mardi 10 décembre 2013
CE N 'EST QU' UN AU REVOIR... ANTOINE !
En ce jeudi 5 décembre, le glas sonnait des Chapelles à Bourg saint Maurice. André CHABERT, avait donc lâché prise, dans ce temps de froidure. Pourtant c'est avec ténacité, fierté et sans jamais se plaindre, qu'il a lutté contre cette maladie qui était assurément la plus forte. Le combat qu'il a mené était, chacun le savait et lui aussi, inégal. Antoine tenait bon grâce à Suzanne, son épouse, grâce à leurs 4 enfants Maryvonne, Raymonde , Lucien et Yves qui l 'ont assistés jusqu'à ce dernier souffle, jusqu'à cette respiration ultime.
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Chacun se pressait sur le parvis de l'église, accompagnant les quatre porteurs tirés dans cette solidarité chapelaine locale indéfectible.
"Antoine, tel un premier de cordée "
Antoine avait su constituer autour de lui un monde qu'il affectionnait. Tout d'abord comme ouvrier dans les mines de charbon de Mongirod, de Peisey-Nancroix et puis à l'Usine de Plombière. Travailleur infatigable, il n'avait de cesse de se remettre au travail au retour de la mine ou de l'Usine afin d' aider ses parents à la ferme et très certainement accomplir une deuxième journée de labeur." Antoine était heureux avec ses tarines, il se sentait utile, c'était un homme de devoir, l'essentiel était qu'il soit en pleine nature, en plein champs !
"Ce dernier repas servi aux lèvres de l’Éternité"
En aout 1953, il rencontrera Suzanne, au détour d'une valse à mille temps dans un de ces bals populaires sur le versant du soleil. Il accomplira son service militaire à Chambéry pour finir au quartier Bulle à Bourg Saint Maurice.
Et comme s'il n'y suffisait pas, Antoine sera une pièce maîtresse du corps des sapeurs pompiers volontaires des Chapelles, durant 20 ans. Il était toujours prêt à secourir, aider, sauver et souvent dans des tâches bien ingrates! Mais" il fallait donner la main", ne pas laisser l'autre dans le besoin !
Ce n'est qu'un au revoir Antoine, soit heureux on t'aimait tant !
Sa passion pour l'environnement était comme un appel de cette nature qu'il côtoyait, comme pour la protéger, comme pour la voir grandir, comme pour lui donner toute sa place. Dans son couloir le vieux fusil ne dormait que d'un cran! Son plaisir était d'aller à la rencontre de ces lièvres, de ces chamois, de ces sangliers afin de les observer, les comprendre. " Combien de fois Antoine a t il baissé le canon du fusil? Il fallait que le combat soit égal ! il avait besoin de lutter à arme égale ! Son vrai bonheur était de voir partir " la bête" comme il disait ! Inconsciemment, il s'installait comme un protecteur de cette nature qu'il vénérait ! " qu'importe que je rentre bredouille clamait il, l'essentiel était dans la profondeur de ses yeux, lui, cet homme sensible, qui ne supportait ni le mal, ni l'injustice !
Mgr Marcel PERRIER : les mots pour lui montrer le chemin de vie
En quittant les hauts des Chapelles , Antoine s'est ainsi faufilé dans un de ces sillons des Ainés Ruraux dont il avait été trésorier. L'accordéon du thé dansant pouvait s'arrêter, l'âme d'Antoine prenait son envol avant de disparaître au large du Dôme de Vaugel, au pays où la souffrance n'existe pas , et de rejoindre Anthony son petit fils et son beau-frère Maurice, sur les terres du destin, en marche vers l'humanité .
Pierre VILLENEUVE