mardi 7 mai 2013

ROGER SACHET PREND SA RETRAITE

LE PIANO S' EST TU !
 le couvercle du piano a fait disparaitre les notes sur le grand clavier des symphonies culinaires ! ! Roger a rendu sa baguette et son tablier !
Le rideau tombera le 18 mai 2013, un pan de mur du savoir faire et de la convivialité va disparaître, un épisode de son histoire se termine
Un aboutissement certes pour lui ! Une drôle de nostalgie sinon d'amertume pour celles et ceux qui passeront désormais sans le voir!
Puisque tout à une fin et tout se transcende à l'heure du choix de baisser le rideau de " LA BOUFFE SUR LE POUCE" Roger SACHET a donc décidé de mettre un  terme à cette sacrée carrière, pardon cette passion universelle, que dis je, de ce sacerdoce voué à la cause de nos palais, il retourne dans son royaume des goûts, des couleurs, des saveurs, des épices et ces incontournables feuilles de lauriers qu'il en faisait la base de nos papilles incorrigibles,  aux aguets !
              Tout est dans la qualité des produits frais mis en œuvre sur l'étal
Roger, un fidèle des cuisines d'antan, était un adepte du fouet et du chinois, n'en déplaise aux faitouts qui craignaient quelque peu les assauts assez louches de cet homme aux grands couteaux!
Sous ses rampes bleu azur dansaient cette rhétorique du feu, de la flamme sous les regards médusés de  ses thermomètres suspendus en batterie, qui mesuraient au gré de nos rencontres,  nos papilles qui s'excitaient   !
L'inox brillait de tous ses éclats, la propreté s'étalait comme une gourmandise, les légumes frétillaient de plaisir et d'attendre, en rangs d'oignons, à quelles sauces ils allaient être mangés!
         Les saveurs  des plats de Roger sont le talent des mélanges dosés avec complicité, c'est tout simplement une science
Dans la bouche de Roger, le mot " mijoter!" prenait toutes nos salives et gare à la blanquette de tous les bons morceaux  qui devait exceller, comme la tête de veau qui n'en revenait pas !
dans son "3 pièces cuisine " Roger était quelque part un chef d'orchestre, le rythme de ses casseroles, la musique de son moulin à purée à main,  restaient comme un témoignage de son savoir être.
              Roger : inventeur de goûts, passeur de mémoire !
Vous l'avez bien compris, en abaissant le rideau de cette vie dédiée et consacrée à l'amour de la cuisine: la vraie, la pure, la sincère, la naturelle, la réelle, va ainsi disparaitre aussi ce lien social de toutes les nouvelles, de toutes les conversations, de toutes les confidences, de tous les puzzles. Cet homme de toutes les conversations, a su, sa vie durant, par dessus tout, nous faire découvrir les valeurs de cette nourriture aujourd'hui trop dépréciée" puisqu'on veut faire vite et bien!" oubliant par dessus tout qu' il faut donner aux casseroles  du temps au temps, en faisant l'impasse sur les échalotes rissolées, des parfums de la fleur de la graisse de canard, de ce concerto de hachis, de ces émincés d'oignons, de ces envolées de poêlées, qui , d'un revers de main, se moquent des lois de l'apesanteur.
                         Roger ! Sais tu que tu vas nous manquer ?
Ainsi la rue qui circule à l'ombre de l'Hôtel de Ville, va quitter la lumière du talentueux Roger, comme ce lampadaire qui s'éteint au coin de la rue.
 ce passage va devenir une impasse, mais, demain, le bonheur est pour Roger et Odile...La Renault 4 L en plus, couleur crème évidemment !
 Bonne retraite à tous les deux !

PIERRE VILLENEUVE