MAIS OU EST DONC PASSE CHARLES ?
Assurément Charles n’a pas attrapé, ni la
rougeole, ni la rubéole ! Bien sûr qu’il va vous parler de bourgeons, de
formation de boutons à fruits ! Évidemment qu’il va vous apprendre à
conjuguer le verbe de la taille.
Charles
était dans l’arbre, comme trahit par le cisaillement du sécateur !
Patiemment, avec dextérité malgré les vents de
foehn, Charles se faufile de branche en branche. Une longue conversation
s’engage...Mais avec qui ?
Il raconte ce voyage autour de la sève. Les
bourgeons frémissent à chaque coup de sécateur ! Les branches n’en
ramènent pas large à la vue de son égoïne ! Pourtant il y va du
prélèvement de ces greffons qui iront convoler en noces avec d’autres
ramures !
La stature de
l’arbre est dans sa belle forme
Va à l’assaut de ces branches croisées, supprime
les frottements qui pourraient provoquer des chancres ! « La taille
de Mars est la meilleure ! Il ne faut pas casser les bourgeons ! Respect
à vous, futures pommes ! » La taille d’éclaircissage s’accomplit, le
pommier devient adulte, la pénétration du soleil éclaire le fruit...Ça y est …
Charles atteint le terminal des branches.
Un marché équitable
entre le bois et le fruit !
Les bourgeons gonflent d’orgueil, le combat entre
les branches à bois et à fruit est lancé ! Ne jamais traiter l’arbre mais
toujours le renforcer ! Ainsi fort de son mélange subtil il va procéder au
cours de la saison d’épanouissement, à la pulvérisation en foliaires : une
pincée de consoude, de prêle et de fougère et ainsi d’atteindre l’élixir :
le bourgeon terminal véritable cerveau de l’’arbre !
Charles un
passionné de la taille du pommier !
Stimuler la sève pour mieux la conduire vers sa
finalité : la beauté du fruit !
La fin de la taille touche presque à sa fin.
Charles n’a de cesse de rentrer, d’habiter dans l’arbre et de s’y détacher.
« Il faut que les oiseaux puissent voler à l’intérieur de l’arbre sans
s’accrocher les ailes. La taille doit donner de l’air et de la lumière de
l’intérieur afin, ainsi, d’aider à la fructification. »
Alors ne vous inquiétez pas, les branches sur les
hauteurs ne posent pas de
problèmes : le poids des pommes va les façonner naturellement..Il sera
venu le temps de la cueillette !
Éliminer les branches descendantes sans jamais baisser les bras
Charles avait soudainement, comme par
enchantement, disparu, il était parti à la rencontre d’autres tailles de
pommiers : basse tige, demi - tige sinon plein vent. Il était revenu à ses
premières amours « les pommiers en formation », à couper les
charpentières sur des gammes en impair, il fallait donner du corps à ces jeunes
pousses, il fallait dessiner une stature, une allure, il fallait composer pour
faire tenir les branches fruitières.
Tel, ceint de son ceinturon style pistoléros,
l’aventure était son chemin...Maîtriser les gestes, accomplir ses savoir faire,
Charles est, quelque part, ce veilleur de nuit afin que « nature soit plus
belle ! »
Pierre VILLENEUVE