lundi 9 janvier 2017

SEEZ - AU RENDEZ VOUS DES SOUVENIRS - EVOCATION DE ROGER REIGNIER





              Les soleils de Roger Reignier, une galerie de talents !
Roger Reignier, c’est tout simplement la fabuleuse histoire d’un apprenti menuisier, qui aurait pu s’appeler Jepetto, et qui, un bon matin, découvre dans l’atelier de menuiserie une caisse à outils. Les gouges à nez rond, à bec d’âne, ronde, sinon grain d’orge, le maillet en bois, les burins étaient soigneusement rangés et bien aiguisés, les ciseaux  plats croisaient leurs branches, comme prêts à tailler. Nous étions en 1937, Roger allait pénétrer dans un espace sidéral ou vont se mêler son intelligence, son sens inné de la créativité, de donner à l’outil sa fonction essentielle à savoir lui donner du rythme grâce aux gestes, à son savoir s’y prendre, à son savoir faire. Il a ainsi transcendé la matière, fait chanter le bois, donné de l’émotion aux essences. Explosion de talents, visionnaire, tourmenté par la symbolique, son regard est perçant, ses mains sont tirés des bâtisseurs des cathédrales.
                                         Un atelier d’Art,
« Il n’a rien à faire chez moi ! » S’écria son employeur en 1937 alors qu’il était apprenti. Roger monte à Paris 2 ans durant. Il fréquentera les cours du soir de dessin « à vue, en composition, en décoration. Les livres étaient rares et réservés aux riches ! » En 1947 il retrouve sa maison natale. «Je construisais des meubles pour l’essentiel car les familles n’avaient plus rien après le guerre ! » Pourtant ses mains se dirigent vers la sculpture. Il va grandir avec ses gouges, sa vision des formes et passera du classique à l’abstrait. « J’ai franchi le gué, je suis passé à la rencontre de l’art africain, l’art moderne ! » Roger n’en peut plus face aux évènements qui défilent sous sa vision, sa mutation est en marche.
            Un frisson avec le Déporté, de la rayure à la souffrance
Alors commence une bien belle galerie, dédiée, par Arthur Bernard et son épouse Blanche mais aussi Françoise. « Les oiseaux mazoutés », « Verdun », « les oiseaux au taureau », « Mozart sur un air de transistor », « Van Gogh «  ce peintre malade, incompris, méprisé, sur des bouts de toile il a posé un paraphe éternel ! » Jean Moulin « nu et désarmé vendu à ses bourreaux ! » Époustouflante « la penseuse de Reignier », le regard est insoutenable face à « l’aigle ».
Roger, surprenant érudit, ne s’ennuie jamais il voyage avec sa boite à outils, les burins le taraudent face à ce chemin de croix enfanté de sa vision. «  Quand je dors mal je ne peux pas créer. Dans mes sommeils les rêves se dessinent, je voyage dans mon atelier à la recherche d’un bois de tilleul, de noyer sinon exotique. ! »
                  Un Van Gogh : Une polychromie originale
La lumière est venue, au détour de cette galerie unique, de cette sculpture troublante de Saint Bernard. Une pièce unique assurément qui aurait pu être, dans une autre dimension, la symbolique de la porte d’entrée des premiers lacets du col du petit St Bernard.
« En créant dans le temps et l’espace, je soulage ma conscience. L’outil devient inséparable des mouvements du corps qu’il suscite, des gestes qu’il appelle. ! »

Pierre VILLENEUVE