dimanche 22 mars 2020

IL ETAIT UNE FOIS UN PARLER SAVOYARD !



DU CÔTE DE  PRARION , IL FAISAIT UN TEMPS A DONNER LE..TOZON !
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A cinq heures papa fend du fayard, mais il ronne, sa hache étant bottée et la rasse ne coupe même pas l’arole, ni la pesse .
Maman éclaire le feu. Elle n’a qu’à briquer l’allumette, car j’avais préparé la fouéyée avec de la paille, du prin bois, du moyen et un peu de rassin.
Ce soir, la Mayon à Tanclou tambourine, locate à notre porte d’entrée en bouerlant «  y a nion ? », et rentre quand la Marthe .elles se sont rabobinées ét viennent se faire payer la café. Tout en posant la chaftale sur le potager, Maman leur dit «  assoi-yez vous seulement ! »
C’est pas pour dire, mais la Tata est une mauvaise langue, une brafa-goille, elle a de l’avance pour rubriquer après tout le monde. «  Elle a pas d’os à la langue ! »
Pendant ce temps, notre mère rapistole des golets dans un pantet, coud une rajouture et une pression sur un habit et raccommode la fatte d’un pantalon en fouitaine. Papa remplace les tâches sous nos sabots, puis lit l’Almanach, tandis que l’Emma et moi, nous nous apprêtons à « séparer les draps »
                 Et mon père Jean-Louis  dit à  Dédé …
   « qu’as-tu fait hier ? »
Dédé «  Rien ! »
«  Et aujourd’hui qu’as-tu fait ? »
Dédé «  rien non plus ! »
Et pourquoi tu as rien fait aujourd’hui ?
Dédé «  parce que hier, j’avais pas tout fini !!! »
De loin dans la vallée on entend un chavan, les bêtes qui raouetent, la viourne chez les Anciaux, Jean-François qui écoute «  Ici Londres » prés de son T.S.F, le mogeon brâme…et Dédé, comme à son habitude et son flegme,  de Boriater ;

Texte emprunté à Andrée Blanc – LE PARLER SAVOYARD –
avec la complicité de Jean-Louis, Marguerite, Dédé et ce sacré François.

Pierre VILLENEUVE