lundi 15 février 2016

GARDEZ VOTRE OR....SERREZ LES DENTS !

gardez votre or

En baisse de 25 % sur 5 ans, le métal jaune déçoit. Mais le potentiel de baisse est aujourd'hui très limité. Un rebond a même commencé !
Déception. L'once d'or cotait 1 062 dollars fin 2015, en baisse de 10 % sur un an et de 25 % sur cinq ans. Le pic de l'été 2011, à 1 900 dollars, n'est plus qu'un lointain souvenir. Pourtant, l'or physique, sous forme de lingots ou de pièces, conserve une place de choix dans le coeur des Français. Et sur le long terme, son statut de placement de père de famille ne se dément pas. Ainsi, sur dix ans (2004-2014), le taux de rendement interne de l'or, c'est-à-dire sa performance annualisée, ressort à 11,2 %, devant tous les autres placements (immobilier, actions, obligations, livret A, etc.), indique une étude de l'Institut de l'Epargne Immobilière et Foncière (IEIF).

Un effet de change favorable

Si l'histoire récente a refroidi nombre d'épargnants, ils ont cependant un motif de consolation : même si l'once s'est bel et bien effondrée en dollars, les Français qui ont acheté de l'or en euros s'en sortent bien mieux. Ainsi, le lingot valait 31 370 € fin 2015, soit presque le même prix que fin 2014 (31 600 €).
De nombreux facteurs influencent le cours de l'once d'or, cotée à Londres sur le Gold Bullion Market. « La hausse du dollar liée à l'anticipation d'une remontée des taux d'intérêt américains explique en grande partie la baisse de l'or en 2015 », décrypte Arnaud du Plessis, gérant spécialisé sur l'or et les ressources naturelles chez CPR Asset Management. Concrètement, lorsque le rendement réel, c'est-à-dire après inflation, des obligations américaines augmente, l'or, qui n'a pas de rendement, apparaît mécaniquement moins attractif, ce qui fait baisser la demande d'or donc les cours. Parallèlement, le cours du métal jaune a aussi tendance à reculer lorsque le dollar monte, ce qui s'est produit l'an dernier.
Reste à comprendre quels facteurs pourront l'influencer dans les prochains mois. Car la FED, la banque centrale américaine, a commencé à remonter ses taux directeurs début décembre 2015, après plusieurs mois d'incertitudes sur son timing.

Rebond en début d'année 2016

Ce premier pas n'est que le début d'un long chemin. « Nous tablons sur une remontée progressive des taux d'intérêt américains en 2016, sans accélération haussière du dollar. Ce scénario serait plutôt favorable à l'or », indique Arnaud du Plessis. En l'absence de mouvements brusques sur les taux d'intérêt, le métal jaune devrait retrouver un peu de vigueur, dans un contexte où les banques centrales mondiales continuent à acheter de l'or, mais où la production minière devrait décliner cette année. Ainsi, au début du mois de janvier, alors que les actions flanchaient, le cours de l'or est repassé au-dessus de 1 100 dollars l'once, augmentant de 4 % en une semaine.
Ce n'est donc pas le moment de vendre son or : la probabilité de voir les cours reculer à nouveau est faible, d'autant que le seuil des 950-1 000 dollars l'once constitue un plancher solide, de nombreuses mines d'or n'étant plus rentables en dessous de ce niveau. Pour autant, acheter de l'or aujourd'hui nécessite des nerfs d'acier. Il s'agit certes d'un bon placement de diversification, dont l'évolution est dé-corrélée de celles des marchés actions. Mais il ne procure aucun rendement, contrairement aux autres classes d'actifs traditionnelles comme les actions, l'immobilier, l'assurance vie en euros ou les obligations.
« La très grande majorité de nos clients achète de l'or pour se protéger du système bancaire. La fermeture des banques en Grèce cet été a laissé des traces », explique Jean-François Faure, le fondateur du site AuCoffre, qui vend des pièces et lingots aux particuliers, et en assure la conservation. La peur reste donc l'un des déclencheurs de l'investissement en or. Pour acheter, il est possible de s'adresser à sa banque, à une officine spécialisée comme il en existe dans le quartier de la Bourse à Paris, ou encore à un site internet spécialisé comme BullionVault ou AuCoffre.

Acheter sans investir trop

Il n'y a plus de cotation officielle de l'or à la Bourse de Paris depuis 2004, mais la société CPoR Devises publie chaque jour un cours de référence en euros pour 24 produits (lingots, lingotins, Napoléons, Krugerrand, etc.) en fonction du cours de Londres, des conditions d'approvisionnement sur le marché secondaire et des ordres d'achats ou de ventes des banques. Lancés en 2010, les lingotins se déclinent en 5 g, 10 g, 20 g, 31,1 g (poids de l'once), 50 g, 100 g, 250 g et 500 g. Ils permettent ainsi de fractionner son investissement, tout comme le Napoléon (184 €). Appréciable lorsqu'on ne peut pas investir 30 000 € dans un lingot de 1 kg.
Au-delà du cours de l'once, d'autres facteurs entrent en considération dans le cours des pièces d'or : ainsi, le prix de certaines est parfois largement supérieur au prix d'or fin qu'elles contiennent. On parle alors de prime, qui reflète l'importance de la demande. « La prime du Napoléon varie entre 3 % et 5 % ces derniers mois, contre 15 à 20 % en 2012. Il est donc possible d'acheter des Napoléons pour jouer non pas seulement la hausse du cours de l'or, mais aussi celle de la prime », précise François de Lassus, directeur de la communication externe de CPoR Devises. Quel que soit l'intermédiaire, il faut généralement régler une commission d'achat de l'ordre de 2 %.
Enfin, il est aussi possible d'exposer son portefeuille à l'or avec des placements purement financiers. Il existe ainsi des warrants et des certificats indexés sur l'or. Pensez aussi au tracker Gold Bullion Securities : ce fonds indiciel coté en Bourse réplique le cours de l'or en étant adossé à de l'or physique détenu dans des coffres chez son dépositaire HSBC. Il est coté en euros sur Euronext et s'achète et se vend comme une action chez n'importe quel courtier en Bourse.
Cours au 31/12/2015
Perf. 1 an
Perf. 5 ans
Once d'or en dollars
1062,25
- 10 %
- 25 %
Once d'or en euros
974,54
0,28 %
- 13,50 %
Lingot 1 kg
31 370 €
0,70 %
- 8,35 %
Napoléon 20 Francs
184,20 €
- 1,40 %
- 11,40 %
Source : CPoR Devises au 31/12/15

Une fiscalité pénalisante lors des cessions

La vente de pièces ou des lingots entraine, en principe, le paiement d'une taxe forfaitaire de 10,50 % sur le montant de la cession, que vous ayez réalisé une plus-value ou une moins-value. Il existe cependant une alternative. En effet, depuis 2006, il est possible d'opter pour le régime d'imposition sur la plus-value réelle à condition de pouvoir justifier la date et le prix d'achat de l'or par une facture (ou un acte notarié s'il s'agit d'or provenant d'une succession ou d'une donation). Dans ce cas, la plus-value est taxée à 34,5 % (19 % + 15,5 % de prélèvements sociaux), avec une décote de 5 % par an sur la plus-value à partir de la 3e année de détention.
Autrement dit, la plus-value est totalement exonérée d'impôt après 22 ans. Bien entendu, aucun impôt n'est dû en cas de moins-value, quelque soit la durée de détention de l'or. « Il est conseillé de bien conserver ses factures ainsi que les bulletins d'essai des lingots et lingotins lorsqu'on achète de l'or et de ne pas demander la livraison des pièces pour être sûr de pouvoir exercer l'option de la taxation sur la plus-value réelle lors de la revente des pièces », explique François de Lassus, directeur de la communication externe de CPoR Devises.