vendredi 15 juillet 2016

LUCIA DESOPPIS EST PARTIE...CELLE QUI SOIGNAIT LES MAUX AVEC SES MOTS !


LUCIA DESOPPIS EST PARTIE…
COMMENT ALLONS-NOUS SOIGNER NOS MAUX
SANS VOS MOTS ?

Des Arpettes, à la chapelle Saint Michel, de Notre Dame de Lima à l’église paroissiale de ND de l’Assomption dédiée également à Saint Maurice, le glas, à la volée, pouvait s’élancer dans le clocher et annoncer le départ, sur la route du ciel, de Lucia Désoppis.
 Quelques nuages attendaient cette trace. Les soleils de la Rosière allaient donc accompagner cette foule compacte qui se serrait sous les voûtes, comme si chacun voulait accompagner Lucia vers ce monde d’ailleurs, là ou la souffrance n’existe pas.
C’est Jean Pascal aux orgues qui allait nous donner cette ferveur d’accompagner Lucia vers ce bonheur éternel. Luc Ledroit vicaire et prêtre de la paroisse, tout comme Gilbert Bougma, vicaire du Burkina Faso, allaient nous montrer cet autre chemin du baroque à accomplir.
René Jarre avec délicatesse et compassion allait délivrer ces mots d’accueils donnant à cette cérémonie ce lustre dédié à Lucia.
«  Trouver dans ma vie ta présence, tenir une lampe allumée, choisir d’habiter la confiance, aimer et se savoir aimé ! »
Sylvie, Guilhem, Amandine, nous dirons toute la passion, toute l’éducation, tous ces petits bonheurs appris à l’aulne de sa maison familiale. Les mots étaient précis, les détails étaient précieux puisque Lucia leur avait construit une jeunesse, une expérience en n’omettant jamais de leur dire là où il fallait aller mais aussi les interdits ! La sagesse de Lucia ? Un vrai bonheur..
                  .Oui, il était là le bonheur...à la Rosière !
                         Lucia toujours si bien entourée…
    … par ses enfants et leurs conjoints Lucienne et Jean-Claude

A l’heure de fermer les yeux de Lucia, pour un sommeil éternel, comment ne pas évoquer ces gestes d’amour, ces mots écrits, ses lettres cachetées, ces dessins naïfs mais ô combien émouvants, le tout déposé par Elyne, Raphaël surprenants de lucidité, par Lucile, par Valentine et Corentin, par Benjamin et Eve, à l’heure de refermer cet écrin contenant ces mots d’amour que Lucia allait emporter dans ce long voyage à travers les cieux.
            
  Non Lucia n’est pas partie avec ses secrets
Combien de gens ? Combien de gestes ? Combien d’apaisement de brûlures, de zona, d’épiderme contrarié ? Combien de blessures de l’âme et du corps ? Combien d’apaisement de ces maux ? Combien de fois ? Combien de temps ? Mais qui étiez vous donc Lucia ? Quelle était donc la puissance de votre capacité à soulager le prochain ? Oui Lucia vous n’étiez pas comptable de ces visites…Votre capacité à moudre, détruire le mal des autres vous a aussi, peut être, épuisée ? Mais rien ni personne ne savait ! Ne saura jamais ! Respect Lucia !
C’est aussi pour cela que l’église était bien trop petite pour contenir la peine de vous voir quitter ce monde,  de nous quitter, certainement sans nous abandonner !

Pierre VILLENEUVE


TEXTE LU DURANT LES OBSÈQUES DE LUCIA

LUCIA...CELLE QUI SOIGNAIT LES MAUX AVEC SES MOTS !

Ce parcours de vie que nous empruntons ensemble, m’a donné cette chance, ce privilège de pousser la porte de la maison familiale de Lucia Desoppis à la Rosière.
Tirer le rideau, écouter sa cafetière danser sur les ronds de sa cuisinière avec  comme décor les plis de ses torchons accrochés au tuyau...Quel bonheur d’avoir eu cette rencontre à l’heure où ses mots allaient guérir mes maux.
Combien de fois m’a t elle racontée les passages de cette vie faite de labeur, de travail, de traite, de corde, de coupe des foins, de barillons, de complicité avec les tarines, combien de fois m’a t elle évoquée ses trajets à l’école des arpettes, avec ses sabots, sa bûche sous le bras, ses habits trempés?
 Combien de tricots montés à la lampe à huile,
Combien de soupes cuisinées à la veillée,
Combien de fois Ernest est il parti au feu avec sa veste de cuir, ses gants et son casque
«  Pierre, m’avouait elle, je n’ai connu que de bons moments.. ! » Alors les mots patois venaient fleurir son vocabulaire à l’heure de peller la haute neige devant l’étable.
Lucia ? Une femme d’un autre monde. Elle avait ces mots justes, cette force accumulée à l’aulne de ses yeux d’un bleu clair, tiré à la source des glaciers, pleine de tendresse. Son regard contenait des milliers de cristaux qui venaient, comme vous habiter.
Lucia ? Ne dominait elle pas le mal ? Elle avait ce don «  surnaturel » de vous faire découvrir votre corps à l’heure de la souffrance, qu’elle faisait sienne !
Où est-il désormais ce regard apaisant qui faisait du bien là où j’avais mal ?
Pourquoi les calls de vos mains étaient ils caresses ?
Pourquoi vos rides étaient elles tendresses ?
Sa maison avait cette odeur de la force de ces gens qui vivent dans les pentes  leur forgeant cette solidité, cette carrure, cette mentalité, ce respect !
Dernièrement, Lucia, qui a eu ce bonheur et ce confort extrême de finir ses jours auprès de Pierre et Lucienne, m’avait accueilli avec ce sourire presque insoutenable. Elle captait votre présence, pénétrait en vous, pour entamer ces conversations dans le silence de sa pensée.
Elle est donc partie sur ce chemin du ciel à l’heure du sommeil, tel qu’elle le souhaitait ! Elle a rejoint Ernest son mari qu’elle aimait par-dessus tout.
Non Lucia je sais que vous n’êtes pas très loin, peut être du côté de la chapelle saint Michel, certainement juste après la chapelle de ND de Lima…
Vous avez simplement pris un peu d’avance sur nous, vous êtes de l’autre côté du chemin…
A tout à l’heure Lucia, le temps n’a, ce soir, aucune prise sur nous !
Allez dans la paix du seigneur Lucia, Ernest vous attend !
Pierre VILLENEUVE