mercredi 30 novembre 2022

MAIS T'ES OU LIONEL ?


 

                                                MAIS T’ES OU LIONEL ?

 

Dans cette église dédiée, sous le vocable à Notre Dame de l’Assomption, nous étions toutes et tous bien serrés les unes et les uns contre les autres, avec dans la gorge, cette émotion emportant tout sur son passage.

Le glas avançait au son de ses  battants de cloches capables de prendre nos cœurs et de nous saisir, incapables de nous séparer dans ce moment funeste.

La lancinante litanie de ce carillon, presque insupportable, nous appelait à être ensemble face à cette injustice incompréhensible…. 

                                   «  Mais t’es où LIONEL ? »

Ainsi Lionel s’est endormi au cours de cette nuit éternelle. Comme discrètement comme il était, sans nous déranger ! Son cœur s’est absenté dans ces grands pâturages aux horizons inaccessibles. Nous toutes et tous assis, débout, à genoux et ne rien comprendre au mystère de la nuit.

Alors nous avons échangé un regard, une étreinte, une gêne peut être, au milieu de cette foule subitement orpheline. Nous avons laissé nos yeux s’embrumer de ces larmes, essuyées furtivement. Parfois nos mains se sont croisées, nous étions des «  CENTS ET DES MILLE » et nous étions désespérément installés dans une profonde solitude.

                            CE N’EST QU’UN AU REVOIR LIONEL !

Lionel,travailleur inlassable,  en pleine force de l’âge, a donc emprunté ce chemin, celui qui mène au pays où l’on ne souffre plus. Pourtant, dans cette Grande Rue, au hasard de quelques pavés, comme dans un rêve,  j’ai cru revoir les yeux rieurs de Lionel, auréolés derrière la vitrine. Mes lèvres se sont emportées.. «  MAIS T’ES OU LIONEL ? » dans ce sourire apaisant, j’ai enfin compris qu’il avait retrouvé son frère Laurent.

            UNE LONGUE PROCESSION SOUS LE SOLEIL FROID DE VAUGEL

De gros nuages blancs s’attardaient dans le ciel comme pour emporter dans ces cristaux  en mode  flocons, cet enfant chéri arraché à ses parents, à ses ami(e)s à ses proches, à ses collègues, à ce monde agricole qu’il vénérait. Cette montée accomplie, n’était autre que le symbole d’une autre vie qui commence pour lui, nous laissant dans un désarroi le plus total. La porte du cimetière grinçait, au loin, quelques  sons de campanes s’échappaient des alpages alentours. A l’heure d’effleurer, telle une caresse, ce vernis, la tristesse était dans ce monde qui perd un être cher. A chacune et chacun de nous, nous appartiendra d’être là et d’aider la famille à supporter...L’insupportable !

Pierre VILLENEUVE