lundi 2 février 2015

" DES ECHAPPEES BELLES " AVEC LES ENFANTS DE LA RUE -

Émile Marty positionnait son projecteur sous cette voûte - Grande Rue -
Le port des culottes courtes ! ( photo Simone des Echines Dessous
QUAND LA RUE DEVENAIT UN GRAND TERRAIN DE JEU

En ce mois de Novembre 1954, il faisait quelque peu frisquet, dans les quartiers du haut Bourg. Émile MARTY, le renommé photographe, venait de fermer son magasin. Il étendait un grand drap tout blanc, en guise d'écran, sur la façade de son atelier. Les "12 enfants de la rue" attendaient, sous les voûtes alentours " Et oui, ce soir, il y avait cinéma dans la Grande Rue !"
Émile sortait enfin son projecteur qu'il allait positionner sous la voûte située actuellement entre la Boulangerie et la quincaillerie Arpin.
" Nous étions tous là, en culottes courtes, avec un chandail tricoté par nos parents et une casquette enfoncée jusqu'aux oreilles.. il faisait froid... La lampe du projecteur commençait à vaciller, la bobine contenait un trésor " Les aventures de CHARLOT ! " ... nos yeux n'en pouvaient plus dans le silence du cinéma muet quelque part " Paradiso ! "
A l’entracte Émile changeait de bobine. Nous avions droit à des actualités quelques peu coquines avec des dames à la peau noire qui dansaient en se tortillant ... qu'est ce qu'on rigolait..et de se bousculer avec les coudes et de  pouffer de rire !
Très vite le film se terminait.. Nos parents devaient nous attendre ! Émile rangeait son matériel tout en disant " la prochaine fois ce sera LAUREL & HARDI !
A la sortie des classes nous jouions "au Foot " sur la place devant l'église. Pour marquer le terrain, nous utilisions notre cartable, sinon un manteau, une casquette et la partie pouvait commencer. Les meilleurs assurément c'étaient les Fiore, les Granelli...il fallait faire attention à ne pas casser le carreaux ..sinon !
A l'angélus, le signal était donné.
           Comme un vol de moineaux, 
                   l'heure sonnait d'aller chercher le lait avec  " la pignote"
"Moi je vais "au dock lyonnais! - chez Juglaret ", un autre " maman m'a dit d'aller à l'UNA..tu sais c'est  chez Jean Louis Anxionnaz...Y  t'attends ! " D'autres allaient à la Ferme d'Ulysse Grand !"
A la belle saison nous allions nous baigner à la piscine de Bonneval les Bains. Là aussi nous montions à pieds. Dés les premiers virages, avant le Châtelard, au pont du Versoyen, c'est Émile MARTY, qui klaxonnait avec sa grande voiture bleu ciel " UNE FORD VEDETTE "en nous voyant au bord de la route. Plus on avançait et plus la voiture se garnissait...un jour nous étions 13 dans la voiture !
Le soir en rentrant, nos parents nous attendaient. Scier du bois, apporter des brindilles, aider à lever les légumes au jardin, aller ramasser des pommes.. on en profitait pour monter aux  arbres ou se faufiler dans les buissons pour dénicher quelques  nids !
Cheveux au vent, culottes courtes déchirées, égratignures et tout genre, genoux ensanglantés, ces enfants de la rue apprenaient au détour des rencontres, réfléchissant à une prochaine virée ..
                  " Et si on allait récupérer les vieux pneus derrière l'église ? "
Pierre VILLENEUVE

( merci celles et ceux qui ont accepté dans l'anonymat de nous raconter la vie de leur enfance.." c'était bien en 1954 ! " )