Sous les lauzes, la beauté de la charpente.
L’hiver est un moment fort pour retrouver ces moments intenses ou la famille se retrouve autour « du cantou ». Comment ne pas être friand de ces instants de conversations intimes. Lieu de communication où les hommes jouaient aux cartes, où les femmes préparaient une soupe avec ces légumes tirés encore du jardin, évasion dans une broderie, le bruit des aiguilles qui tricotaient pour le tout petit dernier, un chien sommeillant prés de la cuisinière, des enfants endormis comme momifiés dans les bras d’un chat.
De nos jours ces instants retrouvent leurs moments de noblesse. Comment ne pas ainsi lever les yeux, non au ciel, mais dans ces charpentes inventées par l’intelligence, le savoir faire et sculptées par la main de l'homme.
Sous la rotonde on peut encore entendre le bruit des maillets, de la scie à couteau, des ciseaux emmanchés, des cognées , de l’herminette, des tilles. Dans les mortaises et les tenons, les poinçons se faufilent, grâce aux blessures des tarières dans la poutre . La rigueur du fil à plomb en impose , le tout échevillé à l’ancienne…dans la tradition de la construction de cathédrale, grâce à la rainette et le compas d’appareilleur.
La perspective est austère mais digne, les ombres défient les lumières. Il y a quelque chose de magistral dans l’entrelacement de ces poutres qui acceptent dans leurs veines les campanes et carrons qui autrefois « il y a plus de 200 ans » accompagnaient avec fierté et honneur les tarines qui montaient à l’alpage « à l’époque le chemin s’arrêtait dans les hameaux , juste au dessus des grands espaces : les alpages …Ensuite il fallait prendre la bâton et parcourir les chemins afin d'accomplir l' emmontagnée à pied » précisera cet enfant du pays.
Ainsi face à la modernité de la capitale de la Haute-Tarentaise subsiste encore des lieux ou l’on a tenu à conserver l’empreinte du temps qui passe, afin de se souvenir certes mais aussi pour ne pas laisser perdre la mémoire du travail bien fait.. cette authenticité qui parfois se dilue au détriment de la rentabilité.
Pourtant les lauzes renaissent de leurs cendres au détour des nouvelles constructions, livrant ainsi mille reflets dans des gris bleu apaisants.
Pierre VILLENEUVE