 |
| Robert RULLIER n'avait de cesse de témoigner dans les écoles |
Le soleil quelque peu printanier, n’avait aucune prise sur les vitraux de l’église de Séez qui curieusement reflétaient les barreaux de plomb sur le cœur de l’église : Robert Rullier venait de s'éteindre. C’est dans un recueillement profond que tout un village, que toute une population que tous les anciens combattants, déportés, médaillés de la Légion d’Honneur, sa marraine du Loiret, avaient tenu à dire un dernier adieu, un ultime au revoir à Robert ,déporté le 25 avril 1944 à Ravensbrück alors qu’il militait dans les FFI, autour du village de Séez dans la clandestinité avec comme seule raison de vivre «’l’Honneur de la France ! »
Robert s’est éteint comme cette bougie qui ne veut plus vivre à l’approche des fêtes de Pâques. Robert a souffert en silence et ce grand livre de sa vie se ferme . La mort a emporté cette figure emblématique du monde combattant, elle a été évidemment la plus forte car au départ le combat était inégal. Mais rien n’a fait mettre le genou à terre à cet homme d’exception qui a su transformer l’humiliation en humilité. Combien de fois a t il été englué dans la boue ,dans la mort, dans le froid face à la folie meurtrière, à cette obsession de le déstructurer, de mettre en miettes ses espoirs de vie.
Cet ancien déporté dont le n° 31581 était gravé dans son sang ne disait- il pas « nous avons eu l’insolence de revenir de cet enfer, véritable océan de souvenirs perdus ! »
Un de ses compagnons ne dira- t -il pas « nos yeux étaient morts…pas nos âmes, nous voulions revenir pour témoigner, le souffle du vent nous a ouvert la vie dans ce monde de lumière et d’amour. Il a fallu résister à l’orgueil , il a fallu résister face aux affres des dominants.. et de poursuivre « un pays qui oublie son passé est condamné à le revivre !» Robert nous a très certainement laissé dans son livre « mémoire d’un survivant » le récit de sa vie, mais très certainement aussi il y a l’horreur qui n’a pas pu s’écrire, seules ses larmes étaient capables de transcender ses émotions à la limite de l’insupportable. Il a du s’endormir avec des mots qu’il n’a jamais pu prononcer.
N'oublions jamais « que la graine qui meurt porte en elle le fruit, que la mort ne sort pas vainqueur ! " Robert nous a aidé à passer le gué, que les chemins de l’infini existent, et que Robert était bien revenu de l’enfer »
Mais Robert ne partira pas dans l’oubli, il a produit de nouvelles graines et créé une nouvelle semence. Cette moisson rejaillira dans cet espace du futur qu’il habite pour toujours.
« ce bâtisseur de notre avenir ,ce sous lieutenant de 20 ans qui su montrer le chemin de la vie, du courage, Robert cet homme droit, exemplaire, qui avait horreur de l’injustice, défenseur de son pays jusqu’au sang ! »
Les roulements de tambours cognaient dans nos têtes, nos yeux avaient le droit de dire à Robert tout le respect qu’on lui doit pour nous avoir donné sa vie en échange de la liberté et la fraternité, l’hommage devant le monument aux morts était empreint d’une dignité exemplaire.
Robert s’est éloigné de cette terre qu’il a tant aimée que tournent, tournent… les drapeaux et leurs porte-drapeaux afin que Robert trouve cette paix éternelle, dans ce pays ou l’on ne souffre plus.
Pierre Villeneuve
nos remerciements à Lucette son épouse qui nous a donné son accord pour se souvenir !
 |
| Robert RULLIER décorant Passerin Paillex |
 |
| Robert RULLIER fait Chevalier de la Légion d'Honneur |
