samedi 26 novembre 2016

NOUS SOMMES EN 1934, LES PREMIERS TOURISTES SE RENDENT AU COL DU PETIT SAINT BERNARD

Les premiers vacanciers en 1934.
Le rythme ancestral du versant du col du petit Saint Bernard s’accomplissait au seul métronome des saisons. La vie pastorale et les durs travaux des champs permettaient aux séeraines et séerains de l’époque de vivre sinon de survivre.
Dés 1934 il y eut tout de même un signe avant coureur avec la venue des premiers touristes. Les locations étaient sommaires, mais chaque appartement était équipé d’un butagaz..C’était une véritable révolution. Les gens du village avaient aménagé une seule pièce avec un lit. « Les touristes n’étaient pas exigeants ! »
Les voyageurs arrivaient en gare de Bourg Saint Maurice. Les destinations étaient quelque peu limitées avec l’Hôtel du Val Joli » à Villard Dessus, « Le Belvédère » tout là haut prés du col.
Pour se rendre dans ces lieux de villégiature les clients empruntaient le taxi ou la diligence qui de surcroît transportait le courrier.
Les gens avaient envie de voir les montagnes, de pique niqué en famille avec des grands paniers en osier et des nappes de toutes les couleurs sous un arbre ou dans les forêts de Malgovert sinon des Bochéres.
En famille ils allaient écouter les chants d’oiseaux, ramasser des myrtilles, des framboises sinon contempler la nature et lire dans le nom des arbres.
Au château de Séez c’était un certain Jacques Thomas, qui avait aménagé l’ensemble des pièces avec beaucoup de goût et des tentures posées à même les murs. Il venait passer 2 à 3 semaines de repos avec un cercle d’amis très aisés. C’était la bourgeoisie niçoise de l’époque. Quand il arrivait à Séez au dernier carrefour chacun admirait sa belle voiture américaine qui ne faisait pratiquement aucun bruit.
Le parc était un véritable jardin à la française. Il y avait des jardiniers et un grand mystère occupait les esprits…Il y avait un faux puits dans le jardin du château ! »
Au Belvédère c’était un certain Jean Carre, qui de sa Delahaye avec ses 3 carburateurs et ses  tuyaux  du pot d’échappement en chrome, éblouissait son environnement. » Son épouse jouait en short au tennis au Belvédère »….et de voir les curieux, badauds de toutes sortes lorgner sur les belles jambes et son corsage. » Chacun faisait des commentaires en douce à la vue de son soutien gorge allégé ! ». Parfois la Dame descendait à l’Hôtel «  Le Val Joli » et pratiquait le tennis sur le terrain aménagé, avec quelques connaissances.
De temps en temps le village de Séez était traversé par l’autobus PLM (Paris-Lyon-Marseille) et sa capote « torpedo ». » À l’époque l’autobus montait à Tignes, Val d’Isère n’était pas encore une station reconnue. »
Ce moyen de transport décapotable avait du chic en saison d’Eté, les filles du village, mais aussi les garçons tentaient de séduire les passagers ou les passagères. Il y avait un arrête à la gare SNCF. Les premières voitures allemandes ou suisses commençaient à montrer leurs lignes sportives et le chauffeur et les passagers portaient un casque de cuir souple et des lunettes plaquées sur les orbites afin de ne pas prendre la poussière.
Certains touristes avaient pris pension à l’hôtel « Edelweiss » à l’entrée de Séez – Cet hôtel offrait un véritable confort et chaque année les habitués avaient plaisir à s’y retrouver.


 Pierre VILLENEUVE

Ce texte a été possible grâce à la mémoire de Roger Reignier.