Stéphane,
artisan-coutelier, enfant du foehn et du vent d’autan.
Du
carrelet au crampon, de l’ébauche, qui deviendra le manche, au crampon d’où
naitra la lame, la mitre ne pouvait être qu’une signature. Ainsi Stéphane
Thomat, artisan-coutelier, installé dans son atelier à l’entrée du Couverclaz,
lieu-dit, de la commune de Les Chapelles, va nous permettre de s’approcher de
sa forge. Au diable que ce soit rudimentaire, c’est son domaine à lui. Il a
quitté, voici un an, les frasques et luminaires des écrans
informatique, il s’est dépouillé de son costume de webmaster, il a tourné le
dos à la webcam de l’Office Promotion Grande Plagne, il a fermé ses yeux et ses
ordinateurs, a traversé la vallée de Haute-Tarentaise pour se retrouver «
de l’autre côté de la route des alpages » à Couverclaz.
Il a troqué son 3 pièces costumes cravate
contre le bleu de chauffe.
Stéphane
est noir de suie, de charbon…sous la peau il y a la bête ! Cette bête qui
dévore à pleines dents cette autre vie d’un bonheur immense de fabriquer de son
savoir-faire, de son intelligence, ce couteau « rien que pour
vous ! » sans jamais être le même, qui deviendra votre maîtresse qui
ne vous quittera plus !
Concerto d’enclume, de marteau sous
des gerbes de feu.
Le
couteau, tapis, replié dans sa poche est assurément cet outil indispensable qui
assure le service à la moindre sollicitation. La platine est tendue prête à
rebondir sur l’ allumelle, sous l’action de l’effet tremplin ressort. Le temps
de la rillasse et la lame se polie, la
fraye guide votre ongle afin de mieux et bien déployer la lame. Stéphane, formé
à la pratique de la forge médiévale en Ariège construit, fabrique votre
couteau. Ce trésor caché dans votre main est le reflet de votre personnalité
sous une lame d’acier-carbone XC75. Le manche sera de corne, de bois de toutes
les essences ou un tressage de cuir. Ainsi le forgeron va transcender les
matières sur son établi, encombré de savoir-faire. « Il sera rustique,
élégant, primaire même, mais sera forgé à votre image avec, et là est le
paradoxe, votre personnalité ! ».
Ainsi
au son de ces notes métalliques qui s’ échappent de l’enclume, du marteau,
des lames d’acier-carbone apprivoisées, Stéphane va maîtriser le feu, briller
sous des myriades d’étincelles, avec rythme, méthode par des gestes appris à la gorge des
traditions médiévales. Il va de ses
mains, de ses poignets, de ses gants
protecteurs, de son tablier de cuir, du feu et de la cendre, enfanter d’une
vraie naissance de ce couteau unique, fier de servir son maitre.
Une vie, de
l’abstrait au concret.
Stéphane
s’est quelque part senti envoûté par son grand père chapelain. Alexis Jarre.
Instituteur d’ Hauteville-Gondon, à Mongirod, de Les Chapelles à l’éternel.
« N’a-t-il pas eu comme élèves Yvon et Robert Blanc ? » Stéphane
est revenu sur ses terres, il a voulu emprunter les chemins de ses ancêtres, il
a voulu redonner la parole à ses mains et son talent pour mettre son métier au
service de l’autre. Le langage des mains
est inépuisable, c’est la meilleure boîte à outils, les mains ne sont pas faites
pour subir, elles sont destinées à construire, bâtir, improviser et transcender
la matière sans la dénaturer, elles sont notre lien de la communication, du
langage, de la peur et de la joie…
Si vous avez la chance de serrer la main de Stéphane, vous sentirez son cale, vous approcherez ses plis, vous frôlerez la rudesse de sa peau, vous sentirez la respiration de ses pores, vous communiquerez avec ces odeurs de sueur, de charbon et de graisse, vous découvrirez le vrai bonheur de Stéphane d’avoir mis ses mains dans la forge, pour enfanter le monde des couteaux.
Si vous avez la chance de serrer la main de Stéphane, vous sentirez son cale, vous approcherez ses plis, vous frôlerez la rudesse de sa peau, vous sentirez la respiration de ses pores, vous communiquerez avec ces odeurs de sueur, de charbon et de graisse, vous découvrirez le vrai bonheur de Stéphane d’avoir mis ses mains dans la forge, pour enfanter le monde des couteaux.
Il
était temps de quitter le monde de Stéphane, refermer la porte de son atelier
qui fermait bien mal, de redonner du tirage à la forge..
Pourtant
ô combien je n’aurai jamais voulu le quitter !
Pierre
VILLENEUVE
Pour tous renseignements:
06 88 47 65 17