dimanche 13 avril 2014

PRABOZON ? UN VILLAGE ABANDONNE..UNE NATURE INTACTE !


BOURG SAINT MAURICE

Prabozon : un village oublié !
Au détour des chemins et sentiers, il suffit de pousser quelques branches, d’écarter, quelques feuilles, de franchir le petit pont de bois et de tomber sous le charme du village assurément oublié de Prabozon que vous chercherez en vain sur la carte Michelin, que seule la mémoire de nos anciens peut guider nos pas…Comme une rencontre avec le passé, hors du temps, avec des histoires vraie, il y a quelque chose d’insolite qui existe à quelques lieux de Bourg Saint Maurice.

Pour y être passé plus de cent fois devant, le village de Prabozon reste, pour bon nombre de personnes, ce village inconnu que les anciens appelaient aussi montagnette. Les maisons sont construites afin de présenter le toit dans la pente, permettant à l’avalanche de glisser. Prabozon est resté depuis la nuit des temps, une montagnette très prisée par les agriculteurs du Châtelard, du Villaret mais aussi de Séez, qui « dés le mois de mai rassemblait les vaches laitières au pré, alors que les non laitières étaient rassemblées dans le « communal ». C’était véritablement la fête à Prabozon, les chalets claquaient les volets, les cheminées rivalisaient de leur fumée, les enfants s’occupaient des poules et du cochon, les femmes rivalisaient d’énergie, les hommes fabriquaient la tomme. »
Une fois l’herbe consommée, après la coupe de l’été, les faux étaient aiguisées et rangées. La longue montée en alpage venait d’être décidée après une veillée consommée autour d’un cantou de tous les bonheurs. Très tôt les 50 tarines étaient rassemblées mais aussi chèvres, moutons et brebis. L’emmontagnée allait donc accomplir son cycle ancestral, avec les mêmes gestes, les mêmes traditions, les mêmes plaisirs. «  Nous n’avions que les bras et nos outils ! » ainsi le nom des familles de Prabozon s’égrènent encore aujourd’hui : Têtu, Arpin-pont, Vial et bien d’autres.
Ce village vivait en autarcie. «  Chacun cultivait son jardin, nous avions des œufs, de la volaille, des fruits cueillis dans la forêt, quelques champignons, mais aussi ce pain suspendu sur le branle que l’on partageait à coups de marteau tant il était dur, tant il était bon. La tomme restait, comme le lait, le beurre mélangé avec du beurre de cochon «  ce lard fondu »  la nourriture de base ! » Évoquera Maurice.
Dés la démontagnée et que « La remue » s’accomplissait, les troupeaux retrouvaient Prabozon mais aussi l’herbe des prés, du communal et le foin coupé et stocké pour le retour d’alpage de ce sacré «  rocher du vent » sur les hauts du Cormet de Roselend.
Au retour les jeunes cherchaient les bergères  aux yeux glaciers et leurs joues bien rosées par le soleil.  Les jeux n’étaient pas de trop et de voir les tarines échangées, la nuit,  dans les étables sinon de décrocher les carrons ou les sonnettes du bétail et de les suspendre dans les sapins alentours ! «  Il fallait bien que jeunesse se passe ».
« L’hiver la vie était au ralenti. Chacun vaquait à ses occupations, les gens s’aidaient entre eux, ils fabriquaient des râteaux, des balais, des manches de faux. Dans les ateliers la menuiserie battait son plein, d’autres avec leur luge à main, épandaient le fumier, les femmes filaient, tricotaient, lavaient, une vie  s’accomplissait avec ce temps précieux où l’on se parlait, on se racontait les nouvelles du village, à l’heure où l’argent n’avait aucune valeur, à l’heure où les valeurs avaient ce prix que tout le monde payait puisque le bonheur était dans le pré. »
De cette histoire de ce village oublié, mais ô combien charmant, nous vous devons de situer Prabozon. Ainsi aux abords de Bonneval les Bains, sur la gauche, en montant vers les chapieux, traversez donc le torrent de la Vacherie, empruntez le pont en bois, respectez la clôture qui protége les troupeaux et vos yeux seront émerveillés…
La nature intacte éxiste, puisque à Prabozon, vous la rencontrerez.
Pierre Villeneuve




...à Maurice PAYOT, trop tôt disparu !