PRINTEMPS ...Volé !
Aux hommes telluriques,l’enchainement des saisons,le glissement de l’une
sur l’autre est un marquage temporel incontournable.Hors ,cette saloperie virale
incapable de compter jusqu’à vingt nous vole notre printemps.
Nos univers désormais cubiques,bornés de murs et de fenêtres ne témoignent
d’aucun bourgeon ,d’aucun grondement de ruisseau en cru.
Oublié,ce frisson matinal avant l’embrasement du ciel où le corps encore
tiède se heurte, dehors, aux sursauts glacés de la nuit.
Oubliées ces odeurs lourdes et sucrées qu’exhalent les chemins de coteaux
exposés aux premières chaleurs.Aubépines,acacias ,cerisiers, lilas et tant
d’autres miellées suaves qui se livrent à chaque pas comme les fragrances
secrètes du corps de l’être aimé.
Oubliées ces retrouvailles saisonnières,ces redécouvertes de paysages
bousculés par les neiges et qui, dépouillés de l’hiver semble rajeunis et même
nouveaux.
Oubliées,les traces descendantes des grands mammifères, aimantés par la
verdeur de l’herbe nouvelle aux pieds des falaises,en lisière des forêts encore
sombres.
Il nous reste quelques lucarnes sur cette saison naissante,des balcons que
l’on s’efforce de fleurir au plus vite, des jardins arborés,des pelouses que
l’on n’ose tondre et des potagers en devenir.
Jusqu’où cette résilience nous gardera t’elle saint et sauf tant il est
impossible pour certains de vivre en dehors de la vraie vie,du vrai
monde?D’autres se félicitent de cette ambiance de quartier devenue riche et
conviviale et il faut bien qu’à toute chose malheur soit bon.D’autres ne se
contentent pas du quartier et veulent le fruit entier du printemps
murissant.
GéGé.