S'installer au Portugal
Devenir
propriétaire d'un logement au Portugal, qu'il s'agisse de s'y installer
pour bénéficier d'une exonération d'impôt ou pas, oblige à payer par
ailleurs d'autres impôts sur place. Droits de mutation, frais,
imposition des loyers, plus-values... Mais, de nouvelles exonérations
incitent à l'achat dans l'ancien.
Ce n'est pas un phénomène de masse, mais le
mouvement est significatif. Si les Français ne représentent qu'une
partie des étrangers qui s'installent au Portugal (un peu plus de 10 %
des acheteurs immobiliers étrangers en 2014), ils étaient tout de même 7
000 l'an dernier à mettre le cap sur l'extrême sud-ouest de l'Europe
dont 5 600 retraités. Ils y viennent attirés par le soleil quasi
permanent dans le sud, une vie plus tranquille et sécurisante, moins
chère qu'en France, mais aussi pour ne pas payer d'impôt sur le revenu
(retraités profitant du statut RNH, voir encadré)... Ou pour en payer
moins qu'en France : les professions à haute valeur ajoutée (médecins,
professions libérales, artistes, ingénieurs...), bien que percevant des
revenus d'activité d'origine portugaise, bénéficient d'un taux
d'imposition forfaitaire (IRS) de 20 % (avantageux par rapport à l'impôt
français pour les hauts revenus seulement).
Pour profiter des avantages fiscaux réservés
aux retraités qui s'installent au Portugal, il n'est pas besoin d'y être
propriétaire de son logement, il suffit de résider au Portugal :
c'est-à-dire y avoir séjourné plus de 183 jours suivis ou intercalés (en
location par exemple). Toutefois, incités par des niveaux de prix
sensiblement moins élevés qu'en France pour un achat immobilier en bord
de mer ou pour une belle maison avec piscine, de nombreux Français
investissent dans la pierre au Portugal : 2 700 en 2014. Mais, on peut
aussi choisir de s'offrir une résidence secondaire au Portugal, juste
pour y séjourner lors de ses vacances (sans bénéficier de l'exonération
d'impôt RNH)... Que l'on soit expatrié ou simple investisseur, reste à
ne pas négliger les impôts et frais liés à la détention d'un bien
immobilier au Portugal.
Les impôts à payer lors de l'achat et après
Comme en France, l'achat d'un bien immobilier
au Portugal va obliger l'acquéreur à payer des droits de mutation qui
taxent la transaction (appelés improprement « frais de notaire » en
France). Au Portugal, cet impôt s'appelle IMT. Il est calculé sur le
prix d'achat de la propriété selon un barème progressif différent selon
qu'il s'agit de l'achat d'une résidence secondaire ou principale. « Pour
un logement (appartement ou maison) en résidence secondaire, le taux
moyen final appliqué au prix est de l'ordre de 5 %, 6,5 % maximum »,
indique Pascal Gonçalvès, président de Maison au Portugal (en incluant
un droit de timbre qui s'ajoute à l'IMT pour 0,8 %). « Pour une
résidence principale, le taux des droits de mutation est un peu moins
élevé : il tourne autour de 4 % à 5 % » (à noter l'existence d'une
exonération lorsque le prix de l'habitation achetée ne dépasse pas 92
407 €). Enfin, pour un terrain ou une propriété agricole, le taux
applicable est de 5 %.
Par exemple, pour l'achat en résidence
principale d'une maison d'une valeur de 350 000 €, les droits de
mutation s'élèvent à 16 040 € (soit 4,5 % du prix) + 0,8 % au titre du
droit de timbre. « Pour l'achat d'une résidence secondaire valant 200
000 €, les droits à payer (IMT) se montent à 5 837 € auxquels s'ajoutent
0,8 % de droits de timbre (1 600 €), soit 7 437 € au total, ce qui
représente moins de 4 % du prix », détaille Pascal Gonçalves. Autre
dépense liée à l'achat, beaucoup moins chère qu'en France : les frais
revenant spécifiquement au juriste (notaire ou avocat) pour la rédaction
de l'acte de vente : le prix forfaitaire est de 615 € quelle que soit
la valeur de la propriété vendue. S'y ajoutent des frais de dossier : de
150 à 250 €.
