la " Vie aux Charmettes au 20ème siècle "... Village situé entre ARCS 1850 et VALLANDRY...
Un texte écrit, à l'encre de ses émotions, et proposé par Paulette GOELAND
LES CHARMETTES
Suzanne GARCON/TRESAL nous raconte la vie au village « Les Charmettes »
durant son enfance au 20 ème siècle.
Beau village situé à 1.449 m. d’altitude à flanc de montagne, très ensoleillé,
avec un panorama grandiose sur la vallée. Composé de maisons d’alpage il était
occupé une partie de l’année malgré la rigueur du climat... selon la saison.
Beaucoup de neige en hiver – En été une flore alpine importante, des fruits :
myrtilles, framboises et des champignons en automne.
Notre « chez nous » appartenait à nos arrières grands parents
RICHERMOZ/GARCON, nos oncles et tantes, depuis de nombreuses années.
C’était une maison de montagne aux murs très épais qui nous protégeait lors
des saisons hivernales.
Papa et moi y vivions jusqu’à fin janvier pour « manger le foin » Puis nous
redescendions au Villard malgré la neige avec le troupeau par un chemin
muletier. La veille papa, Émile GARCON, avec le cheval, traînait un gros sapin
pour faire la trace et la maintenait.
Décembre 1949 des Charmettes maman après être descendue à pied dans la
neige jusqu’à l’hôpital de Bourg Saint Maurice a accouché de son premier
enfant...
Étant l’aînée de la fratrie mes vacances de Noël se passaient avec mon papa
aux Charmettes. Maman, Marie, restait au Villard avec ma sœur, mon frère et
les vaches.
En mai nous remontions chez nous pour manger le foin et faire du bon beurre
bien jaune – un RÉGAL – que l’on ne trouve plus hélas !!
Nos parents y vivaient les ¾ de l’année. Ce sont eux qui ont eu le 1 er cheval, la
1 ère faucheuse et la 1 ère bateleuse tractée par notre cheval.
En août c’était la saison des foins. L’aide de notre cheval était indispensable.
Compte tenu du terrain très pentu, pour descendre le foin, notre papa avait
installé un câble qui partait du village et qui allait jusqu’au pont du « Cullet »
sur la route de Peisey-Nancroix. Ensuite les « barillons » étaient emmenés avec
la charrette jusqu’au Villard.
Notre papa était également propriétaire d’un chalet et d’un terrain situés à la
Croisette. Il a consenti à les céder à la commune de Bourg-Saint-Maurice. Effort
demandé en 1964 pour permettre le lancement et l’aménagement des stations
des ARCS.
L’électrification rurale en Haute-Tarentaise est réalisée entre 1920/1938. Pour
nous éclairer nous disposions d’une lampe appelée « CREJU ». D’ailleurs ce
village à ce jour n’est toujours pas électrifié, vœu des propriétaires...
Pas d’eau, nous allions la chercher au bassin situé dans l’entrée du village, mais
il fallait souvent par temps de gel casser la glace !!
Pour se chauffer et cuisiner nous avions un simple fourneau à 4 marmites. En
nous servant du bois que nous préparions à la belle saison avec heureusement
l’aide de notre puissant cheval. Ensuite ce bois, si utile, était engrangé au sec,
bien à l’abri des intempéries...
La fraternité était totale entre nous. La confiance régnait dans le village car
nous nous connaissions tous. La vie était difficile, rude... Mais nous étions
heureux, au calme, entourés de familles qui s’entraidaient, respectaient la
nature, entretenaient le village, ramassaient les pierres sur le chemin,
coupaient et fauchaient les broussailles...
En hiver des veillées réunissaient les quelques habitants autour du fourneau,
où se racontait des histoires.
En été s’organisait parfois le dimanche sur la place un petit bal appelé « les
beaux dimanches » avec la présence du musicien accordéoniste Robert
MERLOZ de LANDRY. La musique réunissait les habitants du village, apportait
détente, convivialité, joie et les danseurs s’élançaient...
Beaucoup de nostalgie en me remémorant ces souvenirs qui ont bercé mon
enfance. Notre si beau village se vide, n’est plus qu’un point de passage pour
skieurs, randonneurs, vététistes, en hiver et en été... Entre la station des Arcs,
de Vallandry également en direction du Villard et de Landry.
*************************************
"Merci Paulette de nous proposer cet émouvant texte puisant à la conscience de nos anciens, cette "vrai" vie d'avant nous glissant hélas entre nos mains à chaque matin. J'ai tenu à faire paraître ce texte car c'est une bien belle page d' HISTOIRE écrite au creux des pleins et déliés de nos montagnes en HAUTE TARENTAISE, à la lumière de nos cernes.
Aussi un mot à Paulette...A quand le prochain texte ?"
Pierre VILLENEUVE