samedi 26 octobre 2013

POUR LES FETES DE LA TOUSSAINT...A CHACUN SES PENSEES !




- HAUTE TARENTAISE -
             A chacun ses pensées.
Ce matin, dés 7 heures, comme un appel insoutenable, chacun s’est rendu dans les allées du petit cimetière. Sous le gravier les pas n’en finissaient plus d’attendre ce premier rayon de soleil à composer avec ces perles rosées d’or et d’argent.
Personne ! Assurément personne sauf ce souffle, sinon cette bise qui vient agacer les yeux, embrumer mon regard. La solitude est immense.
Le petit cimetière, ce matin, s’est enveloppé d’un ruban de brume comme pour nous rappeler que la Toussaint approche et que peut être est venu le moment de pénétrer dans l’épaisseur de ces ténèbres qui, un premier jour de novembre, nous permet de nous rappeler.
Et puis la grille a commencé à grincer, des pas sont venus effacer la trace, comme pour nous chasser.
Affairés autour des tombes fraîchement retournées, les anciens remuent la terre comme si chacun voulait, au plus prés, communier avec celle ou celui qu’on a  tant aimé et que l’on a vu partir beaucoup trop à l’aube d’une vie pleine de promesse, dans une cruelle séparation.
Recréer un lien matériel avec cette terre qui glisse entre les doigts, poser ses yeux sur ces cœurs fichés sur une croix  sommaire en bois ou sont inscrits des mots d’amour
Ca y est le cimetière s’éveille,
                       la ronde des rendez vous du souvenir s’accomplit !
Autour d’un caveau prés du nouveau cimetière les chrysanthèmes tentent de lutter contre la rosée du matin qui perle déjà de ses gouttes immortalisées.
Les bleus, les roses, les mauves, les blancs et les rouges des pensées s’en sortent bien car elles veulent, à leur manière, donner de la vie aux ombres des croix qui s’étirent sans aucune gêne dans les allées.
Les mouchoirs se cachent discrètement, les yeux coulent de cet amour partagé par ce sort, ce destin insensible qui a frappé, aveugle, pour détruire un nid douillet, les regards rejoignent les souvenirs de ces moments passés ensemble dans une parfaite complicité en harmonie avec la sincérité de s’être dit «  je t’aime ! »
Plus haut le « Jardin du souvenir » et sa flamme élégante recevra la dispersion des cendres sur ces rochers qui s’enlacent, en face c’est le funérarium qui nous propose une halte sur le banc de la méditation, du recueillement afin d’adoucir cette souffrance dans des « pourquoi » lancinants !
Enfin les caveaux et les tombes construits restent anonymes, sans âme, mais la gorge serrée est tenace car hélas un jour il faudra ouvrir ces portes ou creuser ces fosses pour accueillir dans la paix éternelle celles et ceux qui avaient choisi de vivre...
                                     et de mourir sur ces chemins étoilés.
Le temps était venu de repartir, frustré pour n’avoir rien à gratter, pour n’avoir rien à caresser, pour n’avoir rien pour s’agenouiller. Rien pour calmer ses mains et adoucir son cœur…
Pourtant sur le vieux chemin qui descend vers le chalet d’alpage, tout à coup s’est fait  sentir le vent, il était plus chaud, plus tendre. .il semblait venir du col du petit Saint Bernard qu’ici on apprivoise sous le nom de Foehn !
Le Glas, peut être l’angélus pouvait s’échapper du clocher dédié à N.D. de l’Assomption , sinon Saint Pierre, la Toussaint pouvait s’accomplir
Pierre VILLENEUVE