jeudi 2 février 2017

Gérard PAYOT ...SUR LE SENTIER DES MULETIERS

 Gérard PAYOT SUR LE SENTIER DES MULETIERS.

Malgré la brume matinale, Gérard Payot, s’occupait sinon travaillait à donner de l’assise de ce sempiternel chemin des muletiers qui relie, au gré de son point de départ, « la Bourgeat » quartier de Bourg Saint Maurice au haut des Echines Dessus.
La froidure sinon le gel engourdissaient quelque peu, ses mains rugueuses certes, mais fermes comme sa volonté de tracer, d’entretenir ce chemin de randonnée  reliant la chapelle de la Trinité, au Châtelard, par « la Côte » avant de continuer son chemin vers les Échines Dessous et les Échines Dessous.

 

« Princesse » veillait et tentait d’éloigner celles et ceux qui tenteraient de distraire Gérard, heureux d’accomplir cette besogne que lui appelait la passion de la trace. « Ce chemin était véritablement la colonne véritable  du sentier des muletiers. Chacun, dans la vallée, pouvait partir de Crozat, de la Grange, de la Carrière, du Villaret sur la Côte,  de la Cristallière, de Maisonnettes, des Granges Dessous, des Granges Dessus afin de rejoindre les Échines Dessous et Dessus ! Chacun voyageait avec sa mule, son âne, son cheval, tout en se rendant au « bourg » surtout les jours de marché du samedi…Heureusement au retour, après les tournées des bistrots, le cheval ,sinon la mule, connaissaient le chemin…. !
La grande route existait, mais elle ne nous servait pas car nous n’avions pas de voiture, sauf à l’utiliser avec la charrette !
     Mais alors Gérard, pourquoi l’appelez vous le chemin des escargots ?
Ce sont mes parents qui m’ont confié la légende de ce nom donné à ce chemin. Les temps étaient durs à la sortir de la guerre de 14-18. Ils avaient quelques poules, en hiver, le calcaire était rare pour former les œufs. Aussi à chacun son tour, nous ramassions les petits escargots blancs, que l’on voit d’ailleurs encore, en guise de calcaire que l’on donnait à manger aux poules en guise de calcaire. Ah ! qu’ils étaient beaux ces œufs de tous les matins …Depuis le nom est resté !
                                Gérard ? L’homme à la SAPE !
Ce chemin passe prés du bachal, le long de maison. » Je vois beaucoup de gens qui empruntent ce chemin ! » Gâté par les soleils de l’hiver. « Dernièrement j’ai vu des touristes parisiens hésiter de le prendre eu égard au devers…  Ils ont eu peur de glisser dans la pente ! C’est ainsi que j’ai décidé, seul, comme les corvées d’antan, sinon les prestations que nous assurions, dans le temps, pour la commune, et de donner au chemin un profil stable et confortable ! »
Ainsi, avec ses gestes, appris en observant les anciens et ses parents, Gérard avait décidé de donner de l’assise, d’élargir ce chemin reliant la chapelle de la Trinité au Chatelard par « la Côte ». Et de déclarer «  je voyais les gens y faire avec la pelle et la pioche, de ça en là, chacun y travaillait pour que ce chemin subsiste, emprunté par les enfants qui se rendaient à l’école, matin, midi et soir ! La Sape est un outil adapté à ce travail. Je peux préparer une « teppe », soit un rouleau de gazon, comme on faisait il n’y a pas très longtemps au terrain de Golf aux Arcs pour remplacer les trous de taupes et de remplacer cette terre levée par des bandes de gazon… « Ils le font bien sur le terrain de foot où de rugby pour remplacer les gazons … ! Eh bien sur le chemin des escargots je fais pareil ! ». Par contre la terre du talus que je mets à la forme, je la tasse et la répand sur le chemin, le tout retenu par la « teppe », j’y prends dessus, j’y mets dessous et ça y tiens ! » Gérard suait à grosses gouttes, le froid s’engouffrait sous sa chemise. «  Pour les cailloux que je trouve, les plats, les lauzes quoi, me servent à conforter le talus, pour les rondes, je fais un trou en amont du talus et les enterre afin qu’elles ne roulent pas dans la pente !...Au fur et à mesure que je monte, je nivelle…avec l’œil ! »
         Gérard ? Un sportif de Haut Niveau sur une longueur de Stade !
En effet si la longueur du Stade, à l’époque romaine mesurait 200 m, Gérard a donc calibré, sécurité et rendu plus accessible cette portion qui longe ce « droit dans le pentu ! ». Par sa peine et son travail, il permet à tout un chacun de franchir ce flanc de « montagne » avec plus de sécurité.
                            Dans la pente « la turne » reste le maitre mot !
Mais Gérard est un observateur de celles et ceux qui empruntent ce chemin « Là  Je vais y  faire un talutage. Je vais y faire une enclave et je vais y mettre une belle planche, faire un reposoir, afin que chacun puisse s’assoir et contempler la belle Haute-Tarentaise...Vous allez voir...ça va y faire ! »
Le temps était venu de quitter Gérard, malgré sa toux tenace «  j’ai du travail… ! Je dois poser bientôt la « Turne », car j’observe l’eau qui coule dans le ruisseau afin de bien et mieux arroser les prés et jardins ! » Le batardeau se balançait déjà dans sa caverne d’Ali baba ! Le son de la campane annonçait qu’il fallait passer à autre chose !
Une visite semblerait nécessaire, de la part des élus, afin de reconnaître le sens civique de Gérard, véritable citoyen à citer !

Pierre VILLENEUVE