Une retraite à mi-temps avant la vraie à 100 %
En fin de carrière, la retraite
progressive permet de travailler à temps partiel tout en percevant déjà,
en plus de son salaire, une fraction de sa pension. Mieux encore, cela
permet d'acquérir des trimestres pour augmenter sa future retraite.
La retraite progressive constitue une
solution attrayante pour les sexagénaires qui, faute de pouvoir
prétendre à une retraite à taux plein, veulent lever le pied à leur
travail - en passant à temps partiel - sans pour autant sacrifier le
montant de leur future retraite entière. Avec ce régime, la retraite
n'est pas définitivement liquidée et les cotisations sociales prélevées
sur le salaire durant la poursuite de l'activité professionnelle à temps
partiel servent pour le calcul de la pension de retraite complète qui
sera versée au moment de l'arrêt définitif du travail. Pourtant, le
dispositif est assez mal connu par les salariés. « Le frein est
peut-être d'ordre psychologique chez les salariés qui n'osent pas aller
voir leur employeur, de crainte d'essuyer un refus » avance, comme explication, Marc Darnault, gérant associé du cabinet conseil Optimaretraite.
Possible dès 60 ans
La retraite progressive est ouverte à partir de 60 ans, soit deux années avant l'âge légal de départ à la retraite. « Concrètement, elle ne s'adresse pas à ceux qui peuvent déjà bénéficier du taux plein (à partir de 62 ans, N.D.L.R.) » insiste Marc Darnault. « Pour eux, financièrement, il est plus judicieux d'opter pour le cumul emploi-retraite » (en liquidant sa pension en totalité et en poursuivant une activité salariée limitée).
Pour bénéficier de cette retraite progressive, il faut cumuler deux autres conditions :
- justifier d'au moins 150 trimestres
d'assurance retraite de base, tous régimes confondus (sauf régimes
spéciaux tels RATP, SNCF, etc.);
- poursuivre une activité à temps
partiel pour une durée comprise entre 40 % et 80 % de la durée de
travail appliquée dans l'entreprise.
« Avec l'allongement de la durée
d'assurance requise, hormis les cas de départ anticipé pour carrière
longue, la retraite progressive est le seul moyen de partir avant l'âge
légal » insiste Marc Darnault. Elle permet donc une semi-retraite à partir de 60 ans.
Une pension provisoire
Les modalités de calcul de la pension
provisoire ont été modifiées en 2015 et, désormais, le montant de la
fraction de la pension correspond à la différence entre 100 % et la
durée de travail effectuée par rapport à un temps complet dans
l'entreprise. « Concrètement, c'est la règle des vases communiquant qui s'applique », illustre notre expert.
Par exemple, si votre temps de travail
correspond à 30 % d'un temps plein dans l'entreprise, vous percevrez
70 % du montant de votre pension. Pour un temps partiel de 60 %, la
pension correspond à 40 % de la retraite.
Le montant de la retraite progressive
est calculé selon les mêmes modalités que celles appliquées à la pension
définitive : le taux est minoré lorsque la condition de durée
d'assurance requise pour le taux plein n'est pas remplie.
Exemple
Un salarié né en 1956 décide prendre cette année
- à 60 ans - une retraite progressive en continuant
de travailler à temps partiel à 60 %. À ce moment,
il totalise 158 trimestres de durée d'assurance sur les
166 requis pour une retraite à taux plein. Son salaire
annuel moyen (SAM), base de calcul de sa pension,
est de 34 000 €.
• Calcul théorique de sa retraite de base : 34 000 €
x 45 % (taux minoré du fait des 8 trimestres manquants)
x 158/166 trimestres = 14 563 €/an.
• Montant de sa retraite progressive :
14 563 € x 40 % = 5 825 €/an, soit 485 €/mois qui
viennent s'ajouter au salaire à temps partiel.
Chacun doit faire un arbitrage entre la réduction de son activité et la baisse de ses revenus. « Plus votre salaire est élevé et plus grande sera votre perte de pouvoir d'achat », prévient Marc Darnault.
Mise à jour annuelle
Par ailleurs, la liquidation étant
provisoire, tout changement de situation est pris en considération.
Chaque année, le bénéficiaire doit répondre à un questionnaire sur sa
durée de travail que lui adresse la CNAV. Ne pas y répondre entraîne la
suspension du versement.
En cas changement de la durée du temps
partiel, la modification n'intervient toutefois pas immédiatement. La
rectification est effectuée à l'issue de chaque période annuelle, à la
date anniversaire de la retraite progressive.
Attention, toutefois, aux changements
de situation. Si vous repassez d'un temps partiel à un plein-temps ou si
vous exercez plusieurs temps partiels, le régime ne s'applique plus :
votre pension temporaire ne vous sera plus versée.
Bonus à la liquidation définitive
Ce n'est qu'au jour où vous décidez
d'arrêter totalement de travailler que votre retraite est définitivement
liquidée lorsque vous en faites la demande, la liquidation n'étant
jamais automatique dans le régime de base et auprès des régimes
complémentaires. Le calcul de vos droits tient alors compte de la durée
d'assurance accomplie depuis le début de la retraite progressive et des
droits acquis au titre des cotisations prélevées sur vos salaires.
Exemple
Notre salarié (voir exemple plus haut) prendra sa
retraite définitive en 2018 à 62 ans. Il aura alors
acquis les 8 trimestres manquants aujourd'hui. Durant
sa retraite progressive, ayant cotisé sur la base
d'un plein-temps (voir encadré), son SAM est passé
à 36 000 €. Sa retraite de base sera de : 18 000 €/an
(36 000 € x 50 %- taux plein - x 166/166 trimestres),
soit 1500 €/mois.
En tout état de cause, le montant de
votre pension complète ne pourra pas être inférieur au montant qui a
servi de base au calcul de votre retraite progressive. Même si une
réforme intervient entre-temps.
Cotiser à taux plein
Comme tout salarié à temps partiel,
afin d'améliorer le montant de sa future retraite (de base et/ou
complémentaire), le bénéficiaire d'une retraite progressive peut
demander à cotiser sur la base d'une activité à temps plein.
Le maintien de l'assiette de
cotisations nécessite toutefois l'accord écrit de l'employeur, mentionné
dans le contrat de travail ou dans un avenant.
Le calcul des cotisations s'effectue
alors sur la base d'un salaire à plein temps reconstitué. Par exemple,
pour un salarié rémunéré 900 € pour 80 heures de travail par mois dans
une entreprise aux 35 heures (151,67 heures par mois), le salaire pris
en compte est de : 1 706,29 €, obtenu ainsi : 900 € x (151,67/80).
L'employeur peut décider de prendre à sa charge tout ou partie du surplus de cotisations salariales.