LA PAROLE EST AUX
SAVOYARDS !
AU CANTOU NOUS AVONS « coté » LA PORTE
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L’Adrien et moi n’avons plus le temps de sniuler, de barjaker, de refaire un clopet, il faut s’abader ! Justement, maman nous crie<, nous l’entendons chokater en boitant, son agassin la faisant souffrir. Elle porte un d’vanti usé sur le neuf.
Malgré un lancinant tour de rein, papa prend la boille de lait. Il est à la presse, car c’est l’heure de la coulée et le fruitier n’attend pas. Ca y est, il y va, il s’en mode à grandes écambées à travers les vion-nets.
Je piurne sans arrêt me plaignant d’une côque, suite à une cupesse qui m’a ensaignolée de la faute de l’Adrien qui voulait me porter à cacaballe. J’ai la r’nieflée, suis en train de ramasser la corséle et j’ai une chique à cause d’un marteau gâté. Maman étant gringe, ma sœur se tient coute, et pourtant elle souffre d’un cassin au petit glinglin. Elle a avalé la queue du chat et elle a une bouchère. Elle est blanche comme une pate.
Maman doit penser que nous faisons des gôgnes et qu’il n’est nul besoin de nous potringuer. Toujours malengroin, notre mère pousse une bouerlée. Comme je tioule encore, je manque de recevoir un éveillon. Je r’béque, alors papa me menace avec une ouiste en jurant : Nom de bleu, non de zou…
Pierre VILLENEUVE
Texte empruntée à Andrée Blanc – LE PARLER SAVOYARD -