vendredi 1 mars 2019

LES CHAPELLES - NINI, LA DOYENNE DU VILLAGE NOUS A QUITTES !


NINI…LA DOYENNE  DU VILLAGE NOUS A QUITTES !

Marie, Eugénie ARTAZ, plus connue sous son diminutif affectif «  NINI » après 94 ans d’une vie intense, dure, vient donc de quitter ce monde chapelain qu’elle aimait tant.  C’est une véritable bibliothèque du village, qui vient de disparaître, et  d’aller faire dormir ses yeux doux, tendres, aimants, pour l’éternité et d’emporter avec elle toute l’affection qu’elle portait à ses enfants.  Son point d’orgue  restera ses petits enfants qu’elle  couvait dans sa maison familiale au cœur du village, là où le bonheur distribuait à l’envi, cette douceur de vivre.
              Un toit, un cantou, une communauté de vie, un amour partagé.
C’est ainsi une bien belle histoire qui vient de se terminer dans cette maison pleine de souvenirs...Mais écoutez plutôt !
« Dans cette maison de Bernard Têtu, disparu récemment, vivait Joseph son frère, leur maman Pierrette, Nini et ses deux filles Georgette et Patricia, avant que ces dernières ne s’échappent de ce nid bien douillet ! »
Par la générosité de Bernard, une vie va donc s’écouler au rythme  de la vie à la ferme.  La vie va se dérouler autour de quelques tarines, un jardin,  une basse cour, sous l’œil vigilant de «  Mirka » sentinelle de la garde du bétail.
   Nini, égale à un homme dans son travail
Ne vous y trompez pas Nini, accomplissait  dés la rosée du matin et jusqu’à l’angélus du soir, ce travail des champs, fondamental. Les prés de fauche étaient sa passion. Sa faux en était son outil de travail. A chaque instant, au gré des saisons, Nini n’  avait de cesse de confectionner ces andains et donner du lustre aux senteurs de ce foin tiré à la terre chapelaine.  Malgré sa force, sa détermination et sa conscience imperturbable du respect de cette herbe sacrée, elle avait recours à une aide pour voyager sa récolte et de négocier ses barillons, ses drapets contre 3 jours de corvées.
Elle gardait en elle ce savoir faire de la tomme de ménage, qui s’affinait sur les « trablas »  régalant celles et ceux qui avaient ce privilège de s’assoir à sa table, le tout savouré, avec les fameuses pommes de terre incomparable de Nini.
                                                Mais Nini, qui étiez-vous vraiment ?
Femme dure au travail comme dans la vie, exigeante pour elle...mais aussi les autres, au caractère trempé, elle avait, en elle, une montre biologique réglée l’heure des saisons. «  Elle était un almanach savoyard à visage humain ». Nini avait en elle quelque chose d’étrange. Les excès n’avaient pas le droit de faire partie de sa vie "y a no peu "  … « Il y en a assez » disait-elle !
Rompue à toutes les tâches, elle assumait les lessives et confier au vent le séchage du linge...Coquette, Le repassage était une tâche qu’elle affectionnait. Son vrai bonheur passait dans la préparation de la soupe du soir composée des légumes de son jardin.
Mais le meilleur était ses petits enfants. Qu’ils sachent, malgré la douleur de son départ, qu’ils ont hérité de  la sagesse de Nini. Elle leur a montré ce chemin de la dignité, du respect à l’heure de ces séances de goûter mémorables, Nini, c’était avant tout «  un esprit de famille ! »
           Nini n’est donc pas partie, 
                             elle juste de l’autre côté du chemin
Si ses yeux se sont fermés, si son cœur ne bat plus, que celles et ceux qui ont connu ce bonheur d’approcher Nini, n’oublient jamais qu’elle vous a remis un trésor, un bien inestimable, elle vous a appris, à l’aune de ses rides, le langage du silence, l’amour de son regard, l’affection de son cœur doux, tendre, aimant, même si parfois les mots sont restés muets. Il suffisait de comprendre !   
                                        Au  revoir NINI, vous n’avez pris qu’un peu d’avance
Ainsi la doyenne des chapelains s’est absentée, Maurice Dunand, le prêtre, a permis de nous rassembler dans l’église paroissiale sous les ors du baroque, et d’écouter l’évocation de Nini, par  Brigitte, du Comité Paroissial local.
Nini a rejoint sa sœur Pierrette, Joseph (dit Job), et ce sacré Bernard. A l’heure des cloches à la volée, son âme est partie vers Peisey-Nancroix, Ugine, N.D. du Pré et d’aller rejoindre le chemin des étoiles par le dôme de Vaugel.
Il a bien fallu accepter que Nini s’élève dans ce ciel immaculé d’un bleu apaisant, dommage qu’à l’heure de la séparation, qu’un hommage, dédié à la doyenne disparue,  n’ai pas été prononcé, celle qui avait dessiné à la sueur de son front, 94 ans durant, les contours de sa passion qu’elle portait à son village.
Pierre VILLENEUVE