mardi 31 octobre 2017

Raymonde BESENVAL NE NOUS A PAS QUITTES..ELLE EST, AU VILLARET, JUSTE DE L' AUTRE CÔTE DU CHEMIN


Rémi et Raymonde s'étaient unis pour le meilleur et pour le rire !

Raymonde Besenval ne nous a pas quittés…
                 Elle est juste de l’autre côté du chemin !


Raymonde allait tout juste atteindre ses 78 ans. Elle était la 7éme d’une bien belle famille de 8 enfants. C’est sur les versants du Villaret, là où la terre est pentue que Onésime son père et Léa,  sa maman, avaient bâti ce vrai nid d’amour alors que tout manquait au quotidien. Mais dans cette maison de paille et de foin, le bonheur était jalousement gardé, entretenu, fertilisé par cette puissance souvent oubliée qu’était l’esprit de famille.
                        Quand Raymonde écrivait aux étoiles de la nuit
Ainsi, au détour d’une valse, à l’aune d’une farandole, à gorge déployée, Raymonde et Rémi s’enlaçaient sous ces airs d’accordéon qu’elle évoquait parfois. Raymonde et Rémi vont se rencontrer sous les lampions de ces fêtes d’antan. Rémi était à l’école de la Fruitière, Raymonde apprenait les gestes à l’école ménagère. «  Qu’ils étaient beaux et heureux papa et maman ! » nous avouera Josiane leur fille. Une autre vie, une nouvelle vie va donc naître au Villaret. D’autres soleils vont éclairer à chaque rosée du matin, ce chemin tracé par Rémi et Raymonde. Quelques tarines, quelques moutons, des brebis, mais aussi des chèvres, enfin un jardin, le tout parfumé par les roses de mai dont Raymonde prenait grand soin.  Entre la vie en alpage au Prarion, parfois aux Avanchers, Raymonde prenait le temps d’écrire quelques mots et de dissoudre ses maux. Ses yeux brillants s’alliaient avec les étoiles du soir. Elle avait cette plume qui grattait sur le papier rugueux mais ferme comme empruntée sur le terre des étoiles...C’était sa façon de parler au monde, puisque, complice, elle parlait à « ces brillants »,  semés sur la voie lactée. .
                                   Raymonde ? Plus qu’un prénom !
C’est parce qu’elle savait son cœur fragile eu égard à son état de santé que Raymonde va puiser à l’encre de ses yeux afin de mener l’esprit de famille dans une droiture exemplaire. Car Raymonde ne connaissait par les cycles de l’horloge, elle n’avait pas de montre en main afin d’organiser cette vie pastorale. Elle avait une boîte à outils avec un seul objet : ses mains ! Levée avant les premières lueurs elle s’endormait à l’ instant où elle était le dernière à éteindre les lumières du sommeil, alors que Rémi et leurs deux enfants Joël et Josiane s’étaient endormis.
                            Une femme de travail et de vie privée, sans jamais se plaindre
Elle avait cette force de caractère inépuisable, la rigueur, l’autorité, Raymonde donnait cette image du courage, toujours en mouvement, en action, mais il fallait aussi accepter ses remarques franches, directes, droit dans les yeux…Oui elle était aimante, douce, avec cette bienveillance du partage. Ses caresses étaient une douce musique qui calmait les maux. De ses mains, de la maitrise de ses doigts, de ses yeux, de ses lèvres, Raymonde murmurait de bien belles chansons telle «  le torrent » berçant Léandre le dernier né.
                        Des volets clos ? Un banc orphelin ? Des rideaux ?
Raymonde Besenval s’est échappée au détour de la porte, la clé sur la porte, elle a frôlé les roses de mai qui embaumaient tant cette ruelle du Villaret, les rideaux de la cuisine ne frémissaient plus, le miaulement du chat nous rendait impuissant, quelques nuages allaient occuper le ciel, la nuit permettait aux étoiles de rejoindre ce monde du silence tant espéré par Raymonde...Soudain le foehn s’est mis à souffler, ramassant quelques feuilles tardives, une volute de poussières allait ramper le long de la façade…Un volet claquait sous la grange, les épingles à linge dansaient sur le fil tendu sous les poutres …
                       …. Raymonde était bien de l’autre côté du chemin 
!
Pierre VILLENEUVE