André BERTRAND : L’HOMME QUI A FAIT LE TOUR DU MONDE AVANT DE SE POSER à « Monblan »
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La grande baie vitrée laissait passer, bien généreusement, les soleils du matin. Les rayons se faufilaient entre le haut des Deux Têtes ». Le calme d’un ciel immaculé, la sérénité d’une vue imprenable, permettait à André, de faire glisser ses yeux sur ces pentes quelques peu enneigées. Sur ces bientôt 97 ans, il savourait une joie bien simple : Vivre une paisible retraite sous le regard bienveillant de la Dame de « monblan »
André, est né en 1919 à Vergèze, dans le Gard « au pays où l’eau de source crache ses myriades de bulles afin d’assouvir, cette soif de poursuivre son chemin de vie. Dés l’âge de 16 ans, André entre dans la marine par la grande porte de l’école des mécaniciens à Toulon. Cette école, très professionnelle, lui permettra de devenir un chaudronnier hors pair et sera demandé sur tous les bateaux parcourant les mers et océans du monde, afin de rejoindre cette mécanique dans la salle des machines , afin de donner de toute sa puissance dans les entrailles des rugissants de toutes les mers du monde.
Et puis un jour il a fallu quitter le bateau, retrouver la terre ferme
André doit se désengager et trouver une solution, afin de regagner la terre ferme, sa terre aux senteurs de lavande, de thym de romarin et de ces vents qui désormais en seront un lien, une attache. De sa vie professionnelle il va retrouver des racines aux abords de Maussane les Alpilles, là où la lavande se faufile dans les rocailles prés des oliviers. C’est au domaine de « monblan » qu’il donnera la puissance de cet outil exceptionnel qu’il maitrise parfaitement.... Bien sûr ce sont les mains d’André formatées à la chaudronnerie qui vont lui ouvrir une autre route, une autre destination. Ainsi avec sa boîte à outils en bandoulière il participera à la restauration du domaine de « monblan » De ses mains il excellera dans ces gestes, de ce savoir s’y prendre, de ses longues réflexions pour trouver la solution, l’astuce. Il réalisera des travaux de plomberie, maçonnerie. Travailleur inlassable il sera aussi une aide précieuse auprès de la ferme attenante avec les 1800 abricotiers, les 800 moutons et toutes les tâches qui faisaient honneur à cette belle propriété éclairée sous un ciel de cette Provence incomparable." de fil en aiguille " il est resté tout simplement, avec ses cals, avec ses rides faites de douceur et de tendresse. André pouvait quitter son sac à dos.
Du monblan au Mottets !
André peut être fier de cette vie bien remplie faite d’abnégation, de concession, de partage et d’une humilité émouvante. Aujourd’hui il se repose face à la station des Arcs, il savoure le cliquetis du balancier de la pendule, il rêve de ce trésor qu’il a rencontré aux abords de Maussane Les Alpilles, il écoute le bruit des aiguilles qui croisent la laine pour une nouvelle paire de chaussettes. Au diable si sa vue a été usée par les ans, au diable ce tenace rhumatisme, tant pis pour ces tympans qui ont tout entendu et qui, maintenant, ont du mal avec les décibels.
Merci André d’avoir voulu ouvrir votre porte, votre cœur, vous nous avez appris les valeurs d’une vie faite de travail, d’aventures sur les mers du monde, merci de nous avoir ouvert les secrets de la Dame de « monblan ». Nous pouvions quitter André..Il attendait de consommer sans modération cette bonne soupe mijotant sur cette cuisinière à bois qui dansaient tout en se dandinant sur les cercles mal ajustés par le temps. Merci André ! Un homme authentique que j’ai eu la chance de rencontrer !
Pierre VILLENEUVE