Ensuite, une fois installé dans son logement,
il faut payer annuellement, un unique impôt local, équivalent de notre
taxe foncière. Les taux applicables au Portugal sont assez bas : décidés
au niveau local par les maires, ils sont fixés dans une fourchette
entre 0,3 % et 0,5 % de la valeur imposable pour les propriétés urbaines
et les terrains à bâtir ; 0,8 % pour les propriétés rustiques. Cet
impôt appelé IMI est destiné à financer les municipalités, il est dû par
le propriétaire du bien au 31 décembre de chaque année. « La valeur
cadastrale du bien qui sert au calcul de l'IMI est de l'ordre des trois
quarts de la valeur vénale », souligne Pascal Gonçalvès.
Enfin, il existe au Portugal un impôt se
rapprochant de notre ISF qui taxe directement la valeur des biens
immobiliers (affectés au logement ou terrains à bâtir) dont la valeur
patrimoniale imposable est supérieure à 1 M€. Le taux de cet impôt,
appelé droit de timbre annuel (IS), est de 1 % (soit un niveau bien plus
élevé que l'ISF en France qui démarre à 0,5 % !). Mais, à en croire les
agents immobiliers locaux, son application est très rare pour les
particuliers, car il concerne des biens qui valent sur le marché un peu
plus de 1,5 million d'euros à l'unité. En pratique, ce droit de timbre
frappe surtout les immeubles entiers.
Fiscalité des locations et sur la plus-value à la revente
Après avoir acheté un logement au Portugal,
l'investisseur français qui ne l'occupe plus peut choisir de le louer ou
de le revendre plus tard. Il ne faut pas oublier que l'avantage fiscal
accordé aux retraités qui s'installent au Portugal est prévu pour une
durée de 10 ans... En cas de mise en location du bien, le taux fixe
libératoire de l'impôt (IRS) est de 28 % pour une personne physique. Ce
taux s'applique aux revenus locatifs nets : loyers dont le propriétaire
aura déduit les dépenses encourues pour louer : charges d'entretien,
impôts fonciers, petits travaux (à l'exclusion du mobilier, des dépenses
de financement, de la dépréciation). Lors de la mise en location, une
taxe s'applique aussi au bail qui doit être enregistré auprès des
autorités locales : elle s'élève à 10 % du premier loyer mensuel.
Lors de la revente du logement ou des parts
sociales d'une société qui le détient, la plus-value réalisée sera
soumise à l'impôt sur le revenu (IRS). S'il s'agit d'une résidence
secondaire, le taux est de 28 %. Mais pour les Français ayant leur
résidence principale au Portugal (statut RNH), ce taux n'est pas
applicable, explique Me Miguel Nogueira Leite, avocat du
cabinet Telles à Lisbonne (www.telles.pt). « La plus-value nette, pour
50 % de son montant, est alors imposée aux taux généraux d'imposition :
jusqu'à 48 % si les revenus sont supérieurs à 80 000 €, s'y ajoutent
encore des taux additionnels jusqu'à 6 %, voire 8,5 %, selon
l'importance des revenus. Toutefois, la plus-value est exonérée d'impôt
sur le revenu, si le produit de la vente du logement est réinvesti en
totalité dans une autre habitation permanente dans les trois années soit
au Portugal, soit dans un autre État membre de l'UE. »
En cas de décès du propriétaire du logement, Me
Nogueira Leite, souligne qu'au Portugal, « le conjoint survivant comme
les enfants héritiers et autres ascendants et descendants en ligne
directe, sont exonérés de droits de succession. Pour les autres
héritiers, un droit de timbre s'applique à hauteur de 10 % seulement. »
Attention, toutefois, les Français installés
au Portugal qui conservent des biens locatifs en France doivent savoir
que leurs loyers restent imposables en France au barème de l'impôt sur
le revenu, tout comme leur plus-value en cas de revente. De même l'ISF
français est susceptible d'être dû sur ces biens immobiliers français si
leur valeur dépasse 1,3 M€.
Coup de pouce fiscal pour les biens à réhabiliter
Pour encourager l'achat de logements anciens à
rénover, des avantages fiscaux importants bénéficient aux biens qui se
trouvent dans une « zone de réhabilitation urbaine » (régime RJRU en
vigueur du 9 avril 2014 au 9 avril 2021). Lorsqu'un investisseur achète
un tel bien, il est exonéré du paiement des droits d'enregistrement
(IMT) si les travaux commencent dans un délai de 3 ans. En outre, le
taux d'imposition des loyers, comme le taux d'imposition des
plus-values, n'est plus que de 5 % ! Enfin, la réalisation des travaux
immobiliers dans ces zones de réhabilitation urbaine, profite d'un taux
réduit de TVA à 6 % (contre 23 % au taux normal). Ce régime fiscal
s'applique aux bâtiments d'habitation construits il y a plus de 30 ans,
localisés dans les zones de réhabilitation urbaine, un peu partout sur
le territoire portugais et dans la capitale Lisbonne notamment. Aussi
est-ce peut-être le moment d'investir dans un bien ancien dans lequel on
fera des travaux, ce qui permettra d'acheter un logement de charme à
petit prix (de l'ordre de 1 500 €/m2 à Lisbonne indique
Patrice, un investisseur français averti), et pour lequel on paiera
ensuite moins d'impôts sur place... Coup double donc, mais à envisager
avec l'aide d'un agent immobilier sur place, lequel demande un niveau de
commission autour de 5 %, comparable à celui pratiqué en France (par
exemple, chez Century 21, Maison au Portugal). « Mais attention, lorsque
vous visitez un bien immobilier ancien au Portugal, inspectez-le bien,
car il n'y a pas les mêmes garanties qu'en France en cas de défaut
caché », prévient Patrice. « Vous ne serez pas indemnisé si plus tard
vous découvrez un gros problème. De même, les surfaces qui sont
indiquées sont brutes : elles englobent l'épaisseur des murs extérieurs,
ce ne sont pas des superficies habitables intérieures... ! » Et
patience, si vous faites construire sur un terrain, les permis de
construire sont compliqués et long à obtenir : les délais peuvent
atteindre un an et demi dans un quartier protégé. La douceur de vivre
portugaise, c'est aussi cela...
les prix immobiliers remontent : + 10 % à Lisbonne !
Aujourd'hui au Portugal, presque une vente sur
quatre (23 %) se réalise auprès d'un acheteur étranger, et cela fait
remonter les prix (qui avaient baissé de 21 % pendant la crise) : « ils
ont augmenté de 2,2 % sur un an au niveau national et de plus de 10 % à
Lisbonne et dans l'Algarve », témoigne Pascal Gonçalvès , directeur de
l'agence Maison au Portugal... Patrice qui s'est installé à Lisbonne
depuis 2012 confirme : « il y a une vraie flambée car beaucoup
d'étrangers arrivent et notamment des Anglais qui achètent à des prix
élevés ! » Toutefois, il reste possible, selon lui, de faire des
affaires en achetant dans l'ancien autour de 1 500 à 2 000 € le mètre
carré à Lisbonne.
Lors du dernier salon de l'immobilier
portugais qui se tenait à Paris début juin, les prix signalés par les
professionnels étaient de l'ordre de 500 000 à 800 000 € pour une grande
maison neuve à Lisbonne ou dans la périphérie, entre 400 000 et
500 000 € en bord de mer dans l'Algarve, 350 000 € pour une maison neuve
avec piscine à 2 km de la mer en Algarve, ces deux zones géographiques
(Lisbonne, Algarve) représentant 70 % de la demande.
Pour un appartement : les prix se situent de 2 900 à 3 300 €/m2 dans la zone historique de Lisbonne, sur l'ensemble de l'aire métropolitaine de Lisbonne, les prix sont de 1 500 €/m2 en moyenne dans l'ancien et 3 400 €/m2 en moyenne dans le neuf. En Algarve, selon Imovirtual, les prix moyens à Loulé se situent entre 1 914 €/m2 pour un appartement et 2 586 €/m2 pour une maison, et, à Albufeira, de 1 729 €/m2 pour un appartement et 2 029 €/m2 pour une maison (mai 2015).
Exonération d'impôt sur le revenu en RNH
Avec le statut « RNH » (résident non
habituel), les personnes qui s'installent au Portugal et qui y ont leur
résidence fiscale, profitent d'une exonération de l'impôt sur les
revenus provenant de l'étranger et cela pendant une durée de 10 ans (à
condition que la personne n'ait pas été résidente au Portugal au cours
des 5 dernières années avant son installation).
Ainsi, un retraité du secteur privé
qui perçoit une pension provenant de France, ne sera pas imposable au
Portugal sur ce revenu de source étrangère. Et n'étant plus résident
fiscal en France, ce contribuable ne sera plus imposé en France sur
l'ensemble de ses revenus, toutefois resteront imposables en France les
revenus issus de biens immobiliers français ainsi que leurs plus-values.
Autre exception à noter : les pensions versées par une administration
publique demeurent imposables en France exclusivement.