ARRESTATION de Maurice COQUILLARD, Célestin CANO, René JUGLARD et PACAUD le 20 JUIN 1944 !
Le maquis avait besoin de vivres, d'armes et de munitions. Des hommes de tous âges, des jeunes principalement, s'employaient à le ravitailler au mieux. Il y avait risque certain, il fallait le courir. Ces jeunes gens ont ils été imprudents ? Ont ils été l'objet d'une dénonciation ? Il parait certain qu'ils se sont vantés dans les cafés d'avoir porté des armes au maquis.
Il demeure que Piffer ( de la Komandatur ) était certainement renseigné. Ses agences d'information étaient-elles civiles, étaient elles militaires ?
Combien de membres de la Gestapo circulaient en civil dans les rues et les cafés de la cité boraine, toujours aux écoutes ?
Il ne faut donc pas s'étonner de l'action simultanée de Piffer auprès des familles des jeunes gens cités plus haut. Arrêtés et con duits à la caserne, après interrogation serré, Pacaud fut seul rendu à la liberté.
Concernant la capture de Cano qui aurait été arrêté porteur d'un révolver et cette de Juglard dont la maison d'habitation a été au préalable perquisitionnée de fond en comble...peu de détail !
Par contre, concernant l'arrestation de Maurice Coquillard, il est à noter que les circonstances de cette arrestation font apparaître en la personne de Piffer un, personne complexe.
Le 20 juin dans la soirée, Piffer se présente chez Ulrich Anxionnaz pour demander s'il avait vu Maurice Coquillard. Antoine Anxionnaz, frère d'Ullrich, le reçoit et lui répond, qu'il était à son champ de pommes de terre..." Rien ne presse ne le dérangez pas. Il suffit qu'il se présente demain à la caserne pour signer des papiers et ainsi se mettre en règle !" Maurice, rquis pour le S.T.O. avait en effet, obtenu un sursis d'un mois et ce sursis expirait le 24 juin.
Grâce à Mr Ulrich Anxionnaz, il en avait profité pour obtenir sa mutation dans le service agricole. D'employé, comme ouvrier-menuisier chez M.Novello, Maurice Coquillard devenait ainsi bûcheron chez Ulrich Anxionnaz. Sa nouvelle situation régulièrement acceptée par Chambéry, le mettait à l'abri du S.T.O.
Mais Piffer veillait à fir mander à la caserne Ulrich et Maurice. il demanda à ce dernier pourquoi il avait quitté son emploi de menuisier ? L'explication lui fût donné aussitôt : M.Novello n'ayant plus assez de travail et M. Anxionnaz ayant besoin de bûcheron, sa mutation avait été demandée et acceptée. Piffer déclara alors qu'il allait lui même téléphoner à Chambéry; entre temps, il invita Maurice à monter au premier étage dans le bureau spécial et informa Ulrichj qu'il pouvait disposer.
L'angoisse des parents ne voyant pas revenir leur fils est trop facile à imaginer. M.Coquillard n'ose se présenter lui même à la caserne de peur de faire des déclarations susceptibles de nuire à notre fils dont il ignore la nature de la déposition. C'est M.Ulrich Anxionnaz, qui se charge d'exprimer à M. Piffer l'inquiétude de parents et leur vif désir d'avoir des nouvelles. " Dites bien aux parents qu'ils n'ont pas à s'inquiéter ; leur fils est très bien, il n'a pas besoin de nourriture, il a même des cigarettes !" Mais presque aussitôt Ulrich se voyait décocher le trait suivant:" Vous mériteriez d'être emprisonné, car vous employez des terroristes !" " Maurice n'est pas un terroriste répond Ulrich, mai seulement un placide bûcheron !" " Oui, je sais, répartit Piffer, ce jeune homme est en règle pour le travail mais il y a des petits " en-dessous!" Alors nous le gardons, mais ce ne sera que quelque jours.
Hélas, trois semaines plus tard, exactement le 12 juillet 1944, à Toussieu, Isère, Maurice était lâchement assassiné avec son camarade et ami Célestin Cano et 26 autres Français.
M. Le Maire lui-même, avait tenté d'intervenir, mais sans succès !
Pierre VILLENEUVE
texte intégral tiré des archives paroissiales - LA VOIX DE SAINT MAURICE - n° de DÉCEMBRE 1945.