gardez votre or
En baisse de 25 % sur 5 ans, le métal
jaune déçoit. Mais le potentiel de baisse est aujourd'hui très limité.
Un rebond a même commencé !
Déception. L'once d'or cotait 1 062 dollars
fin 2015, en baisse de 10 % sur un an et de 25 % sur cinq ans. Le pic
de l'été 2011, à 1 900 dollars, n'est plus qu'un lointain souvenir.
Pourtant, l'or physique, sous forme de lingots ou de pièces, conserve
une place de choix dans le coeur des Français. Et sur le long terme, son
statut de placement de père de famille ne se dément pas. Ainsi, sur dix
ans (2004-2014), le taux de rendement interne de l'or, c'est-à-dire sa
performance annualisée, ressort à 11,2 %, devant tous les autres
placements (immobilier, actions, obligations, livret A, etc.), indique
une étude de l'Institut de l'Epargne Immobilière et Foncière (IEIF).
Un effet de change favorable
Si l'histoire récente a refroidi nombre
d'épargnants, ils ont cependant un motif de consolation : même si l'once
s'est bel et bien effondrée en dollars, les Français qui ont acheté de
l'or en euros s'en sortent bien mieux. Ainsi, le lingot valait 31 370 €
fin 2015, soit presque le même prix que fin 2014 (31 600 €).
De nombreux facteurs influencent le cours
de l'once d'or, cotée à Londres sur le Gold Bullion Market. « La hausse
du dollar liée à l'anticipation d'une remontée des taux d'intérêt
américains explique en grande partie la baisse de l'or en 2015 »,
décrypte Arnaud du Plessis, gérant spécialisé sur l'or et les ressources
naturelles chez CPR Asset Management. Concrètement, lorsque le
rendement réel, c'est-à-dire après inflation, des obligations
américaines augmente, l'or, qui n'a pas de rendement, apparaît
mécaniquement moins attractif, ce qui fait baisser la demande d'or donc
les cours. Parallèlement, le cours du métal jaune a aussi tendance à
reculer lorsque le dollar monte, ce qui s'est produit l'an dernier.
Reste à comprendre quels facteurs
pourront l'influencer dans les prochains mois. Car la FED, la banque
centrale américaine, a commencé à remonter ses taux directeurs début
décembre 2015, après plusieurs mois d'incertitudes sur son timing.
Rebond en début d'année 2016
Ce premier pas n'est que le début d'un
long chemin. « Nous tablons sur une remontée progressive des taux
d'intérêt américains en 2016, sans accélération haussière du dollar. Ce
scénario serait plutôt favorable à l'or », indique Arnaud du Plessis. En
l'absence de mouvements brusques sur les taux d'intérêt, le métal jaune
devrait retrouver un peu de vigueur, dans un contexte où les banques
centrales mondiales continuent à acheter de l'or, mais où la production
minière devrait décliner cette année. Ainsi, au début du mois de
janvier, alors que les actions flanchaient, le cours de l'or est repassé
au-dessus de 1 100 dollars l'once, augmentant de 4 % en une semaine.
Ce n'est donc pas le moment de vendre son
or : la probabilité de voir les cours reculer à nouveau est faible,
d'autant que le seuil des 950-1 000 dollars l'once constitue un plancher
solide, de nombreuses mines d'or n'étant plus rentables en dessous de
ce niveau. Pour autant, acheter de l'or aujourd'hui nécessite des nerfs
d'acier. Il s'agit certes d'un bon placement de diversification, dont
l'évolution est dé-corrélée de celles des marchés actions. Mais il ne
procure aucun rendement, contrairement aux autres classes d'actifs
traditionnelles comme les actions, l'immobilier, l'assurance vie en
euros ou les obligations.
« La très grande majorité de nos clients
achète de l'or pour se protéger du système bancaire. La fermeture des
banques en Grèce cet été a laissé des traces », explique Jean-François
Faure, le fondateur du site AuCoffre, qui vend des pièces et lingots aux
particuliers, et en assure la conservation. La peur reste donc l'un des
déclencheurs de l'investissement en or. Pour acheter, il est possible
de s'adresser à sa banque, à une officine spécialisée comme il en existe
dans le quartier de la Bourse à Paris, ou encore à un site internet
spécialisé comme BullionVault ou AuCoffre.
Acheter sans investir trop
Il n'y a plus de cotation officielle de
l'or à la Bourse de Paris depuis 2004, mais la société CPoR Devises
publie chaque jour un cours de référence en euros pour 24 produits
(lingots, lingotins, Napoléons, Krugerrand, etc.) en fonction du cours
de Londres, des conditions d'approvisionnement sur le marché secondaire
et des ordres d'achats ou de ventes des banques. Lancés en 2010, les
lingotins se déclinent en 5 g, 10 g, 20 g, 31,1 g (poids de l'once), 50
g, 100 g, 250 g et 500 g. Ils permettent ainsi de fractionner son
investissement, tout comme le Napoléon (184 €). Appréciable lorsqu'on ne
peut pas investir 30 000 € dans un lingot de 1 kg.
Au-delà du cours de l'once, d'autres
facteurs entrent en considération dans le cours des pièces d'or : ainsi,
le prix de certaines est parfois largement supérieur au prix d'or fin
qu'elles contiennent. On parle alors de prime, qui reflète l'importance
de la demande. « La prime du Napoléon varie entre 3 % et 5 % ces
derniers mois, contre 15 à 20 % en 2012. Il est donc possible d'acheter
des Napoléons pour jouer non pas seulement la hausse du cours de l'or,
mais aussi celle de la prime », précise François de Lassus, directeur de
la communication externe de CPoR Devises. Quel que soit
l'intermédiaire, il faut généralement régler une commission d'achat de
l'ordre de 2 %.
Enfin, il est aussi possible d'exposer
son portefeuille à l'or avec des placements purement financiers. Il
existe ainsi des warrants et des certificats indexés sur l'or. Pensez
aussi au tracker Gold Bullion Securities : ce fonds indiciel coté en
Bourse réplique le cours de l'or en étant adossé à de l'or physique
détenu dans des coffres chez son dépositaire HSBC. Il est coté en euros
sur Euronext et s'achète et se vend comme une action chez n'importe quel
courtier en Bourse.
Cours au 31/12/2015
|
Perf. 1 an
|
Perf. 5 ans
|
|
Once d'or en dollars |
1062,25 |
- 10 % |
- 25 % |
Once d'or en euros |
974,54 |
0,28 % |
- 13,50 % |
Lingot 1 kg |
31 370 € |
0,70 % |
- 8,35 % |
Napoléon 20 Francs |
184,20 € |
- 1,40 % |
- 11,40 % |
Source : CPoR Devises au 31/12/15
Une fiscalité pénalisante lors des cessions
La vente de pièces ou des lingots
entraine, en principe, le paiement d'une taxe forfaitaire de 10,50 % sur
le montant de la cession, que vous ayez réalisé une plus-value ou une
moins-value. Il existe cependant une alternative. En effet, depuis 2006,
il est possible d'opter pour le régime d'imposition sur la plus-value
réelle à condition de pouvoir justifier la date et le prix d'achat de
l'or par une facture (ou un acte notarié s'il s'agit d'or provenant
d'une succession ou d'une donation). Dans ce cas, la plus-value est
taxée à 34,5 % (19 % + 15,5 % de prélèvements sociaux), avec une décote
de 5 % par an sur la plus-value à partir de la 3e année de détention.
Autrement dit, la plus-value est
totalement exonérée d'impôt après 22 ans. Bien entendu, aucun impôt
n'est dû en cas de moins-value, quelque soit la durée de détention de
l'or. « Il est conseillé de bien conserver ses factures ainsi que les
bulletins d'essai des lingots et lingotins lorsqu'on achète de l'or et
de ne pas demander la livraison des pièces pour être sûr de pouvoir
exercer l'option de la taxation sur la plus-value réelle lors de la
revente des pièces », explique François de Lassus, directeur de la
communication externe de CPoR Devises.