UNE AUTRE PLATEFORME DE RÉPIT à l’accueil DE JOUR THÉRAPEUTIQUE DES GLIERES.
La salle des Glières était, comme à l’accoutumée, paisible. Les « visiteurs » de ce mardi sinon du jeudi, étaient visiblement heureux de se retrouver autour d’un café, d’une pâtisserie à découvrir les actualités du jour. Le cercle était bien solidaire. Véronique, Professeur Diplômée de Yoga, allait, à juste titre bousculer le rythme de cette matinée qui s’annonçait réservée à donner la parole à son corps.
« Les postures procurent une grande détente permettant ainsi de chasser le stress. Les personnes sujettes aux maux de dos se sentent soulagées ! » Précisera Véronique. Dans ce cercle de tous les regards, les gestes remplaçaient la parole. Étirements, assouplissements, coordination, Véronique allait donc pénétrer dans les articulations de tout un chacun afin de libérer ces nœuds qui ne demandaient qu’à se délacer. La séance allait donc créer comme une équipe tout en respectant la différence. De cette alchimie va naître au fil des supports comme une symphonie de mouvements. Les troubles apparents allaient se dissoudre, d’un regard vague, absent, la pupille allait se fixer, les yeux allaient joindre les mouvements du bras, de l’épaule, les abdominaux répondaient présents, la coordination des gestes donnaient de la puissance à la mémoire qui d’un seul coup, d’un seul venait intercepter le silence du corps.
La parole de Véronique en échange d’un geste
Sandrine Guyony, psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie du vieillissement observait certes mais aussi et surtout appréciait l’évolution émotionnelle de tout un chacun. « La charge émotionnelle est forte ! »
Ainsi Il se produit dans le subconscient de la personne un enregistrement de ce qui se passe. Cette « mémoire » s’emprisonne, elle se fixe sur une plaque inaccessible à l’endroit du cerveau. Ainsi tout s’enregistre mais semble « se perdre » « se confondre » dans une véritable mémoire inaccessible ! Cette émotion positive est visible chez le patient qui, quelque part, peut ne faire apparaître aucun rictus, il peut parler avec ses yeux, des larmes, son regard, des sons, des mots écorchés.
L’avenir est dans les gestes d’amour
On le sent bien, avec Sabine, infirmière, à l’accueil de jour thérapeutique des Glières accueillant des personnes en situation de maladie d’Alzheimer et troubles apparentés. Les progrès se mesurent à chaque matin par les personnels. Pour cela, il faut avoir envie de pénétrer dans l’espace des patients. Il faut accepter que le temps n’a aucune prise sur la réactivité, il faut accepter que les connections sont interrompues et qu’elles doivent être reconnectées, il faut espérer tout de l’enregistrement sur ces gaines abimées, il fallait trouver ce matin l’accès au grand rendez vous avec les souvenirs, il faut accepter que rien n’est acquis mais que l’on peut tout espérer qu’un jour la boite à souvenirs bondira de ses gongs et que clé n’est pas si loin des chercheurs !
Ne perdez jamais de vue, n’oubliez jamais que les personnes en troubles apparentées vous comprennent, nous parlent mais que pour l’heure le son est interrompu et que le lien avec le passé s’est confondu dans le grand livre de la mémoire ! En tout état de cause tout est ici un geste d’amour.
Pierre VILLENEUVE