Anthony nous a quittés, il a choisi une autre vie, sans souffrance….
En ce temps de Pâques, moment où le ciel et la terre ne font plus qu'un, alors que le ciel s'était couvert de sa colère et avait revêtu des habits neigeux, combien étaient- ils donc dans l'église de N.D. de l'Assomption, pour accompagner la famille Chabert si durement éprouvée… Anthony Chabert, haut de ses 22 ans tout juste, occupait le devant de l'insoutenable, de l'insupportable, devenait un esprit, un sentiment, une émotion.
Si les bancs de l'église qui chantaient à l'unisson jusqu'aux voûtes, étaient pleins à regorger de chagrins, de remords, de regrets, le temps était venu d'évoquer les souvenirs et de rendre hommage à Anthony….
Anthony faisait partie de cette génération de jeunes en manque de repères. Ce cœur d'enfant a saigné plus que l'on ne peut croire… Des plaies jamais cicatrisées…. Anthony, cet enfant de l'intérieur, n'a pas su, n'a pas pu extirper les mots de cette violence subie qui l'anéantissait, qui l'emprisonnait, qui ne lui laissait aucune voie de sortie, qui le taraudait jour et nuit! Anthony a donc erré dans son adolescence, âge difficile, instant où l'on est fragile, vulnérable, en recherche de trouver sa voie dans cette société sans épiderme.
Et si partir n'était pas mourir !
" Acceptons donc nos différences, c'est notre richesse puisque nous sommes uniques!" Anthony a souffert pour avoir refusé le moule de la violence, il a lutté, la gorge est restée aphone, il n'a pas trouvé de réponse!
Monseigneur Marcel Perrier, durant son homélie a su parler à nos consciences, à nos âmes, à cette richesse qu'est la pauvreté, la simplicité, l'humilité. "Cette solitude dans la peine est terrible! Anthony est vivant d'une autre manière, puisqu'il est allé à la rencontre de Dieu, notre sauveur!"
Mais souvenons-nous de cet enfant aux cheveux blonds, blonds comme les hautes herbes des alpages, comme les blés. Rappelons-nous de sa passion pour les livres, pour ce sportif gentil trop gentil". Souvenons-nous de ce travailleur courageux qui n'avait d'yeux et de conseils que pour son frère, qu'il protégeait. Imaginez Anthony tout de vert vêtu de son survêtement ou tee-shirt frappé du sigle ASSE, aller dans le chaudron stéphanois, soutenir le club de ses rêves, de ses passions de ses amours…
"Anthony a choisi un autre chemin, il est devenu l'étincelle de cette flamme qui ne s'éteindra jamais." Il est devenu le symbole d'une enfance qui a mal dans sa société!"
" La vie s'est envolée,
la douleur a disparu !
soit heureux notre enfant chéri,
dans ce nouveau monde!"
Dans la lecture de l’Évangile, Chantal nous rappelait les mots : détresse, cœur ravagé, mais aussi ce mot qui nous interpellait " j'ai oublié le bonheur!" Anthony est né de la terre des Chapelles, il reviendra à la terre, son havre de paix! Le Chœur de ND de l'Assomption rempli de celles et ceux venus de tous les villages et hameaux, communiait avec Christiane sa maman, Yves son papa, Loïc son frère, mais aussi les grands parents, oncles, tantes, nièces, neveux et bien d'autres!
Monseigneur Perrier suggérait également de « nous rassembler pour espérer ! de bannir la violence ! La société a mal de sa jeunesse ! Utilisons nos regards, échangeons nos yeux, parlons nous, réapprenons à partager, gardons ce respect mutuel ! Les pleurs ne sont ils pas les reflets de notre cœur! Bannissons l'indifférence ! Refaisons la paix avec nous même! Aimons-nous les uns les autres!"
Prendre un enfant par la main...n'est désormais plus un vain mot !
Le vent sifflait dans les vitraux, la pluie et la neige exprimaient leur désarroi! Ce vent venu du ciel soufflait sur cette barque qui s'éloignait emportant, dans sa voilure, le corps et l'esprit d'Anthony. Nos regards pleins d'embrun, nos cœurs emplis de tristesse ont suivi ce bateau jusqu'à la ligne d'horizon, puis tout a disparu, la brise est venue remplacer le vent violent, la mer s'est calmée, Anthony venait de partir sur ce chemin choisi. "Là-bas ? Là-haut ? »… Il ne souffre plus désormais !... Chacun est reparti avec sa souffrance, avec des mots de doute, d’angoisse, d’incompréhension : « Pourquoi ?...."
Pierre VILLENEUVE