UN MÉTIER DISPARU : RACCOMMODEUR DE FAÏENCES
Le raccommodeur de faïences était un ambulant, que l’on croisait au détour des rues, et qui proposait de réparer les pots et la vaisselle abîmée. Il était souvent en butte à l’hostilité des potiers qui voyaient dans sa technique (qui consistait en des attaches de fils de fer). Pourtant les potiers n’avaient rien à craindre de cet itinérant. Il avait beau recoller les morceaux, il ne parvenait jamais à redonner à la porcelaine son lustre d’antan.
Si leur mastic à base de céruse et de blancs d’œuf avait la propriété de résister à l’eau bouillante, il restait toujours visible à l’œil. Les raccommodeurs intervenaient sur toutes sortes d’objets : des ouvrages en porcelaine, pots ou vases..
MAIS ÉCOUTONS PLUTÔT LA FABULEUSE HISTOIRE DE Léa !
C’était ..PLACE DU HAUT BOURG en 1940 !
Léa venait de quitter sa maison familiale , rue des Casernes, et comme à chaque matin, galoches aux pieds, se rendait à l'unique école de Bourg saint Maurice, la seule école du Centre. Cartable dans le dos, elle aperçut le coutumier " raccommodeur de faïences" déjà au travail.
Sur son chariot était disposé des alênes, des grattoirs et des limes. Il se mit à chanter "...Je répare bien des malheurs et j'évite bien des peines " ...et d’entonner .." Je raccommode les cœurs et les objets de malheur ..!"
Léa,en rentrant de l'école en parla à sa maman " car, a la maison, on ne gaspillait pas la vaisselle !". Ainsi " Le lendemain matin nous sommes allé porter le plat familial quelque peu brisé.
" Oui je rafistole la faïence avec passion !" dira t il." je vais vous le ravauder !"
En guise d'agrafes, il se mit à chauffer à blanc des baleines de parapluie récupérées tout en confectionnant des agrafes. Ensuite il a préparé une drôle colle, qu'il composait dans une boîte. Un mélange de kaolin, de la céruse,, du blanc d’œuf et de l'huile de lin.Concentré dans la lecture de son grimoire bien écorné, il assemblait les morceaux de faïence tout en maintenant l'ensemble du plat reconstitué, mais aussi en contrôlant qu'il n'y avait pas de picassure.
Ainsi étaient gommés les outrages du temps, la brillance du plat retrouvait sa place. Dans la maison familiale des PUGIN, ainsi autour de la table familiale, le plat pouvait remplir à nouveau son rôle.
Place du Haut Bourg le raccommodeur de faïence pouvait poursuivre sa route avec sa carriole tirée par son chien...et de lancer " à la Bonna aventura" et de nous dire qu’après le passage du"" piccolo san Bernardo" il regagnait Ravenne, sa ville natale.
Pierre VILLENEUVE
Merci à Léa Emprin ( née Pugin) pour ce moment intime...
échangé ."Rue des Casernes"



