T’ché D’Jean Toêne !
La vallée du Foran, située à la Côte d’ Aime, se situe sur l’itinéraire, très prisé des refuges de la Balme, de Presset mais aussi de bien de cols et sommets telle la Pierra Menta.
« Pierra Menta ? Une bien belle évocation à sa légende. « Celle-ci dit que l’obélisque de 120 mètres de haut, un jour a été arraché du massif des Aravis, d’un coup de pied du géant Gargantua et est venu se planter dans le Beaufortain ! »
Mais au fait c’est quoi le « T ché D’Jean Toêne « ?
C’est certainement un, des plus beaux lieux magnifiques, très connu à la Côte d’Aime. Le « T’ché D’ Jean Toêne » est tout simplement le chalet de Bruno Barral, personnage particulier ? Étrange ? Assurément non ! Il suffit de puiser dans le fond de son regard pour comprendre la fabuleuse rencontre d’un homme hors normes. Bruno vit et réside au firmament du bonheur à 1610 m d’altitude. Là haut existe une fontaine (la pisse !) alimentée par cette source venue des entrailles de cette terre qu’il vénère. « Dés que l’herbe frémit sous les rochers et jusqu’aux premières neiges, la prairie prend toute sa place jusqu’aux premiers frimas de l’hiver…Moment dur, départ difficile car Bruno doit redescendre dans la vallée, son village à « La Bergerie » à troquer son bâton contre les skis ou ses crampons de montagnard.
A toutes les altitudes, avec Bruno, c’est la fête !
Retraité, alerte de ses 80 ans, il promène son bonheur avec ses moutons, partage sa présence avec quelques poules et lapins, tout en croisant ce sacré goupil. Ici la lecture de la météo se fait à l’aide de son baromètre à cordes qu’il consulte à chaque matin sous la protection de Boby son chien fidèle.
Bruno est un bâtisseur de ces pentes d’antan entretenues en conscience surtout du côté de la Combe Lisse. A l’heure de la traite, se souvient il, le temps de la confection des fromages lui réservait un accès à la qualité des parfums de ses fromages de chèvres sinon de ses séracs bien affinées sous les appentis de ces caveaux éternels.
Pour Bruno la nature a besoin des grands équilibres
Depuis trop longtemps ces zones d’alpages ont été délaissées, « la partie haute n’est plus pâturée ! ». Ainsi, se souvient il, avec ses troupeaux de chèvres et moutons, Bruno allait, en conscience, faire brouter tous ces espaces et ainsi rendre accessibles ces alpages » grâce à ses tondeuses à quatre pattes ! » Ainsi le phénomène de l’érosion serait, en partie, maîtrisé, les orages auraient moins de prises, l’hiver les avalanches auraient un parcours moins déferlant. « Il nous appartient, pour l’avoir appris de ses parents, de permettre un accès raisonné vers les chalets d’alpages, vers les sentiers de randonnées. Plus que jamais il nous appartient d’écouter la nature qui nous parle, nous alerte sur cette lente dégradation des sites par abandon, sinon par non rentabilité ! »
Bruno ? Un indicateur de toutes les directions
Tel la Rose des Vents, Bruno est à l’origine, quant à la création, la confection, la pose et l’entretien de tous les 75 panneaux signalétiques en bois qu’il a gravé et ainsi réparti, sur l’ensemble des directions. Chaque enseigne est fixé sur un arbre, un rocher, un poteau, et ce, d’une lisibilité remarquable. Les lieux dits ainsi nous rappellent ces souvenirs très anciens alimentés par des témoignages de cette vie d’avant dans tous ces alpages actuels.
A « T’ché D’Jean Toêne » Bruno reste ce Maire élu par dame nature !
Ceint de son écharpe spirituelle accrochée à son devoir d’aménageur des Hauts de la Côte d’ Aime, Bruno peut aussi compter sur ses « 3 adjoints » Ces trois Yves Y.P., Y.B. pour le Foran d’aval et sur Y.G sur le Foran d’amont. Tous les 4 se réunissent dans ce grand espace éternel sous la voie lactée, dont les voûtes sont éclairées de myriades d’Étoiles et de décider des diverses tâches de demain qui pour eux ne sont qu’un plaisir partagé.
Alors si vous allez dans la vallée de Foran, n’oubliez pas d’aller saluer Bruno, un bonhomme attachant, comme jamais ne rencontrerez dans votre vie. Merci Bruno de nous avoir permis ce merveilleux voyage…Bruno s’est éloigné, il devait aller à la rencontre d’une bien belle princesse …Sa montagne…mais aussi de ses moutons, en guise de marche vers les sommets.
Pierre VILLENEUVE
Ce texte a été possible grâce à Charles Silvestre et à la production de ses photos colorisant le portrait de Bruno.
Quand on sème à la Saint-Bruno, - La rouille s'y mettra bientôt.