longue...
Entre les taux, les durées, les montants et les dates de prélèvements propres à chacun de vos prêts (auto, consommation, immobilier, renouvelable...), difficile parfois de vous y retrouver. Voire, de faire face financièrement à vos différentes échéances. Au point de se laisser tenter par les offres de regroupement de crédits qui promettent des allégements de mensualités pouvant aller jusqu'à 60 %.
Une opération financièrement attractive immédiatement...
L'idée est simple : en réunissant tous vos prêts au sein d'un même crédit de durée plus longue, vous rééchelonnez l'ensemble de vos dettes. Finis donc les remboursements simultanés, vous n'avez plus désormais qu'une seule échéance à acquitter chaque mois. Concrètement, vous remettez votre situation financière à plat. « Une telle opération permet en effet de diminuer le montant de sa mensualité et du même coup, son taux d'endettement. Financièrement parlant, il est ainsi possible de retrouver un peu d'air au quotidien », détaille Maël Bernier, porte-parole du courtier Meilleurtaux.com.
Mieux, c'est l'occasion de bénéficier d'un meilleur taux d'intérêt que précédemment. Les conditions actuelles d'emprunt sont en effet plus favorables qu'il y a quelques années. Mais pas seulement... « De manière générale, plus la somme empruntée est conséquente, moins le taux d'un crédit est élevé. En substituant un seul prêt à plusieurs petits, le montant avancé est de fait plus important et le taux proposé logiquement plus bas », souligne Emmanuel Masset-Denevre, économiste à l'Institut National de la Consommation. En attestent les taux d'usure des crédits de trésorerie fixés à 20,23 % pour les prêts d'un montant inférieur ou égal à 3 000 € et à seulement 9,04 % pour ceux supérieurs à 6 000 €.
... mais qui s'avère souvent coûteuse sur le long terme
Et pourtant... Contrairement aux idées reçues, « il n'est pas toujours financièrement valable de pratiquer un regroupement de crédits », insiste Romy Lecoq-Champeau, directrice adjointe du marché des particuliers à la Caisse d'Épargne. Car alléger ses mensualités passe très souvent par un allongement de la durée de remboursement du nouveau prêt. Or cette solution augmente mécaniquement le coût de ce dernier. Autrement dit, vous payez certes moins tous les mois mais le montant des intérêts dont vous devez vous acquitter à terme s'accroît sensiblement.
D'autant que cette opération ne va pas sans frais. À commencer par les pénalités de remboursement anticipé éventuellement facturées lors du rachat des prêts faisant l'objet du regroupement (jusqu'à 1 % du montant du crédit en cas de rachat de plus de 10 000 € dans le cadre d'un prêt à la consommation et jusqu'à 3 % du capital restant dû dans le cadre d'un crédit immobilier). Auxquelles s'ajoutent des frais de dossier (de l'ordre de 0,40 à 0,50 % du montant total du prêt), d'intermédiaire (en cas de passage par une société de courtage) et parfois même de garanties (inscription d'hypothèque sur un bien immobilier, recours à une société de cautionnement...). « Si ces sommes n'ont pas à être réglées immédiatement par l'emprunteur, elles viennent en contrepartie grossir le montant que lui avance sa banque (NDLR : voir encadré). Et génèrent à ce titre des intérêts et donc un surcoût », met en garde Emmanuel Masset-Denevre.
Gare également au coût de l'assurance décès-invalidité. Bien que non obligatoire pour les crédits consommation, ce filet de sécurité est, en règle générale, imposé par chaque établissement prêteur au-delà d'un certain montant. Et ce, sous forme d'un nouveau contrat remplaçant tous ceux éventuellement signés lors de la souscription des prêts concernés par le regroupement. Conséquence : l'emprunteur, plus âgé que lors de la signature initiale de ses crédits, voit le taux de son assurance grimper.
Les critères de décision
Pour savoir si vous avez intérêt ou non à procéder à un regroupement de crédits, vous ne devez pas apprécier seulement le nouveau montant de votre mensualité mais envisager également le coût global de l'opération. Autrement dit, ne pas regarder uniquement ce que vous allez économiser chaque mois, mais plutôt ce que vous allez devoir payer à terme en plus. Afin de vous permettre de mesurer au mieux les conséquences de votre décision, chaque établissement bancaire est donc tenu de vous remettre un document d'information comportant un tableau comparant les caractéristiques financières des crédits dont le regroupement est envisagé avec celles du regroupement proposé (art. R. 313-13 du Code la consommation).
Autre précaution à prendre : éviter de mélanger au sein d'une même enveloppe financière crédits à la consommation et crédit immobilier. Si ce rapprochement est certes possible, il s'avère peu intéressant voire même dangereux. « Notamment dans le cas où le particulier bénéficie encore d'une déduction d'impôt au titre de ses intérêts d'emprunt », prévient Romy Lecoq-Champeau. « Une fois le regroupement effectué, il lui sera en effet particulièrement compliqué de savoir quelle part des intérêts de son nouveau crédit relève de cet avantage fiscal ». S'ajoute un inconvénient, en cas de souscription d'une garantie hypothécaire, « le logement sert alors d'assurance pour le remboursement de l'ensemble des prêts et non plus seulement du seul crédit immobilier », précise Emmanuel Masset-Denevre.
En conclusion, retenez que « cette solution n'est en rien une baguette magique », martèle Maël Bernier. « Comme pour un crédit classique, l'organisme prêteur veut l'assurance d'être remboursé. Il étudie pour cela chaque demande avec la même exigence que s'il s'agissait d'un premier prêt. » Solvabilité, taux d'endettement, reste à vivre mensuel... c'est finalement votre banque qui a le dernier mot quant à l'acceptation de votre dossier.
Remarque : Un exemple chiffré de gain immédiat
Propriétaires, Jean et Marie ont un revenu mensuel de 3 000 € et remboursent actuellement quatre prêts à la consommation. Le montant de leurs mensualités cumulées s'élève à 1 200 € et leur taux d'endettement s'établit à 40 %. Le capital restant dû de leur crédit est de 44 000 € et la somme des coûts totaux de leurs prêts jusqu'à leur échéance atteint 6 000 €. En regroupant leurs crédits au sein d'un prêt unique de 45 000 € (pour prendre en compte les différents frais liés à cette opération) sur 144 mois, ils peuvent bénéficier d'un taux à 2,90 % hors assurance. Ils ne remboursent plus alors que 370 € par mois et leur taux d'endettement retombe à 12 %. Quant au coût total de leur nouveau prêt, il est estimé à 8 337 € (contre 6 000 € précédemment).