Emprunter avec des taux au plus bas
Les taux des crédits immobiliers ont
atteint des niveaux historiquement bas, en dessous de 1,3 % pour
certains " bons " dossiers. C'est le moment d'en profiter pour investir
dans l'immobilier à moindre coût.
Mais jusqu'où iront-ils ? À chaque
nouvelle baisse, les professionnels du crédit sont unanimes : les taux
ne pourront plus reculer. Et pourtant... Les niveaux déjà historiquement
bas atteints en mai 2015 sont largement enfoncés. " Actuellement,
le taux moyen d'un prêt est d'environ 1,70 % sur 15 ans, 2 % sur 20 ans
et 2,20 % sur 25 ans. Soit, de manière générale 0,30 % de moins qu'il y a
un an ", se félicite Sandrine Allonier, directrice des relations
banques du courtier Vousfinancer.com. Mieux encore, cette situation
inédite devrait perdurer dans les mois à venir. Un phénomène économique
dû à la baisse continue du taux de l'OAT 10 ans (obligations émises par
l'État), tombé autour de 0,5 % début mai... Or, c'est sur ce taux
obligataire que se basent les banques pour fixer celui des crédits
immobiliers. En outre, les banques poussent à la roue. " Les objectifs commerciaux des établissements bancaires pour 2016 sont extrêmement ambitieux ", explique Maël Bernier, porte-parole de Meilleurtaux.com. "
L'épargne ne rapportant quasiment plus rien, le crédit immobilier est
devenu le produit d'appel par excellence des banques. Et c'est en
faisant des efforts supplémentaires sur les taux qu'elles capteront de
nouveaux clients ".
Conjugué à une stagnation des prix de l'immobilier, " c'est donc le moment idéal pour acheter en utilisant le levier du crédit ",
souligne Romy Lecoq-Champeau, directrice adjointe du marché des
particuliers à la Caisse d'Épargne. Qu'il s'agisse de devenir
propriétaire pour la première fois, d'acquérir un nouveau bien ou
d'investir, le pouvoir d'achat des ménages a en effet augmenté sous
l'effet de la baisse des taux. " Les niveaux de taux actuels leur
permettent soit d'emprunter plus, soit de réduire le montant de leurs
mensualités. Ainsi, à mensualité constante de 1 000 € sur 15 ans, il est
possible d'emprunter 16 à 19 % de plus qu'en 2011. Mais, dans un cas
comme dans l'autre, le crédit coûte beaucoup moins cher qu'il y a
quelques années ", détaille Cécile Roquelaure, directrice des
Études chez Empruntis. Concrètement, un prêt de 200 000 € sur 20 ans
coûte aujourd'hui, selon les profils, entre 54 et 65 % de moins qu'il y a
cinq ans (hors assurance).
Un accès au crédit inchangé
Autre bonne nouvelle : " les conditions d'emprunt ne se sont pas durcies parallèlement",
insiste Maël Bernier. Autrement dit, il n'est pas plus difficile
aujourd'hui de souscrire un prêt immobilier qu'il y a quatre ou cinq
ans... à condition du moins de pouvoir justifier d'une activité
professionnelle régulière. Plus intéressant encore, l'absence d'apport
personnel (au-delà des frais) ne constitue plus un motif de rejet
systématique d'une demande de crédit. " Certes, le fait d'apporter
un peu d'argent au moment de l'opération favorise la discussion sur le
taux ou les conditions du prêt. Mais il suffit souvent, désormais, de
présenter une bonne gestion de ses comptes et de son épargne pour
convaincre les banques ", indique Cécile Roquelaure. À l'image, par
exemple, de BNP-Paribas qui a proposé récemment à des couples de moins
de 36 ans, avec seulement 10 % d'apport et des revenus annuels compris
entre 30 000 et 45 000 €, des taux de l'ordre de 1,75 % sur 20 ans.
Mieux, certains clients, déjà propriétaires, disposant de revenus
élevés, se sont vus proposés par la même banque un taux de 1,25 % sur 10
ans.
Des écarts importants de taux dans une même banque
Reste que si les établissements
bancaires sont, à l'heure actuelle, plutôt enclins à prêter, tous les
candidats au crédit ne sont pas logés à la même enseigne. " Selon
les profils des clients et les banques consultées, il existe aujourd'hui
des écarts de taux relativement conséquents. De fait, au sein d'un même
établissement, le taux proposé pour un prêt d'un montant et d'une durée
identiques peut varier jusqu'à 0,50 % en fonction du dossier de
l'emprunteur. Pire, d'une banque à l'autre, cette différence peut aller
jusqu'à 0,70 % pour des profils pourtant similaires ", prévient
Sandrine Allonier. Conclusion : pour obtenir le taux le plus attractif,
mieux vaut soigner son dossier. Voire... être prêt à certaines
concessions.
Soigner son profil pour donner confiance à son banquier
Première étape essentielle donc : se
présenter à son banquier sous son meilleur profil. Et pour cela, pas
d'autre solution que d'afficher une situation bancaire saine. En
d'autres termes, de fournir des relevés de compte de " bon père de
famille ". Motif ? Avant de donner son accord pour un prêt, un banquier
va demander à consulter les justificatifs de revenus du futur emprunteur
ainsi que ses trois derniers relevés bancaires. Et, il va se montrer
particulièrement vigilant quant à la présence d'incidents de paiement ou
encore de dépenses inconsidérées. " L'idéal pour passer ce premier
filtre est de nettoyer ses comptes dans les six mois précédant sa
demande de prêt. C'est-à-dire d'éviter, durant cette période, de
souscrire des crédits à la consommation ou de se retrouver à découvert
dès le 15 du mois ", précise Maël Bernier. Pouvoir démontrer sa
capacité à mettre de l'argent de côté régulièrement (même une petite
somme) et à donner une vision claire de son avenir (perspective de
carrière...) contribue également à façonner aux yeux d'un conseiller
bancaire l'image d'un futur bon client. Car, " concernant les
conditions du prêt, tout est question de négociation. Et, il est plus
facile pour une banque de concéder des efforts sur le taux si elle a
l'assurance de nouer une relation de long terme avec son client ", note Romy Lecoq-Champeau.
D'où l'importance, pour gagner quelques
dixièmes sur le taux, d'apporter à son conseiller quelques
contreparties en gage de bonne volonté. À commencer, par exemple, par la
promesse de rapatrier une partie de votre épargne dans l'établissement
prêteur. Et, bien sûr, d'y domicilier ses salaires, d'y ouvrir un ou
plusieurs produits de placement pour soi-même ou ses proches (livrets
pour les enfants ou petits-enfants, notamment), voire d'y souscrire des
contrats d'assurance dommages. " Le fait, par exemple, de prendre la
multirisque habitation commercialisée par la banque peut parfois
permettre de baisser le taux initialement proposé de 0,05 ou 0,10 % ",
commente Sandrine Allonier. Même chose pour l'assurance emprunteur
quand bien même cette pratique est interdite (le banquier ne doit pas
conditionner le taux du prêt à la souscription de " son " assurance
emprunteur).
A deux, c'est mieux
Autre point susceptible de séduire
votre banquier : emprunter à deux. L'existence de deux revenus pour
rembourser le crédit est plus sécurisante pour lui. Sans oublier, la
perspective de gagner deux clients au lieu d'un... Plus paradoxal, être
primo-accédant constitue aujourd'hui un argument de poids pour négocier
un taux. " Ce qui effraie désormais le plus les établissements bancaires, c'est l'idée de devoir faire un prêt relais ", analyse Cécile Roquelaure.
Enfin, il faut savoir faire jouer la
concurrence entre les banques et ne pas se contenter de la première
offre venue. Surtout si celle-ci émane de sa banque principale. " La
fidélité à un établissement ne paie pas forcément au sens où chacun
d'entre eux a sa propre politique commerciale. Selon la période et le
type de prospect qu'elle souhaite capter, une enseigne peut avoir plus
de marges de manoeuvre pour discuter avec un potentiel nouveau client
qu'avec un particulier dont elle détient déjà les comptes ",
signale Maël Bernier. Et puis, mieux vaut ne pas l'oublier : un prêt est
un contrat qui implique deux parties, chacune ayant son mot à dire.
Même si certaines banques peinent parfois à s'en rappeler, gardez-le
bien en tête au moment de négocier !
Quelques exemples de bons dossiers des banques
Ville |
Projet financier (achat résidence principale) |
Profil de l'emprunteur |
Qualité du dossier |
Taux sur 20 ans (hors assurance) |
|
---|---|---|---|---|---|
Metz |
385 000 € |
Couple 40 et 37 ans, prof. libérales, primo-accédants |
Revenus : 8 900 €/mois à 2 Apport : 15 % |
1,50% |
|
Nantes |
300 000 € |
Couple, secundo-accédants |
Revenus : 7 500 €/mois à 2
Apport : 30 % |
1,51% |
|
Toulouse |
540 000 € |
Couple, 42 et 36 ans, 3 enfants, secundo-accedants |
Revenus : 9 900 €/mois à 2
Apport : 35 % |
1,51% |
|
Lyon |
300 000 € |
Couple 37 et 38 ans, 2 enfants, primo-accédants |
Revenus : 7 200 €/mois à 2
Apport : 15 % |
1,60% |
|
Bordeaux |
300 000 € |
Primo-accédant, 34 ans |
Revenus : 3 000 €/mois
Apport : 30 % |
1,65% |
|
Paris |
300 000 € |
Célibataire, 34 ans, cadre, primo-accédant |
Revenus : 4 000 €/mois
Pas d'apport |
1,70% |
Les taux* actuels du crédit immobilier
Durée |
Taux minimum |
Taux moyens |
---|---|---|
10 ans |
0,95% |
1,50% |
15 ans |
1,04% |
1,75% |
20 ans |
1,30% |
1,95% |
25 ans |
1,45% |
2,20% |
30 ans |
2,12% |
2,90% |
1,50%
Taux fixe couramment accordé pour les banques (mai 2016) pour un prêt sur une durée de 10 ans
Capacité d'emprunt en nette hausse
Avec les conditions actuelles de taux
de crédit, il est possible aujourd'hui d'emprunter nettement plus qu'en
2011 pour une même mensualité de remboursement. Exemples :
• Avec des mensualités de 1 000 €*
sur 15 ans : 158 784 € de capacité d'emprunt en 2016 (si taux à 1,70 %), soit +17,4 % par rapport à 2011 (prêt de 135 192 € à 4 %).
• Avec des mensualités de 900 €*
sur 10 ans : 100 726 € de capacité d'emprunt en 2016 (si taux à 1,40 %), soit +13,3 % par rapport à 2011 (prêt de 88 893 € à 4 %).
• Avec des mensualités de 1 500 €*
sur 20 ans : 296 511 € de capacité d'emprunt en 2016 (si taux à 2 %), soit +21,8 % par rapport à 2011 (prêt de 243 281 € à 4,20 %).
Ces frais qu'il est possible de négocier
En plus du taux d'intérêt, d'autres
frais viennent peser dans le calcul du coût global de votre crédit. Même
si certains sont à payer immédiatement (frais de garantie, par
exemple), d'autres viennent se rajouter au calcul de votre mensualité.
Mais, bonne nouvelle, tous peuvent être diminués.
• Les frais de dossier
: Fixés librement par chaque établissement, ils représentent
généralement 1 % du capital emprunté dans la limite d'un montant
plafond. Vous pouvez, sans trop d'effort, obtenir une réduction de
moitié de cette somme.
• L'assurance emprunteur
: Si chaque banque vous propose sa propre assurance décès-invalidité,
rien ne vous oblige à l'accepter. Grâce au principe de délégation
d'assurance, vous êtes libre de faire jouer la concurrence pour trouver
moins cher.
• La garantie : Pour
se protéger d'éventuels impayés, la banque vous impose de garantir votre
crédit. Caution, hypothèque... elle vous laisse néanmoins le choix
quant à la garantie à mettre en place. Si toutes n'ont pas le même coût,
leur prix en revanche n'est pas discutable.
• Les pénalités de remboursement anticipé
: Plafonnées à 3 % du capital restant dû dans la limite de six mois
d'intérêts (art. R312-2 du Code de la Consommation), elles peuvent,
selon les banques, être réduites voire supprimées.