AIME
VILLETTE
Un herbier peint sur des ardoises :
un bien bel hommage aux fleurs des Alpes.
C’est au détour d’une balade en juin 2003, avec des botanistes de Moutiers « Nature en tarentaise » que Jacqueline Sujdovic, a décidé de reproduire à l’échelle 1, les fleurs des Alpes, avec comme support les ardoises d’un toit abandonné et de construire avec patience et fidélité un herbier exceptionnel. C’est dans son garage, prés de l’école, que cette exposition, vous procure une véritable émotion, tant l’œuvre est grandiose.
« Avec l’autorisation des botanistes avertis, des chercheurs et des professeurs, j’ai tout d’abord cueilli à chaque fois, une seule fleur afin de pouvoir la peindre dans toute sa beauté, dans toutes ses teintes, dans toutes ses nuances, avec son support, sa tige, ses feuilles, dans des tons verts toujours renouvelés ! »
Jacqueline est une pure, incapable de produire du faux, ne supportant pas de réaliser des peintures par photo interposée ou par modèle approximatif. « Ce sont mes fleurs des Alpes. ! » et de nous montrer son atelier avec sa série de pinceaux dont un n’a que deux poils !
Ainsi ce ne sont pas moins de 855 ardoises qui ont reçu le talent de Jacqueline, dont 100 de champignons et une trentaine de fruits et légumes. » Ce sont les jaunes et les blancs qui donnent de la puissance à l’ardoise. Je suis incapable de peindre une 2éme fois la même fleur. Pour moi c’est comme une pulsion jamais renouvelée. Donc ne comptez pas sur moi pour peindre en série et encore moins de les vendre ! » Jacqueline taille l’ardoise à la dimension de la fleur avant de s’entourer de sa palette et des gouaches.
Et puis le silence des pinceaux est arrivé
Alors se met en marche la magie de cet œil qui est au bout de ses doigts. En effet Jacqueline souffre de sa vue et le paradoxe reste dans ce 6éme sens qui anime un véritable concert à 5 doigts. Oui je me suis prise au jeu et 7 ans durant j’ai voulu graver la mémoire des Fleurs des Alpes sur cette ardoise indélébile. « Ici il n’ y a que des fleurs sauvages peintes, comme le glaïeul sauvage, le gros nénuphar ! »
Mais hélas le brouillard a enveloppé les paupières de Jacqueline qui désormais ne peut plus peindre. Le cristallin est devenu trouble, le silence des pinceaux venait de s’accomplir.
Consommant sa retraite sans modération d’agent comptable, Jacqueline, après avoir passé 22 ans au sein des équipes municipale, après avoir dépoussiéré sa luge de championne de France à Villards de Lans en 1959, après avoir de nouveau écouté les rebonds du ballon de basket, elle n’a qu’un souhait : trouver un lieu de repli, de repos pour cette bien belle fresque qui pourrait à souhait, tout en étant un herbier hors du commun,venir décorer des lieux de passage ou l’on pourrait admirer ces fleurs qui ne se fanent jamais.
Pierre Villeneuve
UNE EXPOSITION A VOIR SANS DÉTOUR